EAACI 2014 : le congrès de Céline PALUSSIÈRE

jeudi 12 juin 2014 par Dr Céline Palussière1918 visites

Accueil du site > Evènements > Comptes rendus > EAACI 2014 : le congrès de Céline PALUSSIÈRE

EAACI 2014 : le congrès de Céline PALUSSIÈRE

EAACI 2014 : le congrès de Céline PALUSSIÈRE

jeudi 12 juin 2014, par Dr Céline Palussière

Une année en revue. L’inflammation allergique muqueuse

Épithélium des voies respiratoires dans l’asthme

Emily Swindle, Royaume Uni

 1 L’asthme bronchique

Il s’agit d’une pathologie inflammatoire, qui se traduit par des bronchoconstrictions, une hyperréactivité et une obstruction bronchique. La persistance de l’inflammation conduit à un remodelage des voies respiratoires.

Il existe de nombreux phénotypes dans l’asthme, qui donnent des tableaux très différents. Il existe peu de nouveautés dans les thérapeutiques.

 2 L’épithélium des voies respiratoires : son rôle de barrière, physiopathologie

La muqueuse respiratoire constitue une barrière physique, chimique et immunologique.

  • Une barrière physique : Normalement il y a très peu d’inflammation dans les voies respiratoires. L’épithélium est polarisé et les transports de protéines sont très régulés à travers cette barrière, où des jonctions étroites régulent le passage du mucus et de certaines protéines.
  • Une barrière chimique : Le mucus trappe les bactéries, la muqueuse sécrète aussi des antioxydants et des peptides de défense de l’hôte.
  • Une barrière immunologique, qui permet une surveillance immunitaire : les chémokines permettent une communication avec les cellules immunitaires qui se trouvent sous l’épithélium.

 3 Dysfonctions de l’épithélium dans l’asthme

Les trois fonctions de barrière sont rompues où altérées dans l’asthme, ceci est visible sur des biopsies in vivo, et des cultures in vitro. Les cellules deviennent hyperréactives aux stimuli et au stress oxydatif. La sécrétion de mucus est augmentée.

Il existe une réponse exacerbée aux agressions virales, liée à un déficit en réponse IFN.

  • Le microbiome dans l’asthme : Les poumons ne sont pas stériles physiologiquement. Mais dans l’asthme il existe une augmentation des espèces pathologiques, notamment des espèces d’Haemophilus et de virus pathogènes.
  • Le mucus est un mélange complexe de protéines. Des études ont ciblé une protéine particulière, Muc5b, qui serait nécessaire pour la défense des voies respiratoires.
  • Muc5b agit dans la clairance mucocilliaire et dans l’immunité innée à la surface des voies respiratoires.
  • Dans l’asthme, le taux de macrophages est augmenté, avec une phagocytose limitée, une production d’IL23, et une apoptose accrue. Normalement, le mucus permet une évacuation des bactéries grâce à Muc5b sans déclencher de réaction inflammatoire.
  • Dans l’asthme, les gènes codant pour Muc5b sont parfois altérés.

Perturbations immunologiques : ces altérations de la barrière épithéliales débouchent sur des anomalies dans la sécrétion des cytokines, avec la suppression de l’immunité physique innée, recrutement de cellules de l’immunité innée, activation de cellule dendritiques IL C2, qui sont ensuite entretenues par les virus, bactéries et allergènes.

 4 Publications récentes au sujet de l’épithélium respiratoire :

Rôle des cellules épithéliales bronchiques dans l’élimination des cellules apoptotiques, et sécrétion de cytokines anti-inflammatoires par la voie du Rac-1.

Des études in vitro et in vivo sur la souris ont montré que les cellules apoptiques sont « englouties » par les cellules épithéliales bronchiques ce qui induit la sécrétion de cytokines.

Un défaut de la voie Rac1 dans les cellules épithéliales induit une augmentation de l’inflammation allergique et de la sécrétion d’IL 33, une diminution de l’IL10, une réponse exacerbée à l’exposition normales aux allergènes inhalés.

Un cristal d’acide urique induit une réponse Th2 aux allergènes via l’IL33

Le cristal d’acide urique MSU provoque la sécrétion d’IL 33 et de TSLP, et une réponse Th2, par diminution du seuil de reconnaissance des allergènes. Ceci pourrait dans l’avenir déboucher sur une cible de traitement de l’asthme.

Un signal convergent liant les virus et les allergènes oriente les cellules épithéliales dans la voie de l’inflammation.

MID1 fait partie des signaux pro inflammatoires, qui peuvent augmenter à la fois l’inflammation allergique et virale. Des récepteurs et ligands particuliers sont capables d’induire la sécrétions de médiateurs pro inflammatoires

 5 Quoi de neuf en 2014 au sujet du lien entre l’asthme et Rhinovirus ?

Rhinovirus est responsable d’exacerbations d’asthme. Il provoque une production normale d’IFN lorsque l’asthme est bien contrôlé ; dans l’asthme non contrôlé il existe un défaut d’IFN.

Ces données pourraient donc déboucher sur un traitement prophylactique pour protéger l’épithélium contre les infections à Rhinovirus.

Plusieurs études ont fait le lien entre infections à Rhinovirus, lésions épithéliales et sécrétion d’IFN, dans le but de trouver des cibles thérapeutiques.
*L’interleukine 1 provoque une réponse pro-inflammatoire mais pas une réponse antivirale, dans les cellules épithéliales infectées par un virus.
* L’anti TSLP (AMG 157) réduit la broncho-constriction médiée par les allergènes et l’inflammation chez l’homme. Ces anticorps montrent une réduction significative de la chute du DEP au cours des tests de provocation aux acariens.

La production locale d’IgE

Philippe Gevaert, Belgique

 1 Production d’IgE dans les voies aériennes

La majorité des IgE spécifiques d’allergènes détectables au niveau sérique ne sont pas originaires des cellules B du sang ou du plasma. La plus grande partie des IgE est située au niveau tissulaire.

Les cellules mémoires humaines naissent dans les centres germinaux des organes lymphoïdes.

Les cellules B productrices d’IgE dérivent des voies pathologiques dépendantes ou non des lymphocytes T.

 2 Production d’IgE dans la rhinite allergique et non allergique.

Depuis les années 80 la production locale d’IgE est connue dans les rhinites allergiques, mais elle existe également dans les rhinites non allergiques. En 2014, Rondon a montré dans le JACI que la rhinite liée à une allergie locale n’évolue généralement pas vers une allergie systémique.

Il est possible de rechercher les IgE dans les sécrétions nasales après recueil direct sur des disques de papier ou après lavage au sérum physiologique. Les IgE sont ainsi détectables pour les acariens et les pollens de graminées.

 3 Production d’IgE dans les polypes nasaux.

L’orateur a publié en 2013 une étude dans laquelle il a prouvé la présence d’IgE dans les polypes nasaux, et a montré leur production in situ par les cellules CD13.

Il existe des récepteurs pour les protéines recombinantes RAG1 et 2 dans les polypes et une sécrétion de chaines légères libres (kappa et lambda).

Ces processus pro-inflammatoires sont aggravés par un déficit en IgA sécrétoires.

La rhinosinusite avec polypes est caractérisée par une inflammation à cellules B

 4 Pertinence clinique

La production locale d’IgE participe à la pathologie, et constitue un risque prouvé d’apparition de l’asthme, comme dans la rhinite allergique systémique.

L’Omalizumab a fait preuve d’efficacité dans rhinite allergique et non allergique, avec polypose nasale et asthme, dans une petite étude portant sur 8 patients. L’amélioration était objective, avec normalisation de l’imagerie, et subjective, avec augmentation des scores de qualité de vie.

 5 Production locale d’IgE dans l’asthme

Il est possible de mettre en évidence des IgE et des cytokines dans les expectorations de patients asthmatiques non atopiques. Il existe une augmentation polyclonale des IgE au niveau sérique et muqueux : les IgE spécifiques d’un allergène restent négatives, mais leur taux est globalement augmenté. Il ne sont toutefois pas détectables dans le mucus des asthmatiques non allergiques.

Dans l’asthme intrinsèque, les phénotypes sont variables, mais les anti-IgE permettent une meilleure réponse aux virus et une diminution des exacerbations d’asthme. L’Omalizumab pourrait ainsi être efficace même dans les asthmes non allergiques.

Il est donc important de penser à chercher les IgE au niveau tissulaire et pas seulement au niveau sérique. On pourrait revenir à une classification de la rhinite et de l’asthme allergiques selon le mécanisme IgE-médié ou non IgE-médié.

La pathologie respiratoire allergique fait intervenir de très nombreux acteurs, et localement la barrière épithéliale a un rôle majeur. La compréhension des mécanismes physiopathologiques ouvre la porte à de nouvelles perspectives thérapeutiques.

La recherche d’allergie locale, avec présence d’IgE et de médiateurs de l’inflammation permet par ailleurs de mieux comprendre certains patients dont l’allergie n’est pas détectable au niveau systémique, et qui pourtant peuvent bénéficier de traitements spécifiques.


Session posters sur l’Allergologie moléculaire

Mimtags : utilisation de la technologie de phage display pour produire de nouvelles sondes protéiques spécifiques

Cenk Suphioglu, Australia

L’utilisation de sondes spécifiques de protéines dans le domaine de la protéomique concerne essentiellement deux champs : la cartographie des épitopes et les tests de détection.

La sélection aléatoire de mimotopes peptidiques (mimtags) permettrait aussi d’étiqueter des épitopes, à la place des anticorps monoclonaux habituellement utilisés

Dans cette étude, la technologie de phage display a été utilisée pour cribler une banque de peptides, pour identifier les mimtags candidats interagissant avec un récepteur de l’IL-4 et l’IL-13. Le phage M13 a peu être identifié, séquencé, produit et biotinylé, puis testé in vitro.

Les auteurs montrent donc que l’utilisation de la technique de phage display peut être utile pour l’identification et la caractérisation de mimtags spécifiques d’un épitope cible.

Cette technologie pourrait donc être utilisée dans le futur comme outil de test immunologique et de détection, ce qui permettrait une réduction des coûts et de la durée de traitement par rapport à l’utilisation d’anticorps monoclonaux.

Utilité de rAra h 2 dans la détection des enfants tolérants et allergiques, chez des enfants sensibilisés à l’arachide

Pasquale Comberiati, Italy

Le dosage des IgE vis à vis des composants allergéniques de l’arachide peut être plus contributif que celui de l’extrait global, en raison des différents profils de sensibilisation possibles selon les régions d’Europe.

Cette étude a cherché à évaluer l’intérêt du diagnostic moléculaire (IgE extrait global, Ara h 1, 2, 3, 8, 9) chez 32 enfants italiens sensibilisés avant la réalisation de TPO.12% d’entre eux ont eu un TPO positif.

5 enfants tolérants (sur 20) avaient des IgE vis à vis de l’extrait global > à 15kU.

Les taux d’IgE pour Ara h 1, 3, 8 et 9 n’étaient pas significativement différents chez les enfants allergiques et tolérants. Il existait en revanche une différence significative pour Ara h 2 : moyenne de 0,75kUA/l chez les allergiques contre 0.1kUA/l chez les tolérants (p<0,001).

Les taux d’IgE pour Ara h 2 sont donc significativement plus élevés chez les enfants ayant un TPO élevé. Les résultats de cette étude italienne concordent avec les données connues ailleurs et permettent d’éviter la réalisation de TPO dans un certain nombre de cas.

Épitope IgE dominant de Der p 5, allergène important de Dermatophagoïdes ptéronyssinus. Caractérisation par mutagénèse dirigée.

Sadjia Lahiani , Algerie

Les allergènes du groupe 5 des acariens font partie des allergènes majeurs.

Les épitopes de Blo t 5 ont déjà été caractérisés sur le plan séquentiel et conformationnel.

Le but de cette étude était la caractérisation de Der p 5 grâce à un programme informatique et la validation expérimentale des résultats trouvés.

Deux serveurs ont donc été utilisés : SEPPA et Disco Top. Les résidus chargés les plus exposés en surface ont été identifiés par mutagénèse dirigée.

Des mutations uniques ou multiples de l’Alanine ont été introduites par PCR, et les mutants produits par Pichia pastoris, puis purifiés. Quatre mutants ont été testés en ELISA sandwich, et ont prouvé une très faible réactivité IgE.

Cette technique permet donc de mettre en évidence les épitope B, dans l’objectif de développer des variants hypoallergéniques de Der p 5 pour l’immunothérapie spécifique.

Peptides résistants à la digestion des isoformes de conglutine Ara h 2 et Ara h 6, structure et liaison IgE

Danijela Apostolovic, , Serbie

Les isoformes de conglutines Ara h 2 et Ara h 6 sont considérés comme les allergènes les plus pertinents de l’arachide, car leur résistance à la digestion entraine une forte réactivité IgE.

Le but de l’étude était d’évaluer l’effet de la digestion sur la structure et l’IgE-réactivité des isoformes de la conglutine.

Les isoformes Ara h 2.01, Ara h 2.02 et Ara h 6 ont été digérés artificiellement avec de la trypsine. Les peptides résiduels ont été analysés en SDS-Page, 2D-Page, chromatographie, spectroscopie, spectrométrie de masse, Western-blot et Tests d’inhibition Elisa.

Leur masse était très proche de celle de l’allergène non digéré, et leur structure conformationnelle n’était pas altérée. Tous les peptides possédaient le même pouvoir IgE réactif que la conglutine native.

La digestion des allergènes Ara h 2 et 6 produit donc des peptides résistants, dont la structure et l’IgE réactivité sont conservées.

Recombinant déglycosylé de Ara h 8 – un composant intégral pour le diagnostic moléculaire de l’allergie à l’arachide.

Sabina Wünschmann, Etats Unis

Ara h 8, un homologue de Bet v 1, est un allergène peu abondant et instable, ce qui le rend difficile à purifier. Le but de l’étude était la production par Pichia pastoris d’un recombinant utile pour le diagnostic moléculaire.

Les recombinants de l’homologue Ara h 8.010 et l’allergène déglycosylé ont donc été exprimés dans la levure. La déglycosylation a été réalisée par substitution d’acides aminés. Plusieurs étapes de chromatographie ont permis un enrichissement.

L’allergène déglycosylé (N80Q) était comparé à rArah 8 et à Bet v 1 par SDS-Page et ELISA.

L’expression de rAra h 8 dans Pichia a aboutit à un mélange de formes hyper-glycosylées et de formes non glycosylées. Le SDS-Page a montré une réduction de la glycosylation dans N80Q.

L’ELISA confirme bien l’immunoréactivité de Ara h 8-N80Q chez les sujets sensibilisés aux pollens de bouleau.

La rupture des motifs de N-glycosylation de Ara h 8 a permis d’éviter les formes hyper-glycosylées de rAra h 8.

L’allergène déglycosylé permet de différencier les individus sensibilisés à l’arachide à risque de réaction sévère de ceux qui ne risquent qu’une réaction modérée en raison d’une réactivité croisée avec les pollens d’arbres. C’est donc un outil important pour éviter les réactions sévères de l’allergie à l’arachide.

Epidémiologie de la sensibilisation aux pollens évaluée par ImmunoCap ISAC dans le Nord-Est de l’Italie

Maria elisabetta Conte, Italie

Le but de l’étude était d’établir la prévalence de sensibilisation primaire, de co-sensibilisation et de réactivité aux panallergènes dans la population du Nord Est de l’Italie.

Les sera de 244 patients souffrant d’allergie aux pollens ont été analysés par la technique ISAC.

Dans l’ordre de fréquence, les pollens responsables de réactivité étaient :

  • les graminées,
  • le bouleau,
  • le cyprès,
  • l’olivier,
  • le plantain,
  • l’armoise,
  • la pariétaire,
  • la mercuriale,
  • la soude

Pour les pollens de graminées, les allergènes en cause étaient pour

  • 80% Phl p 1,
  • Cyn d 1 (63%),
  • Phl p 3 (53%),
  • 5 ( 51%),
  • 2 (44%),
  • 6 (31%),
  • 11 ( 23%),
  • 12 (15%),
  • 7 (2%).

La recherche combinée de Phl p 1, Phl p 4 et Cyn d 1 retrouve 94% des sujets allergiques aux pollens de graminées diagnostiqués par tests cutanés.

Les mêmes données sont disponibles pour les pollens d’arbres et d’herbacées.

  • 70% des sujets réactifs aux profilines avaient une sensibilisation primaire à Bet v 1 et 30% aux allergènes des graminées.
  • 63% des sujets réactifs aux polcalcines avaient une sensibilisation primaire à Bet v 1 et 37% aux allergènes des graminées.

Au total, la sensibilisation pollinique la plus prévalente dans le Nord Est de l’Italie concerne les graminées, suivi du cyprès, du bouleau et de l’olivier.

Les auteurs soulignent bien que la source allergénique responsable de sensibilisation aux panallergènes est le plus souvent le pollen de bouleau.

Réactivité croisée entre plusieurs allergènes impliqués dans les polysensibilisations chez les patients allergiques espagnols.

Eva Abel-Fernández, Espagne

La fréquence des polysensibilisations augmente dans le monde entier, et en particulier en Espagne. Elles sont liées à des cosensibilisations ou à des réactivités croisées, ce qui rend le diagnostic difficile, d’autant plus que les périodes de pollinisation se chevauchent.

Le but de l’étude était de mettre en évidence les réactivités croisées entre plusieurs espèces de pollens : Artemisia vulgaris, Cupressus arizonica, Olea europaea, Parietaria judaica, Phleum pratense, Platanus hispanica et Salsola kali.

Les sera de patients sensibilisés à ces pollens ont été collectés dans plusieurs régions d’Espagne, analysés en ELISA et poolés en fonction de leur réactivité aux pollens.
Les réactivités croisées étaient recherchées par inhibition ELISA, et classées en RC faible (10-30% d’inhibition), moyenne (30-60%) et forte (60-90%).

Des RC faibles et moyennes ont été retrouvées entre plusieurs pollens.

Tous les allergènes croisaient avec P. hispanica et S. kali , aucun avec P. judaica ou C. arizonica en phase solide. La spectrométrie de masse permettait l’identification d’allergènes majeurs et mineurs.

Plusieurs degrés de RC ont donc été détectés entre les différents extraits polliniques. Des allergènes partagés par tous ont été identifiés. Ceci permet d’adapter au mieux la composition de l’immunothérapie spécifique.

Prévalence de l’allergie aux fruits à coque en Espagne et performances diagnostiques des IgE spécifiques par micro-arrays

María Alonso, Espagne

Dans le cadre d’une étude multicentrique sur l’allergie aux pollens et aux aliments végétaux en Espagne, les auteurs ont analysé la prévalence de l’allergie aux noix dans un échantillon de 433 patients allergiques et 90 contrôles.

Ils ont analysé le profil de sensibilisation aux composants allergéniques et les performances diagnostiques de la puce ISAC 112 chez les patients allergiques à l’arachide, à la noisette et à la noix.

Ceux-ci ont été sélectionnés après prick-tests et histoire clinique lors de la consommation de noix (20%), d’arachide (18%), noisette (15%), châtaigne (5%) et noix de cajou( 0,7%).

  • 63% des patients allergiques à la noix étaient sensibilisés à Jug r 3, 11% à Jug r 1 et 7% à Jug r 2.
  • 50% des patients allergiques à l’arachide étaient sensibilisés à Ara h 9, 11% à Ara h 6, 4% à Ara h 2, 3% à Ara h 3 et Ara h 8.
  • 52% des patients allergiques à la noisette étaient sensibilisés à Cor a 8, 3% à Cor a 1 et Cor a 9.
  • 30, 45 et 42% des sujets allergiques à la noix, l’arachide et la noisette, respectivement, n’ont pas réagi à l’allergène majeur dans le microarray.
  • 72% étaient réactifs pour les LTP des autres sources, 13% pour les profilines, 6% pour les protéines de stockage des autres sources allergéniques.
  • Seuls 5% ne réagissaient à aucun allergène alimentaire végétal contenu dans la puce.

Au total, ISAC 112 possède une spécificité proche de 100%, et une sensibilité de 70, 48 et 58% pour le diagnostic d’allergie à la noix, l’arachide et la noisette, respectivement.

L’inclusion d’autres composants allergéniques améliorerait la sensibilité du diagnostic.

Production de fragments d’anticorps spécifiques d’allergènes à partir de cellules d’insectes pour les analyses fonctionnelles et structurelles.

Mélanie Plum, Danemark

Connaître les bases moléculaires de l’action du système immunitaire adaptatif reste difficile.

Les anticorps sont multivalents, et l’hétérogénéité des anticorps et allergènes complique la compréhension de leur interaction au niveau moléculaire. Les analyses fonctionnelles et structurelles nécessitent toutefois des anticorps spécifiques d’un allergène défini, par exemple avec la production recombinante de segments Fab monovalents.

Des fragments de chaine unique d’anticorps ont été transformés en Fab par fusion avec des chaines CH1 d’ IgG1 humaines et kCL, puis ils ont été produits après inoculation à des cellules d’insectes, et purifiés par chromatographie d’affinité. La fonctionnalité et l’affinité des anticorps obtenus étaient évaluées par ELISA et analyses SPR.

La production recombinante dans les cellules d’insecte est une stratégie fiable pour une production à grande échelle de Fab spécifiques d’un allergène et favorise l’analyse fonctionnelle et structurelle de la reconnaissance de l’allergène par un anticorps spécifique à un niveau monovalent.

La profiline domine le phénotype d’allergie alimentaire dans la région de Genève

Fabienne Gay-Crosier, Suisse

Les patients qui viennent consulter à Genève ont des origines ethniques diverses. Les auteurs ont analysé les profils de sensibilisation aux panallergènes PR10, profiline et LTP, le profil de sensibilisation alimentaire à cette population exposée à au moins 4 groupes de pollens.

70 patients d’Europe ont été recrutés en fonction de trois régions d’origine : Europe (Ouest, Centre, Est), d’Europe du Sud, et d’Asie-Afrique et Amérique du Sud. Ils ont été explorés par la technique ISAC 112, par des tests cutanés avec une LTP de pêche, une profiline de palme, et par un examen clinique.

La majorité des patients des trois groupes étaient sensibilisés à la profiline puis à la PR10 puis à la LTP.

63% des patients sensibilisés à la LTP et 40% à la profiline souffraient d’allergie alimentaire, en particulier au melon ou à la pastèque.

Les résultats obtenus avec la puce ISAC étaient comparables aux tests cutanés en ce qui concerne la sensibilisation à la LTP ou à la profiline mais permettait de diagnostiquer 30% de patients sensibilisés au melon en plus.

Tous les groupes étudiés montraient donc un fort taux de sensibilisation aux panallergènes, ce qui conduit à des tableaux complexes de réactions croisées alimentaires.

La source d’exposition aux profilines et aux LTP n’est pas seulement alimentaire mais aussi respiratoire, avec dans la région de Genève une exposition dominante aux pollens de graminées.

Le test Ana o 3 en ImmunoCAP améliore le diagnostic moléculaire de l’allergie à la noix de cajou et à la pistache.

Savvatianos S, Grêce.

L’allergie à la noix de cajou est rattachée à l’allergie à la pistache. Le fort degré de réactivité croisée in vivo et in vitro suggère l’existence d’un « syndrome de l’allergie à la noix de cajou et à la pistache ».

Le diagnostic basé sur les IgE vis à vis des extraits globaux est tout à fait insuffisant ; il surestime largement les patients allergiques par rapport aux tolérants.

Le but de cette étude était d’évaluer l’apport du diagnostic moléculaire pour ces allergies.

Les séra de 101 enfants de 8 ans en moyenne, allergiques à la noix de cajou et/ou à la pistache ont été analysés avec recherche d’IgE vis à vis de Ana o 2 (11S globuline), Ana o 3 (2S albumine) et des extraits globaux conventionnels.

Les sera de 71 enfants tolérants ont été utilisés comme contrôle. Les courbes ROC et les performances diagnostiques ont été calculées pour chaque méthode.

Le test pour Ana o 3 a prouvé les meilleures caractéristiques pour l’allergie à la pistache et à la noix de cajou. Sa sensibilité était proche de celle de l’extrait global (95%), mais la spécificité était meilleure (97% versus 63%). Le test permettait aussi une bonne distinction des enfants allergiques et tolérants, avec une sensibilité de 92% et une spécificité de 96%.

Le test Ana o 3 est donc un outil qui améliore le diagnostic du syndrome d’allergie à la pistache et noix de cajou chez les enfants.

Pectate-lyases des pollens : identification des sensibilisateurs les plus puissants par détermination du profil moléculaire.

Wolf M, Autriche

Les pollens des Astéracées sont une source allergénique importante, en particulier l’armoise et l’ambroisie qui pollinisent en fin d’été. Leurs allergènes majeurs, Amb a 1 et Art v 6 sont des enzymes pectate-lyase.

Des pectate-lyases ont été identifiées dans d’autres pollens comme des Cupressacées dont les plus importants représentants sont Jun a 1, Cup a 1, Cup s 1 et Cry j 1.

Afin de préciser le profil de sensibilisation, les séra de patients de 4 régions distinctes (Autriche, Canada, Italie et Japon) ont été testés par ELISA et ELISA inhibition avec les pectate-lyases les plus pertinentes. Pour déterminer leur pouvoir sensibilisant, des souris ont été immunisées avec ces allergènes et la réponse cellulaire et immune a été mesurée.

Les auteurs ont retrouvé de forts degrés de réactivité croisée entre les allergènes au sein des familles d’Astéracées et de Cupressacées mais peu entre les deux familles.

Amb a 1 et Cry j 1 ont été identifiés comme les agents sensibilisateurs les plus puissants des Astéracées et des Cupressacées dans les différentes cohortes de patients, et ont montré un fort pouvoir allergisant chez la souris.

Ceci permet d’affiner les outils pour le diagnostic et le traitement de l’allergie aux pectate-lyases.

Profil de sensibilisation aux CCD chez les patients allergiques de l’aire méditerranéenne en Espagne

Salqueiro R, Espagne

Les CCD ( Carbohydrate Cross-reactive Determinants) sont des épitopes glucidiques avec de fortes homologies structurelles, en cause dans de nombreuses réactions croisées entres diverses familles de protéines allergisantes.

L’objectif était d’étudier le profil de sensibilisation aux CCD chez des patients allergiques (rhinite, asthme, allergie alimentaire) espagnols de la zone méditerranéenne.

336 patients ont été testés avec la biopuce ISAC 112, le test pour Ole e 1 n’a pas été pris en compte en raison de sa forte pertinence clinique dans la région.

7% des sujets étaient positifs pour les CCD, 95% pour Cup a 1 du cyprès, 94% pour Phl p 4 de la fléole, 79% pour Pla a 2 du platane, 75% pour Jug r 2 de la noix, 70% pour Cry j 1 du cèdre et 62% pour la broméline.

Jug r 2 est le seul allergène positif chez la majorité des allergiques à la noix, et Phl p 4 est le seul allergène de 31% des sujets allergiques aux pollens de graminées.

70% des sujets sont allergiques aux LTP, avec une positivité de Cry j 1, Cup a 1 et Pla a 2.

L’allergène glycosylé le plus fréquemment détecté est Cup 1. Le meilleur marqueur de sensibilisation aux CCD est Jug r 2 et non MUXF3. La pertinence clinique de ces données devra être évaluée.

Allergénicité de la poudre d’œuf entier pasteurisé comparée à celle de l’œuf entier frais.

Netting M.J, Australie

L’allergie à l’œuf est une des allergies IgE médiées les plus fréquentes. On utilise de l’œuf frais pour les TPO, mais certains allergologues utilisent de la poudre d’œuf pasteurisé pour des raisons pratiques.

Les 5 allergènes majeurs de l’œuf sont : l’ovomucoïde, l’ovalbumine, l’ovotransferrine, le lysozyme et la sérum albumine. La pasteurisation et le processus de séchage peuvent affecter la structure des protéines et donc modifier l’allergénicité par rapport à l’œuf frais.

Cette étude a analysé l’IgE réactivité de l’œuf digéré et non différé in vitro pour l’œuf frais et pour la poudre d’œuf pasteurisé.

Un pool de sera de 5 enfants allergiques a été utilisé pour incubation avec des protéines d’œuf frais et en poudre, digéré et non, pour l’œuf entier et le jaune et le blanc d’œuf séparés.

Les bandes protéiques correspondant aux poids moléculaires des allergènes connus ont été retrouvées dans la préparation d’œuf cru et d’œuf en poudre. Après digestion artificielle, les bandes de 250 et 120 kDa n’étaient plus détectées.

Les IgE sériques avaient les mêmes réactivités dans l’œuf frais et dans l’œuf en poudre. La digestion in vitro n’aboutissait pas à une diminution de l’IgE réactivité. La réactivité pour le jaune d’œuf digéré et non digéré était également importante.

Cette étude montre donc que les allergènes principaux de l’œuf sont toujours présents dans la poudre d’œuf, et que l’IgE-réactivité des sujets allergiques est semblable, ce qui permet d’une faire un substitut à l’œuf cru dans la pratique des TPO.


Leçons apportées par les études comparatives internationales dans l’enfance

Dans l’asthme

Jon Genuneit, Allemagne

 1. ISAAC

Il n’y a qu’une étude qui permet de prendre du recul sur l’évolution de l’asthme : ISAAC, International Study of asthme and Allergy in Childhood.

Cette étude a permis d’évaluer la prévalence, la sévérité de l’asthme, de la rhinite et de l’eczéma chez les enfants et de comparer des données entre pays.

Elle se déroule en trois phases :

  • Phase 1 : questionnaire rempli par les parents, portant sur la sevérité et la prévalence
    _* Phase 2 : recherche des facteurs étiologiques potentiels
  • Phase 3 : répétition de la phase 1 des années après pour en voir l’évolution

Les pays anglophones sont les pays où la prévalence des pathologies allergiques est la plus haute ; on observe de très grandes disparités de fréquence selon les régions.

 2. Que signifient les différences entre les pays ?

 il peut s’agir de problèmes de méthodologie, notamment dans le recrutement des sujets testés. Les problèmes de langage induisent aussi des discordances : les questionnaires par vidéo induisent une prévalence plus faibles, alors que les questionnaires écrits voient les résultats augmenter lorsque la langue anglaise est maitrisée.

 génétique : les différences génétiques ne peuvent expliquer les différences de prévalence au sein d’un même pays, ou même d’un pays à l’autre. Elles pourraient éventuellement retrouver des différences d’un continent à l’autre, mais les variations génétiques ne peuvent apporter de bonne réponse à ce problème

 environnement : les paramètres étudiés dans ISAAC étaient : le Produit Intérieur Brut, l’alimentation, les taux d’immunisation, les antécédents de tuberculose, la consommation de tabac, la prise de paracétamol, l’exposition aux pollens, la prise d’antibiotiques, la pollution, l’exposition aux moisissures.

La consommation de paracétamol a la plus forte corrélation avec la prévalence des sifflements expiratoires. Il faut toutefois se méfier des facteurs de confusion pour interpréter cette donnée (l’atopie constitue un facteur de risque pour les infections).
L’atopie est un facteur important au niveau environnemental, mais au niveau d’un centre ce facteur n’est pas retrouvé.

L’allaitement maternel n’apparait pas comme facteur décisif dans les différences. Il existe en revanche une forte corrélation entre le tabagisme pendant la grossesse et les sifflements de l’enfant.

La phase 3 de ISAAC (de plus grande ampleur) permet de dégager d’autres facteurs étiologiques : prise de paracétamol, antibiotiques, allaitement maternel, régime (fast food), BMI, activité physique, vie à la ferme, trafic automobile.

Ces données environnementales ne tiennent pas compte des facteurs de risque individuels, il faut donc les interpréter avec prudence.

 3. Evolution

La phase 3 de l’étude apporte aussi des données sur la tendance de l’allergie entre 1994 et 2002.

En ce qui concerne l’asthme, on observe une augmentation de la prévalence dans les deux groupes d’enfants étudiés : 6-7 ans et 13-14 ans. On observe toutefois une stabilisation de la prévalence dans les centres où la prévalence de l’asthme était déjà haute. Dans le groupe des 13-14 ans, la prévalence est même en légère diminution.

Au total, on observe de grandes différences de la prévalence de l’asthme chez l’enfant en fonction des pays. Les facteurs prédictifs sont la prise de paracétamol la première année de vie, le tabagisme maternel, les facteurs diététiques.

La prévalence augmente dans la plupart des pays, les différences entre les pays ont tendance à se lisser.

La connaissance des différences de prévalence des pathologie atopiques entre pays permet de dégager certains facteurs environnementaux et comportementaux décisifs. Il faut toutefois se méfier de l’extrapolation de ces données au niveau individuel : les résultats issus de l’étude d’un centre n’est pas directement applicable aux individus, qui ont un terrain spécifique, une histoire, des antécédents particuliers.

Dans le rhume des foins et la sensibilisation

Luis Garcia-Marcos, Espagne

 1. Définitions

Dans l’étude ISAAC, la rhino-conjonctivite était diagnostiquée par un questionnaire portant sur les symptômes présentés dans les 12 derniers mois.

Pour l’atopie, la définition reposait sur un résultat de test cutané supérieur de 3 mm au témoin négatif, pour un panel d’allergènes standard, adapté en fonction de l’écologie des centres.

 2. Evolution et facteurs étiologiques

L’évolution de la prévalence retrouvée entre 1994 et 2002 a montré une forte augmentation de la pathologie atopique en Amérique du Sud, en Asie, en Europe du Sud et de l’Est. On observe en revanche une diminution en Europe du Nord.

Facteurs environnementaux (à l’échelle du Centre d’investigation) :
 Le climat
 la latitude : inversement corrélée avec la prévalence de l’allergie
 tuberculose : dans les centres où la notification de primo-infection était forte, la prévalence d’allergie était inférieure
 alimentation : la consommation de protéines d’origine céréalière apparait aussi comme étant liée avec une moindre prévalence
 Le PIB, la pollution, les comptes polliniques...

Facteurs étiologiques à l’échelon de l’individu :
 pour les allergies saisonnières, les pays riches ont une prévalence supérieure, alors qu’il n’y a pas de différence en ce qui concerne les allergies perannuelles
 La prise d’antibiotiques et de paracétamol au cours de la première année de vie est associée à un Odds ratio de rhino-conjocntivite allergique augmenté.
 La présence d’animal domestique apparaît comme un facteur de risque mais l’association reste faible.
 tabagisme passif : l’association entre la rhino-conjonctivite allergique et le tabagisme parental n’est pas forte, dans les deux groupes d’âges étudiés (OR 1,11).
 alimentation : la prise de repas dans les fast food est aussi correlée avec l’allergie, contrairement à la consommation de fruits et légumes.
 allaitement maternel : dans les 18 pays étudiés, l’effet était inconstant, variable selon les centres.
 humidité : associée à une prévalence supérieure de sensibilisation aux acariens, en particulier dans les pays riches

Au total les différents facteurs étiologiques incriminés sont très divers, et le lien statistique avec la prévalence de la rhino-conjonctivite est aussi très variable. Les données rapportées sur l’allaitement maternel et le tabagisme passif vont plutôt à l’encontre des dogmes actuels.

Dans l’eczéma

Castern Flohr, Royaume Uni

 1.Méthodologie

L’interêt de l’étude ISAAC repose sur l’utilisation d’outils validés et standardisés dans tous les centres d’investigation : questionnaires, examen clinique

La prévalence de la dermatite atopique est forte au Royaume Uni et en Scandinavie : supérieure à 15% à l’âge de 13-14 ans. Dans ces pays, la tendance évolutive est plutôt favorable, contrairement à ce que l’on retrouve dans les pays en développement, ceux-ci adoptant les modes de vie occidentaux.

Dans un seul pays comme l’Espagne, ont observe une augmentation de prévalence dans certaines régions et une diminution dans d’autres.

Globalement, les différences de prévalence entre pays ont tendance à se réduire.

L’utilisation des questionnaires a été validée après comparaison des résultats obtenus par questionnaires avec ceux d’un examen clinique. L’examen clinique montre généralement moins d’eczéma que les auto-questionnaires. La difficulté repose sur la période concernée, les lésions étant parfois fugaces.

Au niveau du centre d’investigation, des coefficients de corrélation sont utilisés. Le questionnaire peut suffire pour évaluer la prévalence et la tendance au niveau du centre, mais au niveau individuel, ces données sont insuffisantes.

 2. Lien entre l’allergie et l’eczéma

La sensibilisation allergique est-elle une cause d’ezéma ?

Il est toujours dfficile de savoir si l’eczéma est cause de sensibilisation ou si c’est le contraire. Il existe en tout cas une très forte association entre la dermatite atopique et l’eczéma plus tard.

Il existe de fortes disparités entre les pays riches et les autres. Dans les pays en voie de développement, la dermatite atopique n’est pas forcément liée à des sensibilisations allergiques, alors que l’association est très forte dans certains pays développés.

Les mutations de la filaggrine (FLG) ont été mises en évidence chez des enfants allemands, présentant de l’eczéma ou des sensibilisations.

L’allaitement maternel est toujours recommandé pendant les 6 premiers mois, mais ces données sont de plus en plus contestées. Dans les pays développés, l’allaitement apparaît même plutôt comme un facteur de risque (OR 1,16), aucune correlation n’étant retrouvée dans les pays en developpement.

L’étude EAT en cours au Royaume Uni étudie l’effet d’une diversification précoce associée à l’allaitement sur l’apparition de pathologie atopique.

Ces trois présentations se basent sur l’étude ISAAC, les données sont un peu redondantes. Quelques résultats récents sont plutôt nouveaux, mais l’ensemble confirme les premiers résultats déjà connus de l’étude.

Connaître les raisons des différences de prévalence de l’atopie entre les pays est très intéressant car cela permet d’avoir une bonne idée des facteurs étiologiques.


Symposium : “Menaces sur les consommateurs”

Les parfums : symptômes cutanés et respiratoires
Klaus Ejner Andersen , Danemark

Un parfum est un mélange entre des molécules parfumantes, des conservateurs, des fixateurs, des alcools...

Plus de 2500 composants peuvent être retrouvés, d’origine naturelle et chimique.

La composition est plus concentrée dans les parfums (15 à 30%), moindre dans les lotions corporelles (0,5%). L’allergie va donc dépendre de l’exposition cutanée à ces molécules.

 1 : Épidémiologie

La prévalence de l’allergie cutanée aux parfums est moins importante que ce que pensent les sujets atteints de dermatite atopique. Ceux ci affirment à plus de 7% qu’ils présentent une allergie aux parfums

Tout le monde est exposé aux parfums : 80% des cosmétiques en contiennent. Ils sont aussi retrouvés dans les produits pharmaceutiques (11% des médicaments contiennent des parfums en Belgique).

La prévalence de l’allergie de contact par des patch-tests positifs varie selon les études : de 1 à 4.2%. Cela dépend de la méthodologie des tests et de l’âge de la population testée.

La morbidité est analysée avec des analyses de régression logistique, elle induit la consommation de consultation médicale, de soins spécifiques...

Les patients se plaignent essentiellement de prurit chronique (47%) , la majorité se contente de certaines précautions d’usage (67% limitent leur utilisation). Il existe ensuite les lésions dermatologiques spécifiques.

Les conséquences peuvent être plus sérieuses selon la profession du patient, lorsqu’ils sont exposés aux parfums dans leur cadre professionnel.

Au niveau cosmétiques, les sources allergéniques les plus fréquentes sont les
parfums et déodorants.

Les déodorants et shampoings sont plus souvent en cause chez les hommes, les parfums chez les femmes.

 2 : Diagnostic

Le patch Fragrance mix 1 est un mélange de 8 composants parfumants, dont 7 sont chimiques et 1 naturel.

Fragrance mix 2 est venu compléter les explorations en raison de faux négatifs avec fragrance mix 1, avec 6 nouvelles molécules.

Il faut aussi explorer le Baume du Pérou et la Colophane.

Les allergènes les plus fréquemment rencontrés sont Fragrance mix 2 et HICC ( hydrocyisohexyl 3 cycloexane carbo aldéhyde).

Les déodorants sont les causes principales d’allergie de contact aux ingrédients des parfums. Ensuite viennent les eaux de toilette, les shampoings, gels douche, après rasage...

Lorsqu’un patch est positif pour un fragrance mix, il faut ensuite tester les composants détaillés des mélanges 1 et 2.

Une étude retrospective danoise sur plus de 12000 patients a retrouvé un patch positif pour fragrance mix 2 chez 500 patients. Ce test permet donc de dépister 25% de sujets allergiques aux parfums en plus par rapport au test seul de fragrance mix 1.

Le Baume du Pérou n’est plus utilisé sous forme naturelle depuis 1982. Il existe une co-réactivité avec Fragrance mix 1, avec un OR de 15.9 en cas de Baume du Pérou positif.

Les réactions allergiques cutanées peuvent aussi être dues à des allergènes formés par oxydation : les allergènes peuvent être formés dans le produits fini. Les terpènes sont ainsi des préhaptènes (en particulier pour le limonene et le linalool).

Test cutanés avec les produits cosmétiques personnels des patients (attention aux produits potentiellement irritants) : ils restent indispensables en raison de la variabilité possible des composants de tous les cosmétiques.

Si la pertinence clinique d’un patch n’est pas nette, il est possible de demander au patient de réaliser un ROAT, deux fois par jour, sur une surface de 5x5cm au pli du coude. La technique a été évaluée par comparaison avec des patch-tests à différentes concentration d’isoeugénol chez des patients sensibilisés. La réaction est souvent folliculo-papulaire, apparaissant en moyenne après 7 jours d’exposition.
Ce test permet de tester différentes concentrations, car il existe souvent un seuil de réactivité en deçà duquel les patients peuvent utiliser du parfum (par exemple sur les vêtements, de temps en temps) au lieu de leur imposer une éviction stricte.

 4 : Symptômes respiratoires allégués par les patients  :

Certains sujets se plaignent de ne pas pouvoir supporter l’odeur du parfum, même très faible. Malheureusement aucune étude n’a été menée pour évaluer précisément ces données, qui restent donc subjectives et empiriques.

L’allergie cutanée au parfum est fréquente, parfois compliquée à explorer, parfois invalidante pour les patients... Rien de très original dans cette présentation toutefois...

Dimethyl-fumarate : qu’avons nous appris ?
Ana Gimenez-Arnau, Espagne

 1 Utilisation du DMF

Le Dimethyl-fumarate = DMF, E297, C6H8O4

Cet esther est très volatile et contamine son environnement.
Il est utilisé dans de très nombreux domaines : produits industriels,résines, textile, ameublement...

Cette molécule est aussi utilisée dans certains médicaments, en particulier à visée dermatologique. Elle a été récemment autorisée dans le traitement de première intention de la sclérose en plaque.

Il existe une toxicité chez l’humain liée à l’exposition à des doses répétées. La molécule a une action irritante et allergisante.

DMF a une capacité à sensibiliser directement, qui a été prouvée chez les personnes qui le manipulent.

Cette molécule est beaucoup utilisée pour ses propriétés conservatrices antimicrobiennes et antifongiques.

 2 Historique

L’épidémie des années 2000 en Europe a montré des lésions très sévères d’eczéma de contact dans le dos ou le siège.

Ces lésions apparaissaient chez des sujets possédant depuis peu des canapés fabriqués en chine.

Le DMF a été identifié dans les sachets de conservateurs ayant contaminé tout le meuble, et les bilans réalisés chez les patients retrouvaient bien une sensibilisation forte à la molécule.

Par la suite, plusieurs cas d’allergie au DMF ont été trouvés chez des sujets souffrant d’allergie de contact à des chaussures, ayant aussi été fabriquées en Chine. Les patchs ont été réalisés, la plupart étaient réellement positifs, mais dans certains cas, le DMF avait seulement une action irritative. Des réactions de contact immédiate ont été observées chez des bébés.

 2 Normes

Le DMF ne devrait pas se trouver encore sur le marché (exception faite de l’utilisation pharmaceutique qui n’est pas concerné).

La Chine autorise une concentration allant jusqu’à 115mg/kg, plus que tout les autres pays qui ne dépassent pas 50mg/kg, et 3mg/kg en Europe.

Les sachets dessicateurs (silica) peuvent aussi être contaminés par le DMF et donc eux-même contaminer les textiles, meubles et jouets qui en contiennent.

Les associations de consommateur européennes proposent une limite à 0.1mg/kg mais l’oratrice suggère surtout une une interdiction permanente.

Attention donc à ce conservateur des textiles et mobiliers. On peut se demander, si la prévalence est tellement forte, si le patch-test ne pourrait figurer dans la Batterie standard ?

Conservateurs
Kristina Aalto-Korte, Finlande

Les conservateurs sont utilisés pour éviter la décomposition ou l’altération du produit tel que aliments, médicaments, cosmétiques (savons liquides, shampoings), peinture, colles, détergents... Tous les produits contenant de l’eau nécessitent la présence de conservateurs.

Il existe une régulation européenne : ils doivent être mentionnés sur les étiquettes de détergents, savons liquides, déodorants, auxquels les sujets sont beaucoup exposés dans la vie quotidienne.

La liste des conservateurs et leur concentration autorisée est établie au niveau européen.

Principaux conservateurs :

 1. Le mélange de methylchloroisothiazolinone et methylisothiazolinone (MCI/MI , Kathon CG) a causé une véritable épidémie d’allergie de contact dans les années 80 dans de nombreux pays européens.

En Finlande, la prévalence de sensibilisation à ces molécule serait autour de 4%.

Actuellement la concentration autorisée est << à 15ppm en Europe.

 2. La méthylisothiazolinone seule a ensuite été autorisée comme conservateur en 2005, à une concentration assez forte, 100ppm.

Son effet conservateur est moindre que MCI/MI mais il existe aussi un potentiel sensibilisant.

La prévalence de sensibilisation à la MI est maintenant supérieure à celle de MCI/MI en Europe. La fréquence est en très forte augmentation depuis quelques années.
En Finlande, elle atteint 13% en 2013.

Le comité européen de consommateurs préconise une concentration maximale de 15ppm dans les produits pouvant être rincés.

 3 : Methyldibromoglutaronitrile (MDBGN) : a été interdit en 2005 dans les produits à laisser sur la peau, et en 2007 pour les produits rincés.

 4 : Les parabens : sont de bons conservateurs du point de vue allergologique, les allergique de contact étant rares.

 5 : Les formaldéhyde et libérateurs de formol :
Les produits d’hygiène orale contiennent jusqu’à 0,1% de formaldéhyde libre, ce qui peut occasionner des lésions chroniques de dermatite allergique. Plusieurs libérateurs de formol sont autorisés dans les cosmétiques.

 6 : alternatives ethylhexylglycérine, phenoxyethanol...

 7 : chlorhexidine : le problème est celui d’un risque de réaction de type immédiat par contact. Les allergies de type retardé sont plutôt rares

Les conservateurs sont donc indispensables pour de nombreux produits, mais les molécules efficaces contre les microbes sont capables d’induire des allergies de contact. La MI est responsable de la plus grande épidémie d’allergie de contact jamais rencontrée.

Dans l’avenir il faudra limiter la concentration des conservateurs utilisés, et mieux prendre en compte les risques d’allergie.

Au total, rien de nouveau dans cette communication. Méfions nous des conservateurs, et notamment de la MI. Voilà...


Compte-rendu offert grâce au soutien du laboratoire ALK
Compte-rendu offert grâce au soutien du laboratoire ALK

Rechercher

En bref

categories

  Allergenes

  Maladies

  Fonctionnel