Désensibilisation : la quête du Graal n’est plus une utopie...

dimanche 22 février 2004 par Dr Stéphane Guez1160 visites

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Désensibilisation : la quête du Graal n’est plus une utopie...

Désensibilisation : la quête du Graal n’est plus une utopie...

dimanche 22 février 2004, par Dr Stéphane Guez

Pouvoir disposer d’un produit de désensibilisation à la fois efficace c’est à dire entraînant une réponse TH1 et diminuant ou annulant la réponse TH2 à l’allergène, et cela sans aucun risque pour le patient, est un rêve qui berce le sommeil de tous les allergologues de France et de Navarre. Et si ce n’était plus un rêve ?

Un conjugué associant une immunostimulation par un allergène et un oligodeoxynucléotide : un nouvel allergoïde pour la désensibilisation. : Spiegelberg HL, Horner AA, Takabayashi K, Raz E.

Department of Pediatrics, and the Sam and Rose Stein Institute for Research on Aging, University of California, San Diego, School of Medicine, La Jolla, California 92093-0833, USA. hansspiege@aol.com

dans Curr Opin Allergy Clin Immunol. 2002 Dec ;2(6):547-51.

 Objectif de cette revue de synthèse :

  • Résumer les données à la fois des études pré cliniques et des premiers essais thérapeutiques sur un nouvel allergoïde pour la désensibilisation spécifique allergénique.
  • Cet allergoïde consiste en un couplage covalent entre un allergène à des séquences immunostimulantes d’oligodeoxynucléotide (DNA).

 Données récentes :

  • Les séquences oligodeoxynucleotides DNA, aussi appelées motifs non méthyles de dinucleotide cytosine-guanine, sont des inducteurs puissants d’une réponse lymphocytaire T de type TH1 en tant qu’adjuvant chez la souris.
  • Bien que mélanger des allergènes avec ces séquences induisent des réponses T helper de type 1 chez des souris ayant préalablement une réponse de type TH2, les allergènes dans de tels mélanges pourraient encore induire des manifestations anaphylactiques chez l’homme.
  • C’est la raison pour laquelle les auteurs ont réalisé un conjugué immunostimulant allergène avec oligodeoxynucleotide et ont étudié son immunogénicité et son allergénicité dans un modèle allergique animal.
  • Ces conjugués ont une activité immunologique forte dans l’induction d’une réponse antiallergique TH1, et inversent la réponse TH2 ainsi que les symptômes d’asthme dans un modèle murin.
  • Ils sont également moins allergéniques comme le montrent les réactions avec les IgE spécifiques humaines et le test de libération des basophiles humains de patients allergiques.
  • Des études préliminaires de phase I et II chez des patients allergiques à l’ambroisie montrent que ces conjugués sont bien tolérés, sont moins allergéniques, et induisent des IgG spécifiques des allergènes de façon plus rapide que les extraits allergéniques, sans augmentation significative du titre des IgE.

 Conclusion :

  • Ces conjugués combinant une immuno-stimulation par DNA et allergène induisent une réponse TH1 et diminue la réponse préexistante de type TH2 en réponse à des allergènes chez la souris.
  • Des essais cliniques de phase I et II chez des patients allergiques à l’ambroisie montrent que ces conjugués (allergène d’ambroisie et DNA) sont bien tolérés et induisent une augmentation rapide des IgG spécifiques mais pas des IgE spécifiques.
  • Ces données montrent que ces conjugués représentent un nouveau type d’allergoïde qui ont un grand potentiel en terme de sécurité et d’efficacité dans une nouvelle approche de la désensibilisation spécifique.

Dans ce travail les auteurs font la synthèse des données expérimentales et cliniques sur un nouveau conjugué allergénique dans la désensibilisation spécifique.

Ce produit associant allergène et des séquences de DNA est efficace, car induisant une forte réponse spécifique TH1 et non TH2, avec une grande sécurité thérapeutique.

Cela fait maintenant quelques années que l’on voit de plus en plus de publication sur ces nouveaux produits de désensibilisation associant allergène et séquences de DNA. Cet adjuvant immunitaire induit une plus forte réponse TH1 et bloque de façon efficace la réponse TH2, avec une moindre capacité de liaison aux IgE spécifiques ce qui permet d’éviter les risques d’une réaction anaphylactique indésirable au cours de la désensibilisation.

Il y a donc là une voie d’avenir certaine de la désensibilisation qui est concurrente des autres voies de recherche comme les allergènes recombinants et surtout les fragments d’allergènes seulement reconnus par les récepteurs T des lymphocytes T.

Il faut attendre les résultats des essais en cours chez l’homme pour espérer, d’en un avenir proche, disposer de ce nouveau moyen thérapeutique qui permettra un retour en force de la désensibilisation spécifique injectable dans le traitement des maladies allergiques.

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