Asthmatiques, il faut les prendre au berceau !

lundi 1er mars 2004 par Dr Christian Debavelaere1406 visites

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Asthmatiques, il faut les prendre au berceau !

Asthmatiques, il faut les prendre au berceau !

lundi 1er mars 2004, par Dr Christian Debavelaere

Les signes respiratoires faisant craindre un asthme peuvent apparaître très tôt. Mais qu’elle est l’évolution prévisible de ces enfants ? Dés les premières semaines de vie, les jeux seraient-ils faits pour certains de nos jeunes patients, cette étude nous en dit plus ?

Relations entre la fonction respiratoire du nourrisson, la réactivité des voies respiratoires chez l’enfant et l’asthme. : Turner SW, Palmer LJ, Rye PJ, Gibson NA, Judge PK, Cox M, Young S, Goldblatt J, Landau LI, Le Souef PN.

School of Paediatrics and Child Health and Department of Respiratory Medicine, University of Western Australia, Perth, WA, Australia

dans Am J Respir Crit Care Med. 2004 Feb 5

Les relations entre la réduction de la fonction respiratoire au début de la vie et des sibilants persistants chez l’enfant d’age scolaire demeurent incertaines.

Dans cette étude, le débit maximum à la capacité résiduelle fonctionnelle (Vmax CRF), était mesuré a l’age de 1 mois et la présence de sibilants à l’age de 11 ans identifiée de manière prospective.

À l’age de 11 ans, la réactivité bronchique à l’histamine et l’atopie furent évaluées.

La notion de sibilants récents à l’age de 11 ans était associée à une baisse de la valeur médiane de la Vmax CRF à l’age de 1 mois. (-0,41 avec SD 0,91, ; n =31) en comparaison avec l’absence de sifflements récents (+ 0,04 avec SD1,00 ; n=153), p = 0,03.

Des sifflements entre 4 et 6 ans qui persistent à l’age de 11 ans étaient plus fréquents parmi ceux qui avaient une Vmax CRF réduite à l’age de 4 semaines et une atopie a l’age de 11 ans.( P = 0,002) ou dans la combinaison Vmax crf réduite et hyperréactivité bronchique a l’age de 11 ans.( P = 0,015).

Quand l’ensemble des facteurs était considéré, la réduction de la Vmax CRF à l’age de 1 mois (p=0,03) et la réactivité bronchique à l’histamine à l’age de 11 ans (p<0,001) étaient associées de manière indépendante avec la persistance de sibilants, en comparaison avec les autres résultats (n=129).

La diminution de la fonction respiratoire présente dans la petite enfance est corrélée avec la persistance de sibilants à l’age de 11 ans et cette relation est indépendante de l’hyper réactivité bronchique et de l’atonie dans l’enfance.


Cette étude établit que des altérations très précoces de la fonction respiratoire peuvent être mis en évidence par des techniques de mesure du souffle hélas inaccessibles en routine. La Vmax CRF est l’équivalente passive du volume expiratoire maximum seconde,

Cette altération indique la probabilité d’un asthme persistant à l’age de 11 ans.

On connaissait déjà la notion « d’étroitesse des voies respiratoires » comme prédisposition aux sifflements répétés dans l’enfance.

Des parents nous consultent pour des épisodes respiratoires sifflants répétés chez leurs jeunes enfants et nous demandent s’ils seront asthmatiques plus tard. Leur médecin traitant leur déconseille souvent cette démarche en affirmant qu’avant l’age de 5 ans, « on ne peut rien faire ».

Bien au contraire, des analyses de nombreux paramètres peuvent nous indiquer un pronostic

L’asthme du nourrisson apparaît fréquemment dans les suites d’une bronchiolite à VRS. La répétition de 3 épisodes doit faire évoquer un asthme du nourrisson, d’après la définition de Tabachnik et Levison.

Cet asthme va-t-il disparaître ? Telle est la question que nous posent les parents ?

Un grand nombre disparaît vers l’age de 6 ans, globalement vers la fin de la période d’apprentissage immunitaire.

Les facteurs laissant craindre une persistance de cet asthme sont :

  • 1) La sévérité de cet asthme dans la petite enfance,
  • 2) L’atopie, évaluée par les antécédents atopiques familiaux directs, surtout maternels, les antécédents personnels, une élévation des IgE totales,( à l’age de 9 mois, plutôt qu’à la naissance, d’après les études de la cohorte de Tucson).
  • 3) Des tests spécifiques cutanés ou biologiques positifs pour les aéroallergènes (mais ils sont surtout positifs après l’age de 3 ans), bien sur mais aussi les aliments (étude MAS en Allemagne) en particulier l’œuf, ou le lait, et ce, avant l’age de 1 ou 2 ans. En réalité, les sujets précocement sensibilisés aux aliments (dans la 1° ou 2° année de vie) et, qui développent ensuite une sensibilisation aux aéroallergènes sont à risque d’asthme persistant.
  • 4) Le tabagisme maternel agirait précocement in utéro pour favoriser la réponse TH2. Il est associé à une baisse du Vmax CRF à 1 mois. Après la naissance, le tabagisme passif puis actif (adolescent), déjà connu pour pérenniser l’asthme chez l’adolescent.
  • 5) La concentration élevée en allergènes chat et acarien favorise l’acquisition d’une sensibilisation, mais l’enfant à risque génétique peut se sensibiliser pour de très faible concentration d’allergènes. Cette exposition aux allergènes favorise la sensibilisation à cet allergène, mais non forcément l’asthme ni l’hyperréactivité bronchique.
  • 6) On estime que les épisodes d’infections virales sont responsables des épisodes de gènes respiratoires sifflantes, Or, inversement, l’exposition fréquente aux infections respiratoires au tout début de la vie (crèche dans les 6 premiers mois de vie), limiterait la prévalence de l’asthme, comme le montre les études de la cohorte de Tucson et celle de l’étude MAS.
  • 7) L’intérêt de l’étude présentée ici est d’établir que de très jeunes enfants ont déjà des fonctions respiratoires perturbées, la notion d’étroitesse des voies respiratoires était un facteur connu favorisant les sibilances chez le jeune enfant et que ceci est un indicateur d’asthme persistant

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