Congrès de l’American College of Allergy, Asthma & Immunology

dimanche 5 décembre 2010 par Dr Jean-Claude Roca867 visites

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Congrès de l’American College of Allergy, Asthma & Immunology

Congrès de l’American College of Allergy, Asthma & Immunology

dimanche 5 décembre 2010, par Dr Jean-Claude Roca

Voici le compte-rendu du congrès de l’American College of Allergy, Asthma & Immunology qui s’est tenu à Phoenix, Arizona, du 11 au 16 novembre dernier.

RHINITE ALLERGIQUE

Challenges concernant la rhinite allergique aux U.S.A. (W.E. Berger, Irvine, Californie)

Les maladies allergiques affectent plus de 50 millions d’Américains tandis que la rhinite allergique est l’une des cinq plus fréquentes maladies chroniques observées aux U.S.A. : elle touche plus de 35 millions d’Américains, concerne 10 à 30% des adultes (faisant perdre, chaque année, 3 millions de jours de travail) et jusqu’à 40% des enfants auxquels elle fait perdre 2 millions de journées d’école.

Impact financier annuel de la rhinite allergique :
 coût direct : 6,3 milliards de dollars U.S. ;
 coût indirect : 7,9 milliards de dollars U.S. ;
 perte de productivité (NDR : ce que les Américains appellent le « présentéisme ») : plus de 3 milliards de dollars U.S. ;
 coût des médicaments estimé à 6,3 milliards de dollars U.S. en 2003 ;
 environ 14 millions de consultations en 2002.

La rhinite allergique vue par les patients qui en sont atteints :
 31% ne sont pas pleinement satisfaits de leur traitement habituel ;
 42% s’embrouillent dans le choix de leurs médicaments ;
 59% souhaiteraient être mieux informés sur les médicaments qu’ils prennent ;
 83% estiment que leur traitement devrait agir vite, en moins de 30 minutes ;
 55% disent que l’effet des médicaments qu’ils prennent, ne dure pas assez longtemps ;
 53% utilisent des médicaments en vente libre, 36% des sprays nasaux délivrés sur prescription médicale et 22% d’autres médicaments (plusieurs types de médicaments possibles chez un même patient).

ASTHME

Fréquence de l’asthme chez les nageurs (M.J. & C.J. Siegel & L.H. Stekoll, Kansas City, Missouri)

 L’augmentation du nombre d’heures passées à nager peut contribuer à expliquer la persistance d’un asthme aussi bien chez les nageurs en piscine fermée à eau chlorée que chez les nageurs en piscine à air libre à eau chlorée.
 Les sujets de sexe féminin présentent un plus grand risque que les sujets de sexe masculin, notamment dans la tranche d’âge des 9-12 ans.

TESTS CUTANÉS

Dangerosité des prick-tests (D. Swender & coll., Cleveland, Ohio)

Entre janvier 1997 et juin 2010, 28 907 dossiers de patients ont été revus afin d’évaluer le pourcentage de réactions systémiques ou anaphylactiques développées à partir de la réalisation de prick-tests cutanés.

Quatre patients (soit 0,02%) avaient présenté des réactions systémiques, toutes traitées par adrénaline, sans qu’aucune ne se révèle fatale.

Pour ces 4 patients, le nombre moyen de prick-tests positifs allait de 26 à 47 (36 en moyenne) :
 une patiente de 38 ans présentait 26 prick-tests positifs (dont 23 prick-tests alimentaires) et 47 négatifs ; à noter qu’elle avait déjà fait une réaction systémique lors d’une cure de désensibilisation antérieure ;
 une patiente de 23 ans présentait 36 prick-tests positifs (dont 28 prick-tests alimentaires, 5 polliniques et 1 fongique) et 45 négatifs ; à noter, dans les antécédents de cette personne, une réaction anaphylactique qualifiée d’idiopathique ;
 un jeune patient âgé de 4 ans présentait 47 prick-tests positifs (à savoir : 6 prick-tests alimentaires, 27 polliniques, 1 aux phanères animaux, 3 aux acariens et 10 fongiques) et 6 négatifs ;
 un autre jeune patient âgé de 8 ans présentait 36 prick-tests positifs (dont 26 prick-tests alimentaires, 4 polliniques, 2 aux phanères animaux, 2 aux acariens et 1 fongique) et 1 négatif.

Conclusion :
 Bien utilisé, le prick-test est une technique diagnostique sure et efficace pour le diagnostic des allergies respiratoires et alimentaires.

NDR : remarquons que des inventaires allergologiques avec plus de 80 prick-tests par séance (dont plusieurs dizaine de positifs) ne sont pour le moins pas courants en Europe. De quoi faire aisément des réactions vagales sinon systémiques…

IMMUNOTHÉRAPIE SPÉCIFIQUE SUBLINGUALE

Efficacité et tolérance des comprimés chez l’adulte atteint de rhinite allergique saisonnière (D.I. Bernstein, Cincinnati, Ohio)

Préambule/Décès observés dans le cadre de l’immunothérapie spécifique sous-cutanée :
 8,1 millions d’injections d’immunothérapie spécifique sous-cutanée sont effectuées chaque année en Amérique du Nord ;
 entre 2001 et 2007, 6 décès supplémentaires liés à l’immunothérapie spécifique sous-cutanée ont été indirectement rapportés aux U.S.A. ;
 entre 2008 et 2010 (NDR : la spécialité d’allergologie ayant été créée entre-temps aux U.S.A.), aucune réaction fatale n’a été enregistrée suite à des injections d’immunothérapie spécifique sous-cutanée ou à des tests cutanés ;
 conclusion de l’orateur : « l’immunothérapie spécifique sous-cutanée est sans danger quand elle est administrée par des allergologues qualifiés ».

Bénéfices potentiels de l’immunothérapie spécifique sublinguale :
 pas de perte de temps à suivre des protocoles avec initialisation à doses progressives ;
 proposer au patient un autre traitement que des injections pour soigner sa rhinite allergique saisonnière ;
 traiter l’asthme ;
 prévenir l’apparition d’un asthme ;
 réduire le risque de réaction anaphylactique sévère (aucun décès n’a jamais été observé dans le cadre de l’immunothérapie spécifique sublinguale).

Questions pouvant se poser pour l’immunothérapie spécifique sublinguale (aux U.S.A.) :
 la gamme d’allergènes disponibles ne sera-t-elle pas limitée ?
 Quel coût pour le traitement ?
 Quelle observance de la part du patient ?
 Quels effets secondaires ?

L’immunothérapie spécifique sublinguale en Europe :
 elle représente :
 45% des traitements d’immunothérapie spécifique administrés (mais c’est beaucoup plus dans certains pays comme la France ou l’Italie) ;
 6% des traitements d’immunothérapie spécifique administrés aux U.S.A. où elle n’est pas agréée par la F.D.A. (Food and Drug Administration) ;
 notons que l’immunothérapie spécifique sublinguale est recommandée dans les bonnes pratiques par l’Organisation Mondiale de la Santé ;
 deux types de comprimés sont agréés :
 un comprimé de phléole des prés à 75 000 SQ-T, soit environ 15 µg de Phl p 5
 et un comprimé d’un mélange de 5 pollens de graminées à 300 IR par dose.

L’immunothérapie spécifique sublinguale aux U.S.A.

Étude clinique en double aveugle, placebo-contrôlée d’efficacité et de tolérance du pollen de phléole des prés, portant sur 438 patients, effectuée en 2009 par Nelson & collaborateurs :
 pourcentage des améliorations observées dans le groupe actif (213 patients) comparativement au groupe placebo (225 patients) :
 score symptomatique : 18%,
 score médicamenteux : 26%,
 score combiné : 20%,
 questionnaire de qualité de vie (rhino-conjonctivite) : 17% ;
 asthme à l’acmé de la saison pollinique :
 score symptomatique : 22%,
 score médicamenteux : 46%,
 score combiné : 24% ;
 effets indésirables observés : il s’agissait notamment de prurit buccal ou auriculaire et d’irritation de la gorge. Une réaction systémique légère, de niveau 1 (NDR : il existe aujourd’hui 4 niveaux de réaction systémique allant de 1 à 4) a été rapportée chez un patient du groupe actif.

Mélanges de moisissures et de pollens (S. Gada, B. Haymore, Washington DC)

L’efficacité de l’immunothérapie spécifique dépend du maintien du potentiel allergénique de l’extrait allergénique employé. Or, nombre de facteurs sont susceptibles d’influencer ce potentiel allergénique, y compris l’activité protéolytique des allergènes présents au sein d’un mélange.

L’activité protéasique des moisissures mélangées aux pollens est le problème le plus sérieux soulevé dans la littérature ainsi que dans les bonnes pratiques.

L’on a ainsi extrait des données enregistrées par l’ « U.S. Army Centralized Allergen Extract Laboratory (USACAEL) » entre janvier 1990 et mai 2010 en ce qui concerne les prescriptions de moisissures et isolé celles qui faisaient l’objet de mélanges, pollinique ou non, le pollen d’ambroisie (qui résiste assez bien aux protéases fongiques : NDR) ayant été exclu de l’étude. 26 351 prescriptions qui contenaient des moisissures, ont ainsi été isolées.

Avant la première publication des bonnes pratiques en matière d’immunothérapie spécifique aux pneumallergènes, sur la période allant de janvier 1990 à décembre 1996, 65,2% des prescriptions de moisissures contenaient des pollens.

Après cette publication, sur la période allant de janvier 1997 à janvier 2003, 6 568 prescriptions sur 12 697, soit 51,7% des prescriptions de moisissures contenaient encore des pollens.

Après les recommandations spécifiques de séparation des moisissures et des pollens (pollen d’ambroisie exclu), en janvier 2003, 2 306 prescriptions sur 6 818, soit 33,8%, contenaient encore des pollens.

Enfin, suite à la deuxième publication des bonnes pratiques en matière d’immunothérapie spécifique aux pneumallergènes (2007), 30,2% des prescriptions de moisissures (1 089 sur 3 611) contenaient toujours des pollens…

Conclusion :
 Suite à la publication de bonnes pratiques en matière d’immunothérapie spécifique aux pneumallergènes, les mélanges de moisissures et de pollens ont diminué avec le temps. Toutefois, l’information des médecins prescripteurs de traitements d’immunothérapie spécifique aux moisissures est à poursuivre…

ALLERGIES ALIMENTAIRES

Administration du vaccin H1N1 à une population de patients allergiques à l’œuf (W. Spiegel & R. Anolik, Blue Bell, Pensylvanie)

Douze allergologues suivant environ 20 000 patients ont incité leurs patients allergiques à l’œuf à recevoir le vaccin antigrippal pandémique H1N1.

Les prick-tests suivants étaient préalablement effectués par la méthode du Multitest :
 vaccin H1N1 non dilué,
 œuf du laboratoire Greer au 1/20,
 témoin négatif
 et témoin positif.

152 patients âgés de 1 à 56 ans ont été ainsi évalués :
 œuf :
 diamètre moyen de la papule : 11 mm (0 à 35 mm) ;
 diamètre moyen de l’érythème : 18 mm (3 à 55 mm) ;
 vaccin H1N1 :
 diamètre moyen de la papule : 3 mm (0 à 7 mm) ;
 diamètre moyen de l’érythème : 7 mm (1 à 27 mm).

Lorsque la réponse du test cutané au vaccin H1N1 approchait celle de l’œuf, un protocole de désensibilisation était instauré qui débutait à la dose de 0,05 ml du vaccin H1N1 dilué au 1/100 et permettait d’atteindre progressivement, en 6 étapes, la dose vaccinale complète de 0,5 ml.

Deux patients ont subi cette désensibilisation tandis que les 150 autres ont reçu la vaccination antigrippale H1N1 en une seule injection puis sont demeurés sous surveillance durant 20 minutes.

Aucune réaction allergique n’a été observée et les auteurs de conclure : « avec une exploration allergologique appropriée et une désensibilisation (au vaccin), tous les individus allergiques à l’œuf peuvent recevoir en sécurité le nouveau vaccin H1N1 et ainsi être protégé contre la grippe elle-même et ses complications. Les asthmatiques allergiques à l’œuf n’ont pas besoin d’éviter cette immunisation ».

Tropomyosine de crevette cuisinée dans l’air ambiant (T. Lupoli, Kansas City, Missouri)

Aux U.S.A., plus de sept millions de personnes sont allergiques aux fruits de mer (crevette, crabe et homard). L’allergène protéinique le plus souvent en cause chez ces animaux est la tropomyosine.

Or, quantité de patients sensibilisés aux fruits de mer signalent présenter des symptômes lorsqu’ils se trouvent dans des endroits où l’on cuisine ces fruits de mer.

L’on a ainsi préparé des crevettes, dans une pièce bien aérée,
 soit en les faisant bouillir dans de l’eau,
 soit en les faisant frire dans de l’huile
et cela durant 20 minutes.

Des échantillons d’air ont été prélevés pendant 10 minutes, à raison de 300 litres d’air par minute, sur leur lieu de cuisson et à une distance d’un mètre du lieu de cuisson.

Résultats des concentrations en tropomyosine décelées dans l’air :
 crevettes bouillies :
 156 ng/m3 d’air sur leur lieu de cuisson ;
 moins de 20 ng/m3 d’air à un mètre de leur lieu de cuisson ;
 crevettes frites : moins de 20 ng/m3 d’air aussi bien leur lieu de cuisson qu’à un mètre de leur lieu de cuisson.

En outre, l’eau de cuisson des crevettes contient plus de 500 ng de tropomyosine par millilitre tandis que l’huile de friture contient 2,6 µg par millilitre.

Ainsi, la teneur en tropomyosine dans l’air varie avec la ventilation des locaux et le volume des vapeurs diffusées.

Anaphylaxie aux pépins de mandarine (L. Ford & A. Nowak-Wezgryn, New York, New York)

Les fruits d’agrumes ne sont pas des causes particulièrement fréquentes de réactions anaphylactiques mais peut-être en y va-t-il différemment avec leurs pépins…

 Ce travail rapporte le cas d’un garçon de 15 ans ayant présenté une réaction anaphylactique menaçant le pronostic vital induite par des pépins de mandarine.
 Cette réaction est survenue à la mi-temps d’un match de football, au printemps dernier, après la consommation d’une Murcott honey tangerine (type de mandarine : NDR), alors qu’il revenait sur le terrain en mâchant les pépins, ce qu’il n’avait jamais fait auparavant.
 Un quart d’heure plus tard, apparaissait du prurit au niveau de l’aine et des pieds qui rapidement s’étendait et s’intensifiait.
 Il prenait alors de la diphénhydramine, puis développait une rougeur conjonctivale tandis que survenaient des difficultés à respirer pour finalement s’évanouir.
 Admis en service d’urgences, il y perdait connaissance. La pression artérielle se situait à 7-3. Il recevait alors deux doses d’adrénaline, des corticoïdes et, à nouveau, de la diphénhydramine puis était admis pour la nuit en unité de soins intensifs.

Avant cette réaction, ce patient consommait arachide, sésame, moutarde et tous les fruits et légumes sans problème. À la suite de cette réaction, il s’est mis à scrupuleusement éviter tous les agrumes mais a continué à faire du football et des exercices violents sans difficultés. À noter qu’il évitait déjà strictement toute consommation de fruits à coque depuis l’âge de 2 ans car il avait présenté d’évidentes réactions d’allergie de type immédiat à la noix de cajou et à la pistache, à l’âge de 2 ans et à l’âge de 10 ans, quoique n’ayant jamais été traité par adrénaline. De plus, outre ces allergies alimentaires, il présentait des manifestations d’allergies printanières.

À noter, au plan familial, que ses deux parents sont allergiques, son père, notamment, ayant présenté de l’allergie d’effort au printemps.

Les investigations effectuées chez ce garçon révélaient :
 une spirométrie normale,
 des taux élevés d’IgE spécifiques sériques vis-à-vis de la mandarine (3.94 kUI/l), des pollens de graminées, de pollens d’arbres, de l’arachide et des fruits à coque ;
 les prick-tests effectués avec les pépins de plusieurs agrumes positifs mais généralement négatifs à la pulpe de ces mêmes fruits.

Le patient a ainsi réintroduit les jus de fruits et les chairs d’agrumes dans son alimentation en évitant scrupuleusement les pépins.

Conclusion :
 une allergie aux pépins d’agrumes peut survenir chez des patients qui en tolèrent la pulpe.
 Il pourrait s’agir d’une allergie croisée avec les fruits à coque mais pas avec l’arachide ou d’autres pépins.
 Effets aggravants possibles de la réaction observée chez ce garçon : la notion d’effort concomitant, le retard à lui administrer un traitement approprié et la coexistence, lors de l’accident, d’une allergie pollinique saisonnière.

Anaphylaxie à la FDP (Fungus Derived Protease) chez un patient allergique à la papaye (M.J. Ku & coll., Haddonfield, New-Jersey)

La papaïne, une protéase.

La papaye induit une allergie croisée avec le latex.

En 2008, la FDA américaine a mis en garde contre la fabrication de topiques contenant de la papaïne, des réactions anaphylactiques ayant été rapportées chez des patients allergiques au latex. D’où la nécessité, pour les industriels produisant des enzymes, de démarrer la production de protéases issues de sources différentes, notamment les moisissures. En effet, on n’avait pas jusqu’ici rapporté de cas d’allergies croisées entre la papaïne et la FDP.

Les auteurs présentent ainsi un premier cas d’anaphylaxie à la papaïne chez une femme de 44 ans allergique à la papaye et exposée à la FDP, avec des antécédents d’asthme et de rhinite allergique, ayant présenté de l’urticaire sur la figure après avoir fait un masque à la papaye. Le RAST à la papaye s’avérait positif (2,07 kUI/l) et à la papaïne (3,24 kUI/I).

Une semaine après ce masque, l’intéressée était amenée à prendre de l’AFP-Peptizyde et du Zyme Prime, produits de régime contenant des enzymes digestifs dérivés de moisissures mais pas de papaïne. En une quarantaine de minutes, la patiente développait une symptomatologie cutanée, respiratoire et gastro-intestinale sévère dans le cadre d’une réaction anaphylactique engageant le pronostic vital pour laquelle elle recevait un traitement approprié qui lui permettait de récupérer sans séquelles.

Trois mois plus tard, elle ressentait le début d’une infection des voies respiratoires et prenait du ViraStop (NDR : mélange de huit protéases sensé encourager l’immunité), mais contenant des protéases, ce qu’elle ne savait pas : nouvelle réaction anaphylactique engageant le pronostic vital ! L’intéressée reçoit, à nouveau, un traitement approprié et récupère.

Les prick-tests effectués chez cette personne avec des dilutions de trois suppléments alimentaires enzymatiques s’avéraient fortement positifs, ces mêmes tests s’avérant parfaitement négatifs chez un sujet témoin non allergique.

Allergie alimentaire aux colorants de couleur caramel (L. Lu & coll., Great Neck, New-York)

Les colorants de couleur caramel sont largement utilisés pour les produits alimentaires et les boissons, y compris, notamment, les sodas. Il s’agit souvent de teintures alimentaires solubles et de sucre caramélisé.

Or, l’on sait aussi que les taux d’histamine peuvent s’élever sensiblement chez les enfants asthmatiques après consommation de boissons gazeuses de couleur caramel.

Le cas rapporté concerne les réactions allergiques survenant chez une enfant de 14 ans lors de la consommation de sodas en boîte contenant du caramel (Coca-Cola, Pepsi, Dr Pepper - NDR : ce dernier est le nom de la plus ancienne marque de soda américain qui fut commercialisé en 1885, un an avant le Coca-Cola -) : il s’agissait de sensations de brulures et de prurit des lèvres évoluant de façon récurrente pendant 6 mois. En deux occasions, elle a présenté une urticaire généralisée associée à un érythème facial et un œdème labial. Pas de wheezing, ni de difficultés respiratoires, ni de dysphagie ou encore de troubles gastro-intestinaux. Les antihistaminiques la soulageaient. Cliniquement, on pouvait constater un érythème des creux axillaires, des paupières à la peau sèche et rêche cela s’associant de temps en temps à des tics vocaux et musculaires. Dans les antécédents personnels, on notait une maladie de Gilles de La Tourette avec des clins d’œil à gauche.

Les prick-tests réalisés montraient une réponse positive au Dermatophagoides pteronyssinus.

Un test de provocation réaliste, effectué en double-aveugle et placebo-contrôlé, s’avérait positif pour le Dr Pepper (survenue d’une urticaire avec sensation de brulure au niveau du cou, flush et réaction anxieuse, symptômes à nouveau soulagés par l’administration d’antihistaminiques). Or, Dr. Pepper, Pepsi and Coca Cola contiennent tous un colorant couleur caramel.

L’on recommandait dès lors à la patiente l’éviction des sodas contenant des colorants de couleur caramel.

Œsophagite éosinophilique et allergie à la volaille (B. Robertson & coll., Washington DC)

Deux cas d’anaphylaxie à la volaille avec œsophagite éosinophilique sont ici rapportés.

 1er cas :

garçon de 10 ans avec antécédents d’allergie à la volaille (rash péri-buccal dans les minutes suivant l’ingestion de volaille en 2007) puis diagnostic d’œsophagite éosinophilique porté en 2009. Les explorations allergologiques réalisées avec des extraits allergéniques du commerce montraient, en 2007, un prick-test positif à la viande de poulet et, en 2009, à la viande de dinde mais curieusement pas à la chair de poulet. Un test de provocation au poulet était alors réalisé une dose de 3 grammes : en 5 minutes, survenait une réaction anaphylactique avec de l’urticaire, une hypotension artérielle, de la rhinorrhée, des nausées et de la diarrhée. Le taux d’IgE spécifiques du poulet était élevé à 2,55 KUI/l tandis que le test cutané à la viande fraiche de poulet s’avérait positif.

 2ème cas :

il s’agit d’une femme de 57 ans chez laquelle une œsophagite éosinophilique a été diagnostiquée en 2007. À noter dans ses antécédents, la notion d’une anaphylaxie au poulet connue depuis l’enfance. Les tests cutanés effectués avec des extraits allergéniques du commerce de poulet s’avéraient négatifs, en 2009, tandis que le taux d’IgE spécifiques du poulet était majoré à 0,62 KUI/l.

Conclusion :
 possibilité de développement secondaire d’une œsophagite éosinophilique en cas d’allergie à la volaille ;
 en la circonstance moindre sensibilité des tests cutanés par rapport à l’ImmunoCap.

Allergie alimentaire IgE-dépendante et intolérance alimentaire : des aspects cliniques différents (M. Elias & C. Weiler, Rochester, Minnesota)

Cette étude rétrospective porte sur des cas d’allergies alimentaires IgE-dépendantes et des cas d’intolérances alimentaires observés chez l’enfant et l’adulte, entre 1991 et 2009, dans un centre médical.

Aux U.S.A., la prévalence des allergies alimentaires est d’environ 4% chez l’adulte et 6% chez l’enfant.

Une étude publiée en 2008, portant sur 419 adultes allemands suspectés d’être porteurs d’une allergie alimentaire, a montré que 48,9% des patients ne présentaient, en fait, ni tests cutanés ni IgE spécifiques d’aliments ni tests de provocation alimentaires positifs.

Les manifestations cliniques IgE-dépendantes et celles de l’intolérance alimentaire sont en rapport avec des mécanismes différents qui sous-tendent ces deux types de pathologies :
 les réactions allergiques alimentaires surviennent plus rapidement après l’ingestion de l’aliment que les manifestations de l’intolérance alimentaire qui, elles, peuvent apparaître plusieurs heures après consommation de l’aliment en cause ;
 urticaire et œdème de Quincke sont plus communément des manifestations cutanées de l’allergie alimentaire ;
 les symptômes gastro-intestinaux peuvent survenir aussi bien dans l’allergie alimentaire que dans l’intolérance alimentaire mais, d’après les auteurs, ce type de réactions cliniques, observées aussi bien chez l’adulte que chez l’enfant, impliquent plus volontiers des symptômes gastro-intestinaux dans l’intolérance alimentaire que dans l’allergie alimentaire IgE-dépendante.

Les fausses positivités des tests cutanés au vaccin anti-grippal sont plus fréquentes chez les patients allergiques à l’œuf (M. Rank, Rochester, Minnesota, & coll.)

Une étude rétrospective a été effectuée portant sur les tests cutanés au vaccin anti-grippal réalisés en 2009-2010 (prick-tests et tests intra-dermiques à la dilution au 1/100 du vaccin saisonnier et/ou du vaccin H1N1) dans un centre de vaccination. 15% des patients présentaient des tests cutanés positifs au vaccin anti-grippal, ce qui apparaît extrêmement élevé, si bien que les auteurs ont pensé à une allergie à l’ovalbumine du vaccin.

Résultats :

1) prick-tests au vaccin anti-grippal saisonnier :
 positifs :

  • chez les patients allergiques à l’œuf : 4 ;
  • chez les patients non allergiques à l’œuf : aucun ;

 négatifs :

  • chez les patients allergiques à l’œuf : 35 ;
  • chez les patients non allergiques à l’œuf : 13.

2) Tests intra-dermiques au vaccin anti-grippal saisonnier dilué au 1/100 :
 positifs :

  • chez les patients allergiques à l’œuf : 26 ;
  • chez les patients non allergiques à l’œuf : un ;

 négatifs :

  • chez les patients allergiques à l’œuf : 14 ;
  • chez les patients non allergiques à l’œuf : 10.

3) prick-tests au vaccin H1N1 :
 positifs :

  • chez les patients allergiques à l’œuf : 1 ;
  • chez les patients non allergiques à l’œuf : aucun ;

 négatifs :

  • chez les patients allergiques à l’œuf : 26 ;
  • chez les patients non allergiques à l’œuf : 5.

2) Tests intra-dermiques au vaccin H1N1 dilué au 1/100 :
 positifs :

  • chez les patients allergiques à l’œuf : 10 ;
  • chez les patients non allergiques à l’œuf : un ;

 négatifs :

  • chez les patients allergiques à l’œuf : 17 ;
  • chez les patients non allergiques à l’œuf : 4.

Les dosages du taux moyen d’ovalbumine dans les vaccins montraient de plus fortes concentrations dans le vaccin anti-grippal saisonnier que dans le vaccin pandémique H1N1 de 2009 : respectivement 350 ng/ml contre 21 ng/ml.

Conclusion :
 de fausses positivités aux tests intra-dermiques (dilution au 1/100) s’associent à une allergie à l’œuf pour le vaccin anti-grippal saisonnier mais pas pour le vaccin H1N1 de 2009, vraisemblablement au motif que le contenu en ovalbumine du premier est supérieur à celui du second.
 En conséquence, test intra-dermique et prick-test sont d’une valeur très limitée chez les patients allergiques à l’œuf en raison des fausses positivités qu’ils peuvent engendrer. Toutefois, ils peuvent conserver leur utilité pour rechercher une allergie au vaccin anti-grippal chez les patients non allergiques à l’œuf.

Exploration et administration des vaccins anti-grippaux saisonnier et pandémique chez les patients allergiques à l’œuf (J. Seyerle, Bexley, Ohio, & coll.)

Les auteurs ont administré le vaccin H1N1 2009 à 41 enfants allergiques à l’œuf en suivant le protocole de vaccination proposé par le « 2009 Joint Task Force » et les bonnes pratiques édictées par les CDC (NDR : les Centers for Disease Control and Prevention ou CDC - Centres pour le contrôle des maladies et la prévention - ont pour mission, depuis plus de 60 ans, de protéger la santé et d’améliorer la qualité de vie des Américains via la prévention et le contrôle des maladies, des blessures et des invalidités). Tous les patients ont été testés par prick-tests et par voie intra-dermique au vaccin H1N1 et, s’ils le souhaitaient, au vaccin anti-grippal saisonnier également. En cas de test positif, la vaccination était effectuée à doses fractionnées en 60 à 90 minutes.

Résultats :
 42 enfants testés (prick-test et test intra-dermique) au vaccin H1N1 avec 3 tests intra-dermiques et 1 prick-test positifs ;
 41 enfants vaccinés (un refus de vaccination) ;
 33 patients testés au vaccin anti-grippal saisonnier avec 14 tests (tous intra-dermiques) positifs, 2 patients étant positifs aux 2 vaccins ;
 28 patients ont reçu les 2 vaccinations parmi lesquels un a présenté du wheezing.

Conclusion :
 Les vaccins anti-grippaux saisonniers et pandémiques peuvent être effectués en sécurité aux patients allergiques à l’œuf ;
 Le fait de tester un vaccin anti-grippal ne constitue pas un facteur prédictif fiable de sensibilité à un autre vaccin anti-grippal.

ALLERGIE AUX PHANÈRES ANIMAUX

Comparaison de la sensibilisation cutanée aux phanères de souris chez les enfants asthmatiques des zones urbaines, suburbaines et rurales (S. Raj & coll., Louisville, Kentucky)

Durant 6 mois (de juillet à décembre 2009), tous les patients subissant une exploration allergologique, âgés de 18 ans ou moins, ont été inclus dans cette étude et répartis en 3 groupes (groupe urbain, groupe suburbain et groupe rural). Ils ont fait l’objet d’un prick-test aux phanères de souris qui était considéré comme positif si la papule obtenue mesurait au moins 3 mm et l’érythème 5 mm.

Parmi les 349 patients testés, 65 (soit 18,6%) présentaient un prick-test positif aux phanères de souris.

Chez les enfants asthmatiques (âge moyen : 12,8 ans), 30 sur 166 (soit 18%) présentaient un prick-test positif aux phanères de souris et se répartissaient ainsi :
 citadins : 6 sur 22, soit 27,2% ;
 suburbains : 12 sur 68, soit 17,6% ;
 ruraux : 12 sur 76, soit 15,8%.

Il apparaît ainsi que, bien que la plupart des allergologues n’explore pas systématiquement d’emblée les phanères de souris, il pourrait s’avérer utile d’inclure ce test dans l’exploration allergologique des enfants asthmatiques.

ADRÉNALINE INJECTABLE

L’anaphylaxie dans le cadre de l’immunothérapie allergénique : quand administrer de l’adrénaline ? (P.L. Lieberman XXXXXX)

Rappels
 traitement de l’anaphylaxie avec et sans choc par l’adrénaline : « Nous recommandons, encore que cela ne soit pas fondé sur preuves optimales, que l’administration d’adrénaline par voie intra-musculaire soit considérée comme le traitement de première intention dans la gestion de l’anaphylaxie » (Cochrane Database of Systematic Reviews du 8 octobre. 2008).
 L’adrénaline est le médicament de choix pour traiter les réactions anaphylactiques susceptibles de survenir, notamment dans le cadre de l’immunothérapie spécifique sous-cutanée.
 L’adrénaline devrait être administrée dès les premiers signes annonçant une réaction.

Anaphylaxie : qui faut-il traiter par adrénaline ? À qui faut-il en prescrire ? (P.A. Greenberger, Chicago, Illinois)

L’anaphylaxie est une réaction systémique aiguë, engageant le pronostic vital, qui relève de mécanismes, d’aspects cliniques et d’une sévérité variés. La gravité du processus tient à la libération soudaine de médiateurs chimiques issus des mastocytes et des basophiles. Mais les réactions anaphylactiques ne sont pas uniquement le résultat d’une hypersensibilité de type immédiat en rapport avec la libération de médiateurs chimiques provenant des mastocytes et des basophiles comme l’histamine, les leucotriènes et les prostaglandines. En effet, d’autres médiateurs chimiques, dérivés de cellules non mastocytaires, sont recrutés en cascade (facteurs de coagulation et complément, par exemple) qui sont également responsables de bien des symptômes qui surviennent lors des réactions anaphylactiques).

Critères sur lesquels sont basés le diagnostic d’anaphylaxie et donc la nécessité d’administrer de l’adrénaline injectable :

1) survenue rapide de symptômes cutanés (urticaire, prurit, flush, angio-œdème) associés à au moins un des signes suivants :
 symptômes respiratoires,
 baisse de la pression artérielle ;

2) deux des éléments suivants ou davantage survenant rapidement après l’exposition à un antigène plausible :
 participation cutanée ou muqueuse au processus,
 symptômes respiratoires,
 baisse de la pression artérielle ;

3) baisse de la pression artérielle, syncope, après exposition à un allergène connu ;

4) après exposition à un allergène connu, présence de n’importe quel symptôme caractéristique de l’anaphylaxie comme du prurit, un flush, de l’urticaire, une respiration courte ou du wheezing (ce dernier est à noter tout particulièrement en ce qui concerne l’immunothérapie allergénique).

L’histoire de la maladie est l’outil le plus important dont on dispose pour déterminer si un patient a présenté une réaction anaphylactique et quelle en fut la cause.

Les tests de laboratoire peuvent aider à confirmer un diagnostic d’anaphylaxie mais le timing de tels examens est essentiel (dosage de la tryptamine sérique, par exemple).

Pour bien gérer les patients qui ont présenté un épisode anaphylactique, il faut savoir les éduquer :
 stratégies de prévention et d’éviction individualisées, prenant en considération des facteurs personnels tels que l’âge, l’activité, la profession, les passe-temps, les habitudes, les hobbies, la résidence, les comorbidités éventuelles et les traitements en cours ;
 auto-prise en charge de l’anaphylaxie basée sur l’établissement d’un plan d’action d’urgence.

L’adrénaline injectable est le médicament de choix de l’anaphylaxie. La dose appropriée d’adrénaline doit être administrée rapidement dès que survient une réaction anaphylactique : il faut absolument insister sur la nécessité d’un traitement précoce et, en particulier, sur l’auto-injection d’adrénaline.

DIVERS

Réchauffement climatique (John Spengler, Boston, Massachussetts)

L’élévation de la température ambiante d’un degré Celsius se traduit par 5% de moisissures en plus dans l’atmosphère.

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