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Prévention de l’allergie aux gants chirurgicaux en latex : les microbes sont nos sauveurs !!
lundi 17 mai 2004, par
L’allergie au latex représente environ 12% des accidents allergiques per-anesthésiques. Peut-on prévenir le développement de cette allergie sans pour autant avoir recours à l’éviction du latex dont la qualité reste indispensable dans certaines professions comme le domaine de la santé ?
Effet immunomodulateur de l’endotoxine sur le développement de l’allergie au latex. : Michael D. Howell, PhDa
Vesna J. Tomazic, PhDb Tina Leakakos, PhDc
Wava Truscott, PhDd B. Jean Meade, DVM, PhDa*
From athe Agriculture and Immunotoxicology Group, National Institute for Occupational Safety and Health, Morgantown ; bthe Center for Devices and Radiological Health, Food and Drug Administration, Rockville ; cPreclinical Development, FeRX Inc, San Diego ; and dScientific Affairs and Clinical Education, Kimberly Clark Corporation, Roswell USA
dans JACI May 2004 • Volume 113 • Number 5
– Introduction :
- Bien que de nombreuses études aient été conduites pour préciser les manifestations cliniques de l’allergie au latex et pour caractériser les protéines allergisantes, on connaît mal l’histoire naturelle de cette affection.
– Objectif de l’étude :
- Ces études ont été réalisées pour étudier le rôle immunomodulateur de l’endotoxine inhalée sur le développement des réponses spécifiques IgE médiées vis-à-vis des protéines du latex naturel en utilisant un modèle murin.
– Méthodologie :
- Des souris femelles BALB/c ont été exposées à 25 microgrammes de protéines de latex naturel, avec ou sans augmentation des concentrations en endotoxine (50-25.000 EU), par inhalation au niveau de l’appareil respiratoire.
- Les taux d’anticorps sériques ont été évalués deux fois par semaine pendant l’étude.
- Après sensibilisation, les souris ont eu un test de provocation à la méthacholine ou aux protéines du latex naturel, et l’hyperréactivité bronchique a été évaluée par pléthysmographie corporelle totale.
- Après test de provocation aux protéines du latex, un prélèvement pulmonaire a été réalisé pour étude histologique, et des prélèvements des ganglions lymphatiques afin de réaliser une étude d’expression de l’ARN messager des cytokines.
– Résultats :
- Lorsqu’on les compare aux souris exposées au latex seul, les souris exposées au latex et à l’endotoxine montrent une diminution de plus de 50% des taux d’IgE spécifiques au latex, et une diminution de l’hyperréactivité aux protéines du latex et de la production de mucine.
- Inversement, les mêmes animaux montrent une augmentation des taux d’IgG2 spécifiques aux latex et des IgA spécifiques, ainsi qu’une augmentation des taux d’ARNm d’IFN gamma et d’IL12 au niveau des ganglions lymphatiques de drainage.
- Une exposition concomitante de LPS avec du latex non ammoniaqué entraîne une augmentation de l’alvéolite et une HRB non spécifique lors du test de provocation à la méthacholine.
– Conclusion :
- Une co-exposition avec le LPS et l’allergène entraîne une diminution des IgE spécifiques du latex mais augmente l’HRB non spécifique.
- Ces études démontrent que l’endotoxine associée aux protéines allergisantes du latex peut moduler le développement de la réponse allergique aux protéines du latex.
Dans ce travail expérimental, les auteurs démontrent que la sensibilisation au latex de souris, en association à une inhalation de LPS, entraîne une diminution du taux des IgE spécifiques et au contraire une augmentation des IgG et des IgA spécifiques avec augmentation de production d’IFN gamma et d’IL12.
Ce travail est très intéressant parce qu’il aborde le traitement préventif de l’allergie au latex sans imposer une éviction au latex.
Chez la souris, lorsqu’il y a association à une stimulation du système immunitaire par le LPS, les protéines du latex n’entraînent plus de production d’IgE spécifiques mais au contraire une production d’IgG et d’IgA spécifiques avec production de cytokines de type TH1. Ainsi il serait peut-être possible chez l’homme de prévenir la sensibilisation au latex en lui faisant respirer, de façon concomitante à la manipulation du latex, des endotoxines de type LPS.
Bien entendu il faut attendre des études chez l’homme pour conclure à la véracité de cette proposition. Mais cela ouvre déjà des perspectives très intéressantes pour appréhender le traitement futur des maladies allergiques.
On se prendrait presque à rêver d’un facteur analogue, qui en association à des aliments allergisants, diminuerait le taux des IgE spécifiques alimentaires avec élévation des IgG spécifiques.
Le bémol à ces résultats, c’est que cette co-stimulation entraîne une augmentation de l’hyperréactivité non spécifique bronchique. Sera t’on condamné à choisir entre être allergique au latex ou asthmatique ?
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