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Journée Parisienne d’Allergologie Infantile : Dr Stéphane Guez
dimanche 20 octobre 2002, par
Les facteurs environnementaux semblent jouer un rôle essentiel dans la survenue de l’allergie. Par contre, l’immunothérapie, la désensibilisation, est un moyen thérapeutique efficace pour éviter son évolution.
Développement de l’asthme et de l’allergie : est-il encore temps de modifier notre environnement ?
Dr. Charlotte Braun-Fahrländer (Suisse)
Les notions sur la prévention de l’allergie évoluent : il semble qu’il soit nécessaire actuellement de réviser nos idées sur la responsabilité réelle de l’environnement dans l’augmentation de prévalence des maladies allergiques, les bactéries sont devenues nos amies….
A partir de données issues d’une vaste enquête Suisse (SCARPOL : programme de surveillance suisse des allergies et des symptômes respiratoires des enfants en fonction de la pollution et du climat), l’auteur et son équipe ont observé une augmentation de la prévalence de l’asthme et du rhume des foins de 15% environ entre les années 20 et 90 avec ensuite un plateau qui s’observe également dans d’autres pays Européens.
Ainsi, la tendance à l’augmentation des allergiques semble stoppée, à un niveau certes élevé mais certain.
Parallèlement, les conditions d’habitat se sont modifiées : la mode des tapis, des couvertures, des moquettes, typique des années 70 est passée ; il y a également moins d’animaux domestiques dans les maisons. Par contre l’exposition à la fumée de cigarettes persiste pour les enfants : mère qui fume et enfants qui fument.
Le rôle de la pollution dans l’asthme se fait à deux niveaux : rôle d’exacerbation, qui est certain, rôle inducteur qui est plus controversé.
Ainsi si une augmentation de la concentration en acariens induit une sensibilisation, la relation est moins claire dans l’apparition d’un asthme.
En fait la théorie hygiéniste semble actuellement plus à même pour expliquer l’augmentation et le maintien à un niveau élevé de la prévalence de l’asthme et du rhume des foins. De nombreuses études confirment un lien entre le fait d’habiter à la campagne et d’être moins allergique. Mais ce n’est pas le fait d’être à la campagne qui protège mais d’habiter dans une ferme. En particulier, les enfants qui s’occupent des animaux et boivent du lait fermier ont une incidence de maladies allergiques très faible par rapport aux enfants des villes ou aux enfants des champs n’habitant pas dans une ferme. Cela viendrait d’une exposition précoce aux endotoxines que l’on retrouve un peu partout dans les habitats ruraux losrqu’il y a contact avec des animaux de fermes.
En conclusion : l’auteur insiste sur la stabilisation des chiffres de prévalence d’asthme et d’allergie en Europe, sur le fait que l’environnement est certes important mais que les facteurs liés à l’hygiène sont actuellement prédominants, enfin que le changement des facteurs environnementaux était plus important dans les années 70 avec des changements de comportement de la société avec actuellement également une stabilisation des habitats.
Les données de cet exposé sont très intéressantes.
La stabilisation de l’incidence des maladies allergiques est rassurante et il est vrai en pratique quotidienne que l’on observe de plus en plus des conditions d’habitat qui à priori devraient mettre à l’abri d’une allergie.
Comme nos patients sont malgré tout allergique c’est que d’autres facteurs interviennent.
Il est vrai que depuis quelques années les publications vont toute dans le même sens, à savoir qu’une exposition aux infections et aux germes protégeraient de l’apparition d’une allergie.
Reste maintenant à trouver les moyens d’utiliser ces données pour prémunir la population à venir : faut-il mettre un cochon ou une vache dans le salon ? ou peut-on fabriquer des sprays d’endotoxines bactériennes que la maman vaporisera avec amour au dessus du berceau de son rejeton ? A suivre…
Chat, chien : quelles préventions ?
F. de Blay, A. Casset, C. Sohy.
Un article récent largement repris dans la presse fait état d’une possible prévention de l’allergie aux animaux chez les petit enfant d’atopiques en les exposant précocement et de façon massive aux animaux en particulier aux chats et aux chiens. Curieux et surprenant ; qu’en est-il vraiment sur cette question ?
Les auteurs font le point sur les données disponibles dans la littérature concernant les effets d’une exposition précoce aux allergènes de chat et de chien dans la petite enfance et l’apparition d’une sensibilisation et d’un asthme.
Il y a peu de données et elles sont contradictoires.
Certaines études ont bien montré que cette exposition pourraient induire un effet protecteur par le biais d’une augmentation des IgG4, mais aucune donnée n’est disponible pour dire combien de temps pourrait durer cette protection.
Par contre, on sait de façon certaine que la présence d’un animal à la maison à toutes les chance d’entraîner une sensibilisation puis une allergie chez le jeune atopique.
La prudence est donc de mise, et en l’absence de plus amples données sur la question, il est préférable d’éviter l’introduction d’un chat ou d’un chien dans la chambre du jeune allergique, qui s’il aime cet animal en « prendra » pour 10 à 15 ans selon l’espérance de vie dudit animal.
Cet article met donc un bémol à la publicité faite autour d’un article qui démontrait l’effet protecteur d’une forte exposition aux allergènes animaux dans la petite enfance, pour éviter ensuite d’y être allergique.
Il faut toujours analyser avec prudence de tels résultats et surtout refaire à chaque fois le point sur les données de la littérature, ce qu’à fait avec sa compétence habituelle et beaucoup d’objectivité le Pr. F de Blay.
Les lecteurs d’allergique.org ont bien de la chance, car ils bénéficient de ce regard pour tous les articles mis en ligne.
L’immunothérapie modifie l’histoire naturelle des maladies allergiques et prévient l’apparition de nouvelles sensibilisations.
J. Bousquet, P. Demoly.
Les données de l’immunologie donnent raison à l’obstination des allergologues qui sont persuadés, à juste raison donc, de l’intérêt de la désensibilisation dans le traitement curatif de l’allergie.
On désensibilise 1 ou 2 allergènes mais les atopiques sont souvent polysensibilisés : est-ce qu’une désensibilisation précoce à 1 allergène peut éviter le développement ultérieur d’autres allergies ?
Il y a quelques années le Pr. J. Bousquet avait publié une étude qui montrait qu’une désensibilisation précoce chez l’enfant diminuait la survenue ultérieure de nouvelles sensibilisations par rapport à un même groupe d’enfant également allergique mais qui n’était pas désensibilisé.
Plusieurs articles publiés depuis vont également dans le même sens, aussi bien avec la désensibilisation classique par voie sous-cutanée que par la désensibilisation plus récente par voie sublinguale.
L’analyse des données des études publiées confirme que la désensibilisation est actuellement le seul moyen de modifier le terrain immunologique de l’enfant et de prévenir le développement ultérieur de nouvelles allergies, certainement par le biais d’une action sur l’équilibre entre LTH1 et LTH2.
Il est confirmé que la désensibilisation aux pollens pour une rhinite prévient du risque de développer un asthme et il est possible de penser que l’immunothérapie pourrait être utilisée dans le cadre de la prévention secondaire de l’asthme.
Le Pr. J. Bousquet, sommité du monde allergologique, publie depuis plusieurs années des études cliniques qui montrent l’intérêt de la désensibilisation, études novatrices dont les données sont toujours confirmées les années suivantes par d’autres études tant cliniques que fondamentales.
C’est dire le poids de son opinion qui oriente réellement en Europe la prise en charge des allergiques.
Son exposé confirmant la protection de nouvelles sensibilisations chez le jeune enfant grâce à la désensibilisation doit donc inciter à utiliser largement ce traitement, en particulier par la voie sublinguale qui est la plus adaptée à l’enfant.
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