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L’avenir de l’eczéma du nourrisson ne se lit pas dans la boule de cristal !
jeudi 19 février 2004, par
L’Allergologue se préoccupe beaucoup de l’avenir allergique des enfants atteints de dermatite atopique. En d’autres termes, quel est l’avenir allergique de ces petits patients ? Le propos de cette étude est de décrypter les facteurs de risque de sensibilisation ultérieure de ces enfants.
Sensibilisation aux trophallergènes et aux aéroallergènes chez des enfants atteints de dermatite atopique suivis jusqu’à l’âge de 7 ans. : Dan Gustafsson1, Olof Sjöberg2 and Tony Foucard3
1Department of Paediatrics, Örebro University Hospital, Örebro, Departments of 2Oncology, Radiology and Clinical Immunology and 3Paediatrics, University Hospital, Uppsala, Sweden
dans Pediatric Allergy and Immunology 14 (6), 448-452.
– CONTEXTE
Nous avions précédemment étudié le pronostic et le risque de développer un asthme et une rhinite allergiques dans une cohorte de 94 enfants atteints de dermatite atopique.
– OBJECTIF
- Dans cette seconde étude, sur la même cohorte, nous avons évalué le développement d’une sensibilisation aux trophallergènes et aux aéroallergènes et leurs facteurs de risque.
- La question était de savoir si les enfants souffrants de dermatite atopique ne se sensibilisant pas ultérieurement pouvaient être reconnus précocement.
– METHODES
- Les enfants atteints de dermatite atopique ont été suivis régulièrement des premiers mois de la vie jusqu’à l’âge de 7 ans cliniquement et biologiquement.
- Après l’âge de 3 ans, les enfants subissaient chaque année des prick-tests cutanés aux aéroallergènes.
– RESULTATS
- Chez la plupart des enfants, la sensibilisation et les signes cliniques d’allergie à l’œuf et au lait étaient provisoires mais la sensibilisation à l’arachide persistait.
- Quatre-vingt pour cent des enfants devenaient sensibles aux aéroallergènes et 75% d’entre eux étaient symptomatiques.
- L’hérédité de l’atopie et de l’eczéma, la sensibilisation à l’œuf de poule et l’apparition précoce de l’eczéma entraînent une augmentation du risque de se sensibiliser.
Les enfants jamais sensibilisés avaient une apparition tardive de l’eczéma et moins d’hérédité de maladies atopiques mais ne différaient pas à bien des égards des enfants sensibilisés.
Il s’agit d’une étude de suivi très intéressante car elle répond à une question souvent posée : « Parmi les enfants souffrant de dermatite atopique, quels sont ceux qui se sensibiliseront aux aéroallergènes et aux trophallergènes et quels sont ceux qui ne sensibiliseront pas ? ».
D’abord un résultat rassurant, la plupart des sujets sensibilisés au lait de vache et à l’œuf de poule verront leur sensibilisation s’éteindre.
Malheureusement, une confirmation, les sensibilisés à l’arachide le resteront.
Les facteurs de risque de voir les sujets se sensibiliser ultérieurement sont :
- les antécédents d’atopie et d’eczéma,
- la sensibilisation à l’œuf
- et l’apparition précoce de la dermatite atopique.
Ces sujets représentent 80% de l’échantillon, autrement dit, seuls 20% ne se sensibiliseront pas.
De plus, parmi les sujets qui se sensibilisent plus tard, 75% sont symptomatiques.
Il pourrait paraître étonnant de voir la sensibilisation à l’œuf être un facteur de risque de sensibilisation future alors que la sensibilisation au lait de vache ne semble pas l’être.
Il est vrai que l’allergie au lait de vache est habituellement vite diagnostiquée et guérit bien en un ou deux ans d’éviction.
Alors que l’allergie à l’œuf me semble moins souvent identifiée de façon précoce, ce qui permet au processus inflammatoire de persister plus longtemps favorisant la sensibilisation à d’autres allergènes.
Nous pourrions ainsi résumer les facteurs de risque de voir des enfants atteints de dermatite atopique se sensibiliser à d’autres allergènes dans l’avenir :
- 1)l’hérédité atopique ;
- 2) la précocité du début de la dermatite atopique, synonyme d’une carrière de l’allergique qui, commençant tôt, évoluera plus longtemps ;
- 3) une sensibilisation alimentaire non diagnostiquée précocement.
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