Additifs alimentaires : le gadget du pif ?

mercredi 11 février 2004 par Dr Alain Thillay4690 visites

Accueil du site > Allergènes > Alimentaires > Additifs alimentaires : le gadget du pif ?

Additifs alimentaires : le gadget du pif ?

Additifs alimentaires : le gadget du pif ?

mercredi 11 février 2004, par Dr Alain Thillay

Les rhinites chroniques non IgE médiées posent un problème étiologique. Dans ce cas, il n’est pas rare d’entendre parler d’une responsabilité possible des additifs alimentaires. C’est tout le propos de cette étude en double-aveugle contre placebo qui se propose de préciser la responsabilité des ces additifs alimentaires.

Hypersensibilité au benzoate de sodium chez des sujets atteints de rhinite chronique. : M. L. Pacor1, G. Di Lorenzo2, N. Martinelli1, P. Mansueto2, G. B. Rini2, R. Corrocher1

1Dipartimento di Medicina Clinica e Sperimentale, Università degli Studi di Verona, Verona ; 2Dipartimento di Medicina Clinica e delle Patologie Emergenti, Università di Palermo, Palermo, Italy

dans Allergy 59 (2), 192-197

 CONTEXTE.

  • Vraiment peu de données sont disponibles dans la littérature concernant des sujets non atopiques souffrant de rhinite chronique qui présentent des symptômes objectifs de rhinite après l’ingestion d’additifs alimentaires comme la tartrazine (E102), l’érythrosine (E127), le benzoate de sodium (E211), le p-hydroxybenzoate (E218), le métabisulfite de sodium (E223) et le glutamate de sodium (E620).
  • Il n’y a rien de clair pour savoir si l’ingestion d’additifs alimentaires est susceptible de provoquer une réduction du débit inspiratoire nasal de pointe (DINP).
  • De fait, nous avons eu recours à une étude contrôlée en double-aveugle contre placebo pour évaluer cette hypothèse.

 PATIENTS et METHODES.

  • Deux cent vingt-six patients vus consécutivement (76 hommes et 150 femmes) âgés de 12 à 60 ans (âge moyen 40,2 +/- 16,3 ans).
  • Après un mois d’un régime sans additifs, un test ouvert était pratiqué sous forme d’un régime riche en additifs durant 2 semaines.
  • Après cette période, les tests de provocation étaient pratiqués dans le cadre d’une méthodologie d’étude contrôlée en double aveugle contre placebo avec les additifs alimentaires déjà mentionnés.

 RESULTATS.

  • Vingt des 226 sujets (8,8%) rapportaient une amélioration des symptômes de la rhinite après la période de régime sans additifs.
  • Plus précisément, six des 226 sujets (2,6%) n’avaient plus aucun symptôme et 14 (6,2%) montraient une amélioration de leurs symptômes après la période de régime riche en additifs.
  • Pour ce qui concerne les résultats de l’étude contrôlée en double-aveugle contre placebo,
    • 20 tests de provocation au benzoate de sodium induisaient à la fois des symptômes objectifs (éternuements et rhinorrhée) et subjectifs (obstruction nasale et prurit nasal) avec une réduction du DINP >ou= à 20%,
    • 45 tests de provocation induisaient des symptômes subjectifs de rhinite sans réduction du DNIP >ou= à 20% (deux avec la tartrazine, sept avec l’érythrosine, 19 avec le benzoate de sodium, trois avec le p-hydroxybenzoate, six avec le métabisulfite de sodium et huit avec le glutamate de sodium).

 CONCLUSIONS.

  • Le fait que la rhinite chronique non atopique puisse être due à l’ingestion régulière probablement journalière de petites doses de substances non tolérées, pose question et suggère qu’au moins quelques patients atteints de « rhinite chronique vasomotrice » pourraient avoir une intolérance à un additif alimentaire particulier.
  • Par conséquent, les additifs alimentaires sont à considérer plutôt comme des facteurs déclenchant ou aggravant que comme facteurs étiologiques.

Les rhinites chroniques non IgE médiées, en tout cas apparemment non IgE médiées, posent toujours à l’Allergologue un cas de conscience.

On a pu passer à côté de l’allergène, par exemple ?

Bien sûr, l’Allergologue rassemblera tous les éléments de l’enquête pour savoir s’il existe un contexte IgE ou non.

Il s’agira de la recherche d’un terrain allergique familial et/ou personnel ; d’un terrain d’hyperréactivité nasale non spécifique qui suggère plutôt l’absence d’allergie ; l’absence d’unité de temps, de lieu et de circonstance ; la négativité des tests cutanés et/ou sériques...

Souvent le patient voudra rapporter sa rhinite à une « allergie » aux additifs alimentaires.

On est en droit de se demander, étant donné la quantité faramineuse d’additifs alimentaires que nous absorbons journellement, pourquoi il n’y a pas plus de rhinites non allergiques.

Cette étude présente le point de fort d’être une étude en double-aveugle contre placebo.

La méthodologie a du être lourde, il semble que l’ensemble des additifs alimentaires cités ont été testés.

Les résultats montrent que 8,8% des patients sont améliorés après un mois de régime sans additifs, résultat qui n’apporte rien puisqu’il s’agissait d’une épreuve en ouvert.

Pour les tests de provocation en double-aveugle contre placebo, sur les 220 patients testés, nous ne retiendrons que les 20 tests au benzoate de sodium qui induisent à la fois des signes objectifs et une baisse significative du débit inspiratoire nasal de pointe. Les autres tests qui ne provoquent que des signes subjectifs sans baisse du DINP sont sans valeurs.

Les auteurs concluent en notant que les additifs et en particulier le benzoate de sodium sont à considérer tout au plus comme des facteurs déclenchant ou aggravant.
Nous ne pouvons qu’être d’accord avec ces conclusions.

Depuis quelques années, des études ont montré que ces fameuses « rhinites vasomotrices » sont sans doute en rapport avec un dysfonctionnement du système nerveux neurovégétatif, pour cette raison, il semble raisonnable de les appeler rhinites neurogènes.

Abonnez-vous!

Recevez les actualités chaque mois