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Congrès de l’EAACI 2011 : Dr Michel Piot
mercredi 15 juin 2011, par
Manifestations gastro intestinales de l’allergie.
Oral Alpan US
Les manifestations gastro intestinales de l’allergie alimentaire sont polymorphes IGE médiées et non IGE médiées
Les pathologies à éosinophiles augmentent de fréquence.
Parmi celles-ci l’oesophagite à éosinophile ( OE) est la plus fréquente.
Elle se manifeste par des nausées, des vomissements, des douleurs abdominales une perte de poids, et chez le nourrisson et le jeune enfant une irritabilité et des troubles du sommeil.
L’hyper éosinophilie sanguine
- est présente chez 10 à 50% des adultes avec OE,
- elle est plus fréquente chez l’enfant .
- Elle est bien corrélée avec l’infiltration éosinophile de la muqueuse .
- Elle diminue lorsque le traitement corticoïde topique est efficace.
L’Eotaxin 3 et l’IL5 sont également des marqueurs de la gravité et de la réponse au traitement.
L’endoscopie montre
- des plaques blanchâtres sur plus de 10% de la surface de la muqueuse et une sténose de la lumière avec des plis épaissis.
- Les formes les plus graves montrent une muqueuse hémorragique qui saigne au contact.
- L’insufflation d’air lève la sténose.
- En histologie on retrouve un infiltrat à éosinophiles qui peut être très important et une hypertrophie de la membrane basale, parfois chez l’adulte surtout, des impactions alimentaires.
Le diagnostic différentiel principal est le reflux gastro oesophagien ( RGO) .
- Il se fait sur l’enquête allergologique positive pour des aliments dans 70% cas dans l’ OE ,
- la biopsie et l’aspect endoscopiques pour l’OE
- et la phmétrie positive pour le RGO,
L’OE se complique dans 30% des cas de l’adulte et 10% des cas de l ‘enfant .
- Il s’agit de sténoses qui nécessitent des dilatations parfois répétées et de blocages alimentaires.
- La rupture avec pneumo médiastin et pneumo péritoine peut être spontanée ou iatrogène, surtout avec les endoscopes rigides.
Le traitement repose sur l’éviction alimentaire et la corticothérapie topique.
Les anticorps recombinants anti IGE (Mepolizumab) sont efficaces sur l’infiltration à éosinophiles et la dysphagie.
Impact psychologique et économique de l’allergie alimentaire.
Anthony DUBOIS Pays bas
Quel est l’impact de l’allergie alimentaire sur la société européenne en terme de coûts financiers, de productivité et de qualité de vie ?
En France le coût mesuré par le réseau national de l’anaphylaxie est estimé à 4,8 M € mais il est probablement sous estimé.
L’étude multicentrique Europrevall réalisée dans 9 pays européens dont la France cherche à apporter des réponses plus précises.
Il s’agit d’une étude cas /contrôle portant sur 1849 sujets.
Le recours aux structures de soins est plus fréquent chez l’adulte (12 fois versus 7.5 fois chez les contrôles , p< 0.01) et chez l’enfant ( 10.5 versus 6.5 fois , p< 0.01).
Les hospitalisations sont plus fréquentes chez l’adulte (1.5 versus 0.5) et chez l’enfant ( 0.75 versus 0.5) .
Le coût annuel des soins est également plus élevé chez l’adulte (1958 versus 1150 ; p<0.01) comme chez l’enfant.(1806 versus 823 : p< 0.01).
Le coût croit avec la gravité de l’allergie alimentaire.
En moyenne le coût des soins de sujets allergiques alimentaires est le double des cas contrôles.
Ce coût représente environ la moitié de celui de la rhinite allergique pourtant beaucoup plus fréquente.
Les échelles de qualité de vie montrent aussi un retentissement important, supérieur à celui du diabète insulino-dépendant.
Induction de tolérance orale dans l’allergie alimentaire : un traitement d’avenir dans l’AA ?
Andrew Clark UK
L’allergie alimentaire sévère ou persistante fait courir un risque et réduit la qualité de vie par peur de réactions sévères, potentiellement mortelles et par la limitation dans le choix des aliments.
Le régime d’éviction est insuffisamment efficace, ne met pas à l’abri de réactions sévères lors d’erreurs du régime et gêne considérablement la vie en société.
L’alternative est une immunothérapie orale avec l’aliment natif mélangé quotidiennement à l’alimentation habituelle à doses croissantes pendant 6 à 12 mois.
On obtient selon les études entre 50 et 80 % de désensibilisation complète au prix d’effets secondaires allant de 20 à 100%.
Dans l’allergie sévère au lait on observe un bon résultat (tolérance de 150 ml de lait ) dans la moitié des cas et un échec dans 10% des cas.
Dans l’immunothérapie à l’arachide, on observe environ 50 % de tolérance complète entre 6 mois et 2 ans. Presque tous les patients augmentent leur seuil de tolérance.
Ces traitements provoquent dans 50 à 100 % des cas des réactions modérées, il y a peu de réactions respiratoires et l’utilisation d’Adrénaline est exceptionnelle.
Les réactions adverses surviennent plus fréquemment lors d’infections intercurrentes, du sport, de l’exposition à d’autres allergènes, lors des règles et du manque de sommeil.
Pour l’arachide, on dispose d’études comparant des rush en 24h, en 7 j et des progressions lentes sur 6 à 12 mois avec une augmentation de dose quotidienne ou 2 fois par semaine.
Les techniques lentes permettent d’atteindre une dose tolérée plus forte dans un plus grand nombre de cas.
Lorsque les IgE spécifiques pour l’arachide sont inférieures à 23, on a une meilleure tolérance.
Si elles sont supérieures à 23, on est obligé de réduire la dose dans 2/3 des cas.
Les 6 premiers mois sont la période la plus à risque d’effets secondaires. Ensuite on observe une réduction du risque d’anaphylaxie et une meilleure qualité de vie.
A l’arrêt de l’immunothérapie il faut maintenir une consommation régulière de l’aliment mais on peut espacer les prises avec le temps.
Les études montrent, sous immunothérapie orale, une diminution de la réponse des basophiles, une augmentation des IgG4 et des T régulateurs, une diminution des IgE spécifiques et des cytokines TH2 dépendantes.
Les voies d’avenir sont représentées par l’immunothérapie sublinguale pour les sujets réagissant à de très faibles doses d’allergènes et peut être par l’immunothérapie intra-lymphatique.
Globalement la balance penche dans le sens l’immunothérapie orale par rapport à l’éviction en raison de la diminution du risque de réactions secondaires sévères et de l’amélioration de la qualité de vie .
Allergie alimentaire et qualité de la vie.
Jonathan HOURIYANE Ireland
Les questionnaires de mesure de qualité de vie sont des instruments puissants permettant de mieux apprécier le retentissement de la maladie sur la vie du patient et de guider les choix diagnostiques et thérapeutiques pour une pathologie déterminée.
L’étude EuroPrevall a permis de valider des questionnaires de qualité de vie en rapport avec l’allergie alimentaire ( AA) adaptés aux adultes, aux adolescents, aux enfants et aux familles .
Ils permettent de mesurer l’impact de l’AA sur la vie quotidienne des patients et de leur entourage et d’évaluer les stratégies utilisées pour y faire face.
Des études précédentes ont montré que la qualité de vie des patients porteurs d’AA à l’arachide était très altérée, de façon plus importante que celle des patients diabétiques.
L’AA impose des règles qui entraînent des craintes et un stress accrus pour l’enfant et la famille.
Lors du diagnostic les parents se posent des questions anxiogènes : Que peut manger l’enfant ? Sa croissance sera-t-elle normale ?
Ce stress retentit sur les parents, l’enfant allergique, la fratrie.
Les mères ont une qualité de vie plus altérée que les pères ( p < 0.05 ), plus de stress( p < 0.01) et plus d’anxiété ( p < 0.05 ).
Il n’y a pas de différence en terme de qualité de vie entre l’enfant allergique et la fratrie qui est donc également atteinte, mais moins que la mère.
(Dunn Galvin ; Pediatrics. 2009 )
Le retentissement sur la qualité de vie dépend de l’age :
– Avant 8 ans, les enfants ont confiance en l’adulte et s’en remettent à lui pour assurer sa sécurité.
– Après 8 ans les enfants sont plus vigilants mais aussi plus anxieux.
– De 12 à 15 ans, l’adolescent commence à gérer lui-même sa vie avec souvent une sous-estimation de la gravité et l’adoption de conduites à risque .
Les repas à l’extérieur représentent un enjeu important dans la qualité de vie.
– Deux stratégies sont observées : soit éviter le risque, ce qui n’est pas toujours possible, soit communiquer avec l’entourage.
– Une étude ( Furlong ; 2001) portant sur l06 réactions avec l’arachide au restaurant montre que dans 85% des cas , quelqu’un dans l’entourage (cuisinier, famille) connaissait la présence de l’allergène ce qui révèle un manque flagrant de communication.
– Dans la moitié des cas, l’allergène était clairement visible, dans l’autre moitié des cas, il était caché.
– Dans 62 % des cas,le restaurant n’avait pas prévenu de la présence de l’arachide.
Après prise en charge par un allergologue
– 75% des patients voient leurs mesures d’éviction allégées,
– 24% inchangées,
– aucun n’a une augmentation des mesures d’éviction.
Pour les fruits à coque, l’éviction de l’arachide passe de 64 à 52% ( NS), celle de la noix de cajou de 60 à 36% ( p< 0.03), celle de la noix de coco de 40 à 6% ( p < 0.001 ).
Ces réintroductions et la simplification de l’éviction. entraînent une amélioration de la qualité de vie.
Après un test de provocation alimentaire , la qualité de vie s’améliore même si le test est positif.
(Szymanska AAAAI , 2010) .
Pour les enfants suivant une immunothérapie orale ( ITO) l’angoisse est plus importante : (OR à 3 par rapport aux sujets contrôle pour la crainte d’une réaction adverse sévère) .
Les volontaires pour l’IOT ressentent la maladie comme plus sévère (OR à 2), craignent plus une réaction sévère ( OR à 3 ) et craignent plus un décès (OR à 4) .
Lorsque l’ ITO est instaurée, on observe une amélioration de la qualité de vie, même pour les sujets sous placébo ! ! !
En conclusion, l’AA a un retentissement important sur la qualité de vie.
Ce retentissement varie selon l’age chez l’enfant. Il touche également les autres membres de la famille, spécialement la mère.
La prise en charge par un médecin allergologue améliore la qualité de vie.
Compte-rendu offert grâce au soutien du laboratoire ALK
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