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Le PAI du kangourou...
jeudi 23 février 2006, par
En Australie comme ailleurs, les allergologues sont sollicités pour faciliter la prise en charge des enfants atteints d’une allergie alimentaire en milieu scolaire. A partir de l’analyse de guides pratiques déjà existants, les auteurs tentent de dégager les principes pratiques de la prévention et de la gestion des réactions allergiques alimentaires à l’école.
Prévention et gestion de l’anaphylaxie à l’école. Le défi de la réglementation et de la pratique. : Michael S. Gold
Adelaide University Department of Paediatrics, Women’s and Children’s Hospital, Adelaide, Australia
dans Allergy & Clinical Immunology International - Journal of the World Allergy Organization
January 2006 , Vol 18 , No. 1
– Contexte
- De plus en plus, les allergologues sont interrogés par les parents et les personnels scolaires à propos de la prévention et la gestion de l’allergie alimentaire concernant les enfants inscrits à la protection de l’enfance ou dans les écoles.
- Cela a obligé les praticiens de santé à défendre les besoins spécifiques de l’enfant atteint d’allergie alimentaire.
- La réglementation scolaire a besoin d’être planifiée et appliquée de façon à ce que l’enfant allergique alimentaire puisse vivre à l’école en toute sécurité.
– Méthodes
- Une revue des guides disponibles de prévention et des premiers soins de l’anaphylaxie à l’école.
- Une description d’un programme couronné de succès institué dans le sud de l’Australie avec la description des thèmes-clé en relation avec la réglementation et la pratique scolaire.
– Résultats
- L’équipe scolaire a un devoir de santé envers les enfants présents à l’école qui doit s’étendre à la prévention des allergies alimentaires et à la mise en œuvre des premiers soins à donner en cas de réaction allergique alimentaire.
- Une démarche pratique et raisonnable nécessite d’être établie, incluant les documents concernant les enfants à risque élevé d’anaphylaxie, instituant le plan de prise en charge médical en cas d’anaphylaxie et dispensant éducation et entraînement.
- Le contrôle de ce programme nécessite d’être continu afin d’assurer un entraînement cohérent et de qualité et de documenter les épisodes d’anaphylaxie survenant à l’école.
– Conclusion
- Les praticiens de santé seront interrogés sur l’assistance individuelle des enfants mais devront l’être aussi afin de contribuer à la formulation et à l’application de la réglementation scolaire.
- Ceci peut être à la fois une expérience intéressante et stimulante.
En fait, cette étude australienne n’est rien d’autre qu’une réflexion sur la prise en charge de l’enfant atteint d’allergie alimentaire en milieu scolaire mais aussi extrascolaire, c’est-à-dire, toute institution de protection de l’enfance. Il semblerait donc que le Projet d’Accueil Individuel (PAI) à la française n’existe pas de façon formelle en Australie.
Les auteurs ont basé leur réflexion sur des guides pratiques déjà existants et particulièrement un du sud de l’Australie.
Ces auteurs aboutissent aux mêmes principes qui régissent le PAI : l’école joue un rôle dans le maintien de la santé de tous les enfants ; que ce rôle prend en compte aussi l’allergie alimentaire dans sa prévention et dans la mise en œuvre des premiers soins ; que cela nécessite un plan d’action documentant parfaitement les besoins de chaque enfant allergique et des soins à administrer, ce qui correspond chez nous au Protocole d’Intervention en Cas d’Urgence ; que cela implique la formation aux gestes de premiers secours (savoir utiliser un bronchodilatateur, savoir administrer un anti-histaminique, un corticoïde per os, savoir faire une injection d’adrénaline) des adultes responsables.
Et enfin, que tout cela nécessite un suivi, vérification des médicaments, vérifier si les intervenants potentiels sont toujours au fait de leur usage et de documenter les éventuels accidents allergiques afin d’avoir une expérience qui, par feed-back, permettra encore plus la prise en charge de qualité des enfants allergiques alimentaires.
Il semble donc qu’en Australie cet équivalent de notre PAI ne soit pas institutionnalisé comme ici en France. En effet, en France le PAI est régi par des circulaires, il ne s’agit pas d’un droit même si ces circulaires se réfèrent à du droit, par exemple, à la notion de non assistance à personne en danger. Il s’agit en quelque sorte d’un effort que la collectivité fait afin de prendre en charge un enfant atteint d’allergie alimentaire. Le PAI n’est ni du droit, ni un droit.
Le plan australien reprend l’essentiel de ce qui structure le PAI, mais ne semble pas aborder le travail d’équipe qui doit s’opérer entre le directeur de l’établissement scolaire, l’enfant, ses parents, le médecin de l’Education Nationale, éventuellement l’infirmière de l’établissement, le ou les personnels enseignants ou pas qui s’engagent à pratiquer les premiers soins et, bien sûr, l’allergologue.
Par contre, à noter, un aspect qui, je crois, n’est pas clairement édicté dans le PAI, c’est la documentation de tout accident anaphylactique survenant dans tout établissement recevant des enfants. Cet aspect paraît capital dans la mesure où elle permettra de détecter les dysfonctionnements du plan mis en place.
Autre notion intéressante du plan australien, c’est le contrôle continu des mesures.
A noter qu’en France, le PAI est sans doute un outil des plus intelligents mis en œuvre par le gouvernement dans le fonctionnement de toutes les institutions susceptibles de recevoir des enfants atteints de maladies chroniques nécessitant parfois le recours à une prise en charge en urgence comme le diabète, l’épilepsie, l’allergie alimentaire, l’asthme... La démarche australienne semble s’inscrire dans la même veine.
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