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SFAIC 2005 - Le congrès du Dr Geneviève Demonnet
samedi 30 avril 2005, par
La cosmétologie et l’allergie sont souvent liées. A travers deux communications intéressantes, les experts ont choisi d’étudier les éventuelles sensibilisations cutanées aux protéines alimentaires et le rôles des hydrolisats protéiques.
Cosmétologie et allergie
Symposium Allerbio
Allergie cutanée aux protéines alimentaires : mythe ou réalité ?
J-F Nicolas (Lyon)
Les maladies allergiques induites par l’exposition cutanée aux protéines sont fréquentes et impliquent des IgE (urticaire de contact) ou des lymphocytes T (dermatite allergique de contact et dermatite atopique).
Deux aspects ont été envisagés : d’une part la possibilité de la sensibilisation aux protéines par voie cutanée et d’autre part les modes d’expression de l’allergie cutanée aux protéines chez le sujet sensibilisé.
– Sensibilisation par voie cutanée aux protéines :
– La sensibilisation aux protéines se fait généralement au niveau des épithéliums de revêtement des muqueuses ORL, bronchique et digestive et également de la peau.
– La peau a longtemps été considérée comme imperméable aux protéines ayant un poids moléculaire élevé.
On sait maintenant que ce concept est erroné : les protéines et en particulier les allergènes respiratoires et alimentaires peuvent pénétrer l’épiderme.
La possibilité d’une sensibilisation par voie cutanée reste par contre discutée.
– Pour l’instant, seule l’expérimentation animale a pu mettre en évidence une sensibilisation par voie cutanée aux protéines animales (en particulier, après abrasion cutanée et application répétée d’allergène acarien chez la souris).
– Chez l’homme, aucun travail n’a prouvé une telle possibilité. Cependant, des études expérimentales en cours sur la vaccination anti-infectieuse par patch suggèrent qu’il est possible d’induire une immunisation vis-à-vis des protéines appliquées sur la peau...mais seulement si certaines conditions sont remplies :
- la protéine doit pouvoir pénétrer la couche cornée pour pouvoir être prise en charge par les cellules dendritiques (l’altération de la barrière cutanée dans la dermatite atopique mérite d’être soulignée...) ;
- la protéine doit être délivrée aux cellules dendritiques avec un adjuvant pour pouvoir déclencher la réaction inflammatoire indispensable à l’intervention du système immunitaire. En son absence, c’est une tolérance qui sera induite ;
- la protéine transportée au niveau des ganglions va aboutir à l’induction de cellules effectrices et à la production de plasmocytes producteurs d’Ig dont des IgE spécifiques.
– Toutes ces étapes nécessitent qu’une quantité suffisante de protéines puisse pénétrer l’épiderme.
– Expression de l’allergie cutanée aux protéines :
– Il s’agit soit d’une réaction d’hypersensibilité immédiate (urticaire de contact), soit d’hypersensibilité retardée (dermite allergique de contact).
– L’urticaire de contact aux protéines est essentiellement professionnelle (personnel de santé avec le latex, fermiers avec les phanères de vache, boulangers avec farines, graines, enzymes, cuisiniers).
– Les manifestations sont cutanées mais peuvent être systémiques (urticaire généralisée voire choc anaphylactique) en cas d’exposition aéroportée.
– La dermatite atopique de contact aux protéines (DCP) associe des manifestations d’HSI et d’HSR. Les DCP se présentent sous forme d’eczéma chronique avec poussées immédiates prurigineuses, urticariennes et ou vésiculeuses au contact de l’allergène protéique.
– La dermatite atopique (DA) extrinsèque associe des manifestations d’HSI et d’HSR. Beaucoup d’arguments expérimentaux suggèrent que la DA n’est rien d’autre qu’une DCP.
– Des réactions anaphylactiques par exposition cutanée aux protéines ont été décrites. Cependant, aucun cas n’est probant. Il s’agit de cosmétiques qui ont pu être absorbés par voie muqueuse.
Donc, en conclusion, on peut retenir que la sensibilisation aux protéines est possible mais difficile par voie cutanée.
La possibilité de réaction anaphylactique déclenchée par contact cutané isolé reste à prouver.
Les hydrolisats protéiques : une cause possible d’allergies
Isabelle Bouchez-Mahiout INRA Grignon (78).
L’industrie agro-alimentaire utilise des procédés de transformation des matières premières agricoles : les produits alimentaires intermédiaires sont ensuite assemblés et se retrouvent dans l’alimentation et les cosmétiques.
Les hydrolysats de protéines sont composés de peptides et d’acides aminés. Ils sont utilisés pour leurs propriétés émulsifiantes (soupes, bouillons-cubes, sauces, charcuterie, cosmétiques) et moussante (nappage, gâteaux, shampooing...).
Certains travaux mettent en évidence une augmentation de l’allergénicité des hydrolysats de protéines mais d’autres trouvent un résultat inverse.
L’intervenant a rapporté une étude effectuée dans son laboratoire sur 9 cas avec une urticaire de contact à une crème hydratante due à une allergie aux hydrolysats de protéines de blé.
- 6 patientes sur les 9 avaient aussi une allergie alimentaire associée (charcuterie, conserve).
- Aucune n’avait d’allergie à la farine de blé.
- Ce sont les hydrolysats de gluten qui sont en cause ici.
Evidemment, il s’agit d’une étude sur un très petit nombre de cas mais le sujet est probablement prometteur...
Les pratiques, les choix d’ingrédient, la démarche sécurité d’un laboratoire de cosmétologie
Françoise Rousset, l’Oréal Recherche, Immunotoxicologie, Aulnay-sous-Bois
Les protéines ne sont que peu utilisées semblent-ils par les laboratoires de cosmétiques malgré une vague « naturelle ».
En 2003, il avait été publié seulement une quinzaine d’articles au sujet d’une allergie aux protéines d’un cosmétique : étaient concernés le sésame, l’amande, l’arachide, le blé, le soja et l’avoine.
Une démarche de sécurité a été mise en place par l’Oréal qui s’interdit d’utiliser l’arachide, le latex et le sésame ainsi que les huiles brutes non raffinées.
Les protéines peuvent être utilisées volontairement ou être un contaminant des végétaux.
Le grain, la noix et le pollen ne sont jamais utilisés pour ces raisons.
Tous les laboratoires ne semblent pas suivre toutes ces règles de précaution et on peut encore trouver des cosmétiques contenant, par exemple, du sésame.
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