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Allergie aux profilines : il faut avoir le bon profil !
mardi 2 septembre 2003, par
Dans le cadre d’une allergie à un aliment du domaine végétal, l’Allergologue détermine des sensibilisations à des familles (bétulacées, graminées, prunacées…). Par contre, il ne sait pas à quelle famille protéique la réaction est due. Ici, les auteurs essaient de déterminer des critères cliniques en faveur de l’allergie à la profiline.
Détection des marqueurs cliniques de la sensibilisation à la profiline chez des allergiques à des aliments végétaux. : Riccardo Asero, MDa Gianni Mistrello, BScb
Daniela Roncarolo, BScb Stefano Amato, BScb Dario Zanoni, BScb Fiorella Barocci, BScc Gianni Caldironi, MDc Paderno Dugnano, Milan, and Rho, Italy dans JACI August 2003 • Volume 112 • Number 2
– CONTEXTE.
* Une classification appropriée des patients allergiques aux aliments végétaux est d’une importance primordiale du fait de la symptomatologie clinique des réactions allergiques aux fruits et aux légumes qui sont dépendantes de la nature et des caractéristiques des protéines responsables de la sensibilisation.
* Cependant, dans une démarche clinique classique c’est actuellement impossible.
– OBJECTIF. Nous avons cherché à détecter les marqueurs cliniques de la sensibilisation à la profiline.
– METHODES.
* Nous avons étudié soixante et onze patients allergiques aux fruits et aux légumes mais non sensibilisés à la protéine de transfert lipidique ou au latex.
* Nous nous sommes assurés de l’allergie alimentaire sur la base de l’histoire clinique et des tests cutanés positifs aux aliments frais, aux extraits commerciaux ou les deux.
* Les allergies alimentaires qui étaient responsables de moins de deux réactions étaient confirmées au moyen d’un test de provocation oral ouvert.
* Nous avons cherché des IgE spécifiques de rBet v1/rBet v 2 et de la profiline naturelle de Phléole.
* De plus, nous avons mesuré chez 52 patients par la méthode ELISA les IgE réagissant contre des fractions enrichies de pollen de bouleau de 30 à 40 kd et de 60 à 90 kd qui peuvent aussi être impliquées dans un phénomène de réaction croisée.
– RESULTATS.
* Sur la base de ces tests in-vitro, 24 patients étaient sensibilisés à Bet v1, 18 à Bet v 2 et 25 aux deux.
* Quatre patients avaient des tests négatifs pour ces deux allergènes.
* L’hypersensibilité à Bet v 2 étaient fortement associée à l’allergie clinique aux agrumes (39% chez les patients monosensibilisés à Bet v2 contre 4% chez les patients monosensibilisés à Bet v 1, P< 0,025), au melon et à la pastèque (67% contre 0%, P<0,001), à la banane (66% contre 8%, P<0,001) et à la tomate (33% contre 0%, P<0,05).
* Alors que la sensibilisation à Bet v 1 était associée cliniquement à une allergie à la pomme (100% contre 39%, P<0,001) et à la noisette (56% contre 0%, P<0,001).
* La sensibilité d’une histoire d’allergie aux courges, aux agrumes, à la tomate, à la banane ou à la combinaison de ces différents éléments en conséquence utilisable comme moyen de détecter les patients sensibilisés à la profiline était de 85% (41/48).
* La spécificité d’une allergie à plusieurs de ces fruits excédait les 85%, avec des valeurs prédictive positives situées entre 68 et 91%.
– CONCLUSION. En pratique clinique, dans le cas où le recours aux investigations biologiques n’est pas facile, l’allergie au melon, à la pastèque, aux agrumes, à la tomate et à la banane peut être utilisée comme marqueur de l’hypersensibilité à la profiline si une sensibilisation au latex et à la protéine de transfert lipidique n’existe pas.
Bet v 2 est la profiline du pollen de bouleau. Les profilines sont ubiquitaires du monde végétal, elles ont des fonctions régulatrices cellulaires.
On les retrouve partout, pollens d’arbres, pollens de graminées, pollens d’herbacées, fruits de la famille des prunacées, farines de céréales, légumineuses, cucurbitacées, ombellifères, solanacées, latex, fruits exotiques, châtaignes, noix, noisette, agrumes, etc… etc… Il est donc parfaitement logique que les auteurs montrent que les patients sensibilisés à Bet v 2 réagissent aux agrumes, aux cucurbitacées, à la banane, à la tomate.
Bet v 1, protéine de défense du pollen de bouleau, a des réactions croisées avec les protéines PR-10 (Bet v 1-like) comme Mal d1 allergène majeur de la pomme, on retrouve ce type de protéine dans les pollens de fagacées (réaction croisée pollen de bouleau/pollen de chêne), fruits de la famille des prunacées, légumineuses, ombellifères, noisette, etc… Là aussi, logique les auteurs trouvent qu’une sensibilité à la pomme et à la noisette évoque plutôt une sensibilisation à Bet v1.
En suivant les critères de cette étude, la sensibilité de l’allergie à Bet v 2 donc à la profiline est de 85% et la spécificité dépasse les 85% avec une valeur prédictive positive de 68 à91%.
Cette étude n’est pas une révolution.
Il suffirait aux lecteurs intéressés de se procurer auprès du Laboratoire Allerbio l’excellente mise au point concoctée par Henri Malandain (Laboratoire de Biochimie du Centre Hospitalier Chubert de Vannes) intitulée « allergènes, allergies, une histoire de famille ? 20 questions réponses ». Tout cela y est en détails. Le mérite des auteurs de cette étude, c’est d’avoir fait la démonstration pratique de la théorie. Oh miracle ! tout se confirme.
Il faut se souvenir qu’en France il est aisé de confirmer cette approche d’analyse clinique par le dosage des IgE spécifiques de rBet v 1 et de rBet v 2 (CAP System Pharmacia).
Il reste que les Allergologues n’ont pas encore à leur disposition des extraits pour tests cutanés ou pour désensibilisation Bet v 1 et Bet v 2. Cela serait vraiment un grand progrès pour le diagnostic et pour le traitement.
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