Les anglais font mal la cuisine et en plus ils ne savent pas utiliser l’adrénaline auto-injectable !!

lundi 22 septembre 2003 par Dr Stéphane Guez2536 visites

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Les anglais font mal la cuisine et en plus ils ne savent pas utiliser l’adrénaline auto-injectable !!

Les anglais font mal la cuisine et en plus ils ne savent pas utiliser l’adrénaline auto-injectable !!

lundi 22 septembre 2003, par Dr Stéphane Guez

Le risque de réaction allergique imprévisible a été rendu moins angoissant par l’apparition de formes auto-injectables d’adrénaline. Encore faut-il prescrire ce système correctement, et surtout éduquer le patient ou les parents du jeune patient allergique. Expérience anglaise !!

Prescription d’adrénaline auto injectable pour un risque anaphylactique : une étude de population. : Singh J, Aszkenasy OM. Neonatal Unit, James Cook University Hospital, Marton Road, Middlesbrough TS4 3BW, UK. jaideep-s@msn.com dans Public Health. 2003 Jul ;117(4):256-9

 Objectifs de l’étude :
* Évaluer la qualité d’un apprentissage fourni à des parents ayant des enfants pour lesquels un système auto-injectable a été prescrit,
* étudier le suivi des recommandations concernant la nécessité d’une consultation auprès d’un spécialiste référent,
* enfin étudier le retentissement des allergies sur la qualité de vie.

 Lieu de l’étude : Régions du Nord-est de l’Angleterre.

 Méthodologie : Questionnaire par la poste aux parents des enfants ayant une adrénaline auto injectable (n=154).

 Résultats :
* 107 parents ont répondu.
* Les généralistes ont été à l’origine de la prescription pour 30 enfants.
* 51 enfants n’avaient pas été adressés à un spécialiste allergologique.
* 4 parents ont dit ne pas avoir eu d’apprentissage pour utiliser le système auto injectable.
* Des faux auto injecteurs n’ont pas été utilisés pour entraîner 51 parents.
* 46 familles n’ont pas eu l’occasion de se ré-entraîner.
* 11 parents avaient peu ou très peu confiance dans l’utilisation du système, et 13 parents n’étaient pas certains de savoir à quel moment l’utiliser.
* La qualité de vie était significativement altérée.
* 16 enfants ont été tyrannisés en raison de leurs allergies.
* 30 parents étaient déprimés que leurs enfants ne puissent pas faire quelque chose qu’ils aiment en raison de leur allergie,
* et 39 parents ont dit que leur propre mode vie a été affecté par ces allergies.

 Conclusion :
* L’impact de la prescription d’adrénaline auto injectable ne doit pas être sous estimé.
* Les recommandations sur la nécessité de consulter un spécialiste réfèrent ne sont pas souvent suivies, et ces recommandations doivent être diffusées dans les centres de soins.
* La qualité de l’apprentissage nécessite de revoir l’ensemble de la procédure de prescription de cette adrénaline auto injectable dans cette région d’Angleterre.


Dans ce travail, les auteurs démontrent que la prescription d’adrénaline auto injectable dans le Nord-est de l’Angleterre n’est pas satisfaisante, les patients n’ayant pas eu l’avis d’un spécialiste sur l’opportunité de cette prescription, et les parents des enfants allergiques n’ayant pas eu d’éducation sur l’utilisation correcte du système.

Ce travail est très important car il montre la difficulté qu’il y a entre penser faire quelque chose correctement et réellement le faire correctement.

Ainsi, les médecins anglais qui ont prescrits l’adrénaline auto-injectable ont pensé bien faire, et rendre ainsi service à leurs patients. Mais cette prescription génère une angoisse qu’il ne faut pas minimiser, surtout auprès de parents qui peuvent alors se montrer très scrupuleux vis à vis de leur enfant allergique et réellement se gâcher et gâcher la vie de leur enfant.

Il s’agit donc d’assurer le diagnostic allergique et la réelle nécessité de cette prescription d’adrénaline.

Ensuite, il faut que le patient sache utiliser correctement le système. Seule l’utilisation d’un matériel factice que le patient peut manipuler permettra réellement à celui-ci de pouvoir utiliser le système en cas d’urgence.

Finalement, il ne faut pas oublier que les patients ne sont pas des soignants et que le transfert de soins à ses limites.

La solution idéale est donc plutôt d’éviter la récidive allergique que d’avoir à utiliser cette adrénaline injectable.

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