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Les tribulations d’un bébé italien allergique au lait de vache
lundi 30 décembre 2002, par
Une équipe de pédiatres italiens a réalisé une meta-analyse concernant les solutions de remplacement (lait de soja, chèvre, jument , ânesse, diète élémentaire) pour l’alimentation de nourrissons allergiques aux protéines du lait de vache lorsque l’alimentation au sein est impossible.
Laits infantiles à base de soja et laits d’origine non bovine : Muraro MA, Giampietro PG, Galli E. Department of Pediatrics, University of Padua, Padua, Italy. muraro@pediatria.unipd.it dans Ann Allergy Asthma Immunol 2002 Dec ;89(6 Suppl 1):97-101
– Contexte : l’allergie au lait de vache est couramment observée durant la première année de vie quand les besoins nutritionnels sont critiques. Dans cette situation quand l’allaitement au sein est impossible, un substitut au lait de vache sûr et approprié se doit être proposé.
– Objectifs : le premier objectif de cette revue est d’évaluer l’usage en clinique de laits d’origine végétale tel que le soja, ou d’origine animale telle que chèvre, jument, ânesse, ou encore d’un régime à base de nutriments essentiels chez les enfants porteurs d’une allergie au lait de vache.
– Méthodes : des recherches via Medline ont été menées avec les mots clés tels que soja, lait de chèvre, d’ânesse, de jument, et diète élémentaire. D’autres références furent extraites de livres ou d’articles. Les travaux originaux sous forme d’article ainsi que les revues générales furent retenus.
– Résultats :
* les laits infantiles à base de soja sont appropriés et peuvent être utilisés chez les enfants présentant une allergie igE médiée aux protéines de lait avec des manifestations non gastro-intestinales.
* Le lait de chèvre est aussi allergisant que le lait de vache.
* Les laits de jument et d’ânesse peuvent être utilisés dans quelques cas sélectionnés d’allergie au lait de vache après quelques modifications pour les adapter au goût de l’espèce humaine.
* Les régimes à base de nutriments essentiels sont à réserver aux cas les plus sévères d’allergie au protéines du lait de vache ( par exemple, une sensibilisation aux hydrolysats poussés de protéines).
– Conclusions :
* les laits d’origine végétale à base de soja ou les laits provenant d’autres espèces de mammifère, les préparations maison ainsi que les diètes élémentaires sont des alternatives validées pour les enfants avec allergie au lait de vache.
* Des essais cliniques poussés sont nécessaires quant niveau de sécurité de toute solution de remplacement à partir de lait provenant d’autres mammifères.
* Le choix d’un lait de remplacement devrait prendre en compte le profil clinique de tout enfant allergique aux protéines du lait de vache, particulièrement l’âge du patient, la sévérité des symptômes, le degré de sensibilisation aux protéines du lait de vache ainsi que l’association à d’autres allergies.
Les habitants de la ville de PADOUE , dont sont originaires les auteurs de l’article, peuvent s’enorgueillir de leur patrimoine culturel dont les célèbres fresques de GIOTTO et de leurs candides pédiatres hospitaliers qui remettent à l’honneur un débat aussi vieux que le sexe des anges par Medline interposé. Ces derniers ont eu toutefois la prudence dans leurs recommandations d’exclure les formes gastro-intestinales (diarrhée chronique) de l’intolérance aux protéines du lait de vache déjà source de dénutrition .
Soyons sérieux le lait de chèvre est à bannir car sources de carences particulièrement en folates ; lait d’ânesse et de jument fort incommodes en raison de la rareté du produit et des problémes de gôut.
Les seules alternatives pour nourrir un enfant de moins de 1an allergique aux protéines du lait de vache dont l’allaitement est impossible sont les hydrolysats de caséine ou de sérum albumine de porc à la rigueur, sachant qu’une fraction des enfants peut être également allergiques aux peptides issus de l’hydrolyse imposant l’apport de nutriments à base d’acides aminés essentiels (Neocate) pour l’apport protéique, d’où l’intérêt d’un prick test avec l’hydrolysat proposé à l’enfant pour le dépistage d’une telle éventualité.
Rappelons que la croissance est fréquemment perturbée chez les nourrissons à révélation précoce de symptômes d’allergie au lait de vache, et que l’utilisation de formules hypoallergéniques contenant 100% d’acides aminés libres a permis d’améliorer la croissance comparativement à un hydrolysat poussé de protéines (Isolauri et al.1995.J.Pediatr.127 ; 550-557).
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