AAAAI 2005 : le congrès du Dr Hervé Masson. 1er Jour

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AAAAI 2005 : le congrès du Dr Hervé Masson. 1er Jour

AAAAI 2005 : le congrès du Dr Hervé Masson. 1er Jour

samedi 19 mars 2005, par Dr Hervé Masson

San Antonio est une petite ville du Texas charmante. Elle accueille cette année le congrès américain d’allergologie sous un soleil printanier qui incite plus à la promenade sur le "river walk" qu’à l’enfermement dans une salle climatisée. Nous avons résisté aux sirènes et vous proposons chaque jour notre choix de communications.

Samedi 19 mars 2005

Posters

Comme à chaque congrès, de nombreuses équipes présentent leurs travaux sur des sujets très variés sous forme de posters.

 Validité du diagnostic biologique de l’allergie en pratique quotidienne. H. Malandain, H. Susini de Lucas, CH Vannes, LABM Fouesnant

Cette équipe bretonne s’est intéressée aux publications sur les courbes de prédiction de l’allergie par les taux d’IgE et sur les valeurs seuil d’IgE spécifiques.

  • 35 études ont été trouvées,
  • la plupart concernait l’allergie alimentaire
  • pour une même probabilité d’allergie (95% par exemple), les points de décision variaient de manière très importante selon les études :
    • œuf : de 0,35 à 17,5 KU/L
    • arachide : de 14 à 57 KU/L
    • D Pteronyssinus : de 2 à 21 KU/L
  • ces différences semblent dues :
    • aux différences de population recrutée,
    • aux différentes manifestations allergiques
    • aux caractéristiques environnementales différentes

Il semble donc qu’il faille considérer avec une grande prudence les valeurs seuils et les courbes de prédiction d’allergie.

 Facteurs de risque de la repousse des végétations adénoïdes après chirurgie : comparaison entre les étiologies allergiques et non-allergiques.
S. Kung, Wilmington, DE

Il est possible que les végétations repoussent après adénoïdectomie. Les auteurs ont cherché les facteurs favorisant cette repousse.

Les auteurs ont étudié 506 patients rhinitiques. Ils ont été classés en deux groupes :

  • groupe 1 : repousse après chirurgie
  • groupe 2 : pas de repousse

 Il n’y avait pas de différence au niveau de l’exposition tabagique et la prévalence de sinusite dans les deux groupes.
 Les prick tests aux aéroallergènes étaient positifs dans 50% des cas dans le groupe 1 et seulement 22% dans le groupe 2.
 Un reflux gastro-oesophagien a été retrouvé dans 75 % des cas dans le groupe 1 comparé à seulement 39 % dans le groupe 2.

Les auteurs concluent que le reflux gastro-oesophagien pourrait être un facteur important de repousse des végétations après chirurgie. La sensibilisation allergénique serait aussi un risque mais de manière moindre.

Étude intéressante qui nous conduira à rechercher un RGO chez nos patients qui sont de nouveau obstructifs après chirurgie des végétations.

 L’exposition au chien dans la prime enfance réduit le risque de dermatite atopique et de sifflements à l’âge de 3 ans. J. D. Bufford, Baltimore

Les auteurs rappellent que de précédentes études ont montré que l’exposition au chien dans les premiers mois de la vie augmente la production d’IL 10 et diminue le risque de dermatite atopique et de sensibilisation à l’âge de 1 an.

Ils ont étudié une population de 285 enfants vivant avec un chien.

 La possession d’un chien était associée avec une diminution de la prévalence de la dermatite atopique et de la fréquence des sifflements respiratoires à l’âge de 3 ans mais pas avec la fréquence de sensibilisation.
 La possession d’un chien n’était pas associée avec la réponse cytokinique à la PHA à l’âge de 3 ans.
 Le taux de Can f1 de la chambre était positivement associé aux réponses IL10, IL5 et IL3 à l’âge de 1 an, seulement aux réponses IL5 et IL3 à l’âge de 3 ans.

Les auteurs concluent que l’exposition à l’allergène Can f1 est associé à des changements dans le développement immunitaire. Alors que les modifications des réponses cytokiniques vues à l’âge de 1 an sont moins significatives à 3 ans, la protection clinique sur la maladie atopique semble persister.

Encore une étude sur l’effet protecteur de la présence d’un animal dans les premières années de la vie.

L’étude des modifications immunologiques ne permet pas de comprendre l’effet clinique constaté. Par contre, on retrouve de plus en plus de publications montrant que la protection ne serait que de courte durée.

 La différence d’exposition aux endotoxines peut elle expliquer la tolérance au chat ou l’épidémie d’asthme chez les citadins ? J.A. Platt Mills, Richmond

La théorie hygiéniste associe une diminution de l’exposition aux endotoxines à l’augmentation de l’incidence de l’atopie et de l’asthme. Cependant, les études précédentes n’ont pas montré de lien sûr entre endotoxines et sensibilisation au chat ; et il n’a pas non plus été montré que le taux d’endotoxines était moindre chez les citadins souffrant d’asthme.

Les auteurs ont donc étudié des maisons avec ou sans chats, dans des quartiers défavorisés ou non.

 Le taux d’endotoxines dans les maisons où il y avait un chat n’était pas statistiquement différent de celles sans chat.
 Par contre, il était significativement plus élevé dans les maisons où il y avait un chien ou les deux animaux.
 Le taux moyen d’endotoxines des maisons de quartier défavorisé était comparable à celui des autres quartiers.

Les auteurs concluent donc que le taux d’endotoxines n’est pas plus élevé dans les maisons avec chat ni plus bas dans les maisons de quartiers défavorisés. Ceci donc ne contribue pas à expliquer l’effet de tolérance de la présence d’un chat ni l’augmentation de l’asthme dans les quartiers défavorisés.

Ramener l’hypothèse hygiéniste au taux d’endotoxines est sûrement un peu réducteur.

Vous avez lu sur www.allergique.org toutes ces études sur l’effet de la présence des animaux et le développement de la maladie allergique.

Il est probable que cette influence soit complexe, dépendante de l’âge du contact et liée à d’autres facteurs concomitants.

En pratique, pour les allergologues, il faut toujours conseiller l’éviction dans l’environnement d’un enfant potentiellement allergique.

 Les protocoles de tolérance orale améliorent le taux de rémission de l’allergie au lait et à l’œuf : étude randomisée chez 60 enfants avec une allergie au lait et 90 enfants avec une allergie à l’œuf. M. Morisset, Nancy

Le but de cette étude était de comparer un régime d’éviction à un protocole de tolérance orale.

150 enfants ont été sélectionnés sur le critère qu’ils réagissaient à un challenge oral pour une dose soit de plus de 60 ml de lait, soit de plus de 965 mg de blanc d’œuf.

  • Ils ont été répartis en deux groupes : soit régime soit protocole de tolérance.
  • 6 mois plus tard, un nouveau challenge a été réalisé avec cette fois 200 ml de lait ou 7 g d’œuf.

En cas d’allergie au lait : le challenge au bout de 6 mois a été positif :

  • dans 40 % des cas de régime
  • dans 11,1 % des cas de protocole de tolérance
  • les prick tests ont été augmentés en cas de régime et diminués en cas de protocole de tolérance.

En cas d’allergie à l’œuf : le challenge a été positif

  • dans 48,6 % en cas de régime
  • 30,6 % en cas de protocole de tolérance
  • après protocole, les tests et les IgE étaient diminués.

Les auteurs concluent que le régime d’éviction augmente la sensibilisation et la réactivité clinique. Le protocole de tolérance améliore le taux de rémission par rapport à l’évolution spontanée.

Voilà encore une étude intéressante de l’équipe de Nancy.

Elle montre, qu’en cas d’allergie au lait ou à l’œuf, il est imprudent de mettre en place un régime d’éviction qui semble conduire à une plus forte réactivité clinique lors de la réintroduction 6 mois plus tard.

Cette notion est importante à connaître car il parait plus justifié actuellement d’autoriser la consommation d’une quantité faible, sous la dose réactogène, de l’aliment incriminé plutôt qu’un régime stricte.

Il serait intéressant de connaître les détails du protocole de tolérance mais aussi l’âge auquel il est réalisé. L’attitude est elle la même chez les très jeunes enfants et ceux plus âgés ?

 Le prétraitement par l’Omalizumab prévient les réactions allergiques au cours des rush-thérapies - T.B Casale , Wimington

Les auteurs ont réalisé une étude en double aveugle contre placebo.

Des patients adultes allergiques aux pollens recevaient soit de l’omalizumab, soit du placebo 9 semaines avec une rush-thérapie aux pollens ou des injections placebo d’histamine.

Le taux de réactions allergiques durant le rush était :

  • 33,3 % pour omalizumab et rush pollens,
  • 29,7 % pour omalizumab et rush histamine
  • 56,4 % pour placebo et rush histamine,
  • Le taux de réactions anaphylactiques est passé de 25,6 % sous placebo à 5,6 % sous omalizumab.

Les auteurs concluent que le prétraitement pas Omalizumab est efficace pour permettre une montée plus rapide et des doses plus hautes.

L’Omalizumab n’est pas encore disponible en France. Il s’agit d’un traitement qui a déjà montré son efficacité dans l’asthme allergique grâce à une action sur les IgE.

Ici, il permet d’éviter les effets secondaires rencontrés lors des désensibilisations en rush. Une indication supplémentaire pour une molécule qui tarde à arriver sur le marché français.

 À quel âge un enfant peut il avaler un comprimé ? N. K. Ostrom

Les auteurs ont remarqué qu’il existait peu d’études sur ce problème alors qu’il est communément admis que les enfants ont du mal à avaler les comprimés.

 124 enfants de 6 à 11 ans ont été inclus.
 57 enfants disaient pouvoir avaler un comprimé et l’on fait.
 Sur les 67 enfants disant ne pas pouvoir le faire :

    • 47 enfants ont appris facilement à le faire.
    • 9 ont appris avec un verre spécial
    • 11 n’ont pas réussi.

Il apparaît donc que la vaste majorité des enfants de 6 à 11 ans sont capables d’avaler un comprimé.

En effet, la limitation systématique de l’âge d’utilisation des médicaments en comprimés au dessus de 12 ans ne repose que sur une impression ancienne qui n’a jamais été étudiée sérieusement.

La forme "comprimé" est quand même d’un usage plus simple que les formes buvables.

Mais, tant que l’AMM des médicaments n’aura pas été changée, le médecin engagera sa responsabilité lors de le prescription de comprimés chez l’enfant de moins de 12 ans.


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