AAAAI 2004 : Mardi 23 mars - dernier jour.

mercredi 24 mars 2004 par Dr Alain Thillay, Dr Hervé Masson4831 visites

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AAAAI 2004 : Mardi 23 mars - dernier jour.

AAAAI 2004 : Mardi 23 mars - dernier jour.

mercredi 24 mars 2004, par Dr Alain Thillay, Dr Hervé Masson

Ça y est. Le congrès 2004 de l’AAAAI s’est achevé il y a quelques heures. Nous allons pourtant continuer à enrichir nos comptes-rendus par des publications que nous n’avons pas encore eu le temps de traduire et par le travail d’autres rédacteurs dans les jours à venir.

 Prise en charge du syndrome d’allergie médicamenteuse multiple : à propos d’un cas : P. C. C. Pinto, Lisbonne

  • Le syndrome d’allergie médicamenteuse multiple est une condition clinique au cours de laquelle un patient est susceptible de réagir contre plusieurs agents chimiques antibiotiques ou non. La physiopathologie de ce syndrome est peu claire et sa prise en charge un réel problème.
  • Une femme de 27 ans a été adressée après plusieurs réactions consécutives à la prise d’antibiotiques divers du fait d’une pyélonéphrite.
  • Les symptômes étaient à type de dyspnée, vomissements et urticaire survenant après des délais divers de traitement.
  • Les auteurs ont mis en place une désensibilisation sur 10 jours au cotrimoxazole. Au 6ème jour, une urticaire modérée est apparue qui a disparu avec 3 jours d’antihistaminiques. Une dose d’entretien quotidienne a été poursuivie 6 mois.
  • Les auteurs concluent qu’une désensibilisation au cotrimoxazole est possible et que l’apparition d’une réaction allergique doit être traitée par antihistaminique tout en poursuivant le médicament.

Le syndrome d’allergie médicamenteuse multiple est en fait bien frustrant pour les allergologues.

Il n’existe aucun argument objectif autre que la répétition des accidents avec des molécules sans aucune parenté. Il s’agit donc d’un diagnostic clinique qui finalement débouche sur un constat d’échec.

Échec, car on ne peut pas prévoir qu’elle sera la réaction du patient lors de la prise d’un autre médicament. La seule attitude logique étant la prise d’antihistaminique dès les premiers signes allergiques lors d’un traitement médicamenteux.

 Épreuve avec la tétracaïne chez un patient souffrant d’une allergie multiple aux anesthésiques locaux : H. Chantaphakul, Bangkok,

  • Les anesthésiques locaux appartiennent à deux classes thérapeutiques :
    • les plus anciens sont les esters, groupe où les réactions allergiques ont été le plus souvent décrites (groupe de la procaïne)
    • les plus récents sont les amides, dont fait partie la xylocaïne et la lidocaïne. Ce groupe est réputé peu allergisant.
  • Les auteurs décrivent le cas d’un patient allergique qui a présenté à deux reprises de l’asthme après injection de lidocaïne et une fois une hypotension après Articaïne.
  • Le patient a donc bénéficié d’une anesthésie avec la tétracaïne qui est un ester. Celle-ci s’est déroulée sans réaction allergique.
  • Les auteurs concluent qu’en cas de réaction avec les amides, l’utilisation d’esters est justifiée.

Publication intéressante pour plusieurs raisons.

Tout d’abord, pour rappeler que l’allergie aux anesthésiques locaux, bien que rare, existe bien. Le groupe des esters étant plus allergisant mais de moins en moins utilisé.

Par contre, il semble qu’en cas d’allergie à un des composants d’un groupe, l’autre soit bien toléré et permette, après épreuve de réintroduction, de pratiquer une anesthésie.

 Hypersensibilité retardée à la lidocaïne : G. Rubio, Madrid

  • Les réactions allergiques aux anesthésiques sont rares, souvent dues aux produits adjuvants.
  • Les auteurs rapportent le cas d’une femme de 54 ans qui a souffert d’une réaction après utilisation de metamizol.
  • Dans le cadre d’un bilan pré-anesthésique, un bilan a été réalisé avec divers curarisants, hypnotiques mais aussi latex, lidocaïne et diacepam. Les auteurs ont aussi réalisé des IM avec mepivacain, bupivacaine et lidocaine ainsi qu’une provocation orale au metamizol.
  • Tous les tests cutanés ont été négatifs mais 6 heures après l’administration de lidocaïne, la patiente a présenté un prurit et une éruption érythémato-oedèmateuse autour du point d’injection.
  • Le patch test avec la lidocaïne a été positif à 48 et 96 heures.

Il semble donc que l’allergie à la lidocaïne puisse aussi se manifester par un mécanisme de type IV.

Ce cas clinique peut donc attirer notre attention sur la responsabilité d’une anesthésie locale même quelques jours avant l’apparition des symptômes.

Golden Gate bridge

Par le Dr Alain Thillay

  L’allaitement maternel d’une durée inférieure à 3 mois augmente le risque de symptômes respiratoires et de rhinite chez l’enfant.
Berner A. et coll. Karlstad Suède.

  • Le bénéfice de l’allaitement maternel concernant son rôle dans la prévention des manifestations allergiques a déjà fait débat.
  • Le but de cette étude était de vérifier ce rôle.
  • Tous les parents d’enfants âgés de 1 à 6 ans (n=14077) de la région de Värmland en Suède (population totale 280 000) ont reçu un questionnaire. Ils devaient répondre sur la durée de l’allaitement maternel, la diversification alimentaire, les symptômes respiratoires, les conditions de vie... en utilisant les questions ISAAC.
  • Le taux de réponse était de 79%.
  • Au moins un symptôme d’allergie ou d’asthme était rapporté dans 48,8% des cas.
  • 352 enfants n’ont jamais reçu d’allaitement maternel alors que 1269 l’avaient été sur une durée inférieure à 3 mois et 9132 ont été alimentés au sein durant plus de 3 mois.
  • Les données statistiquement significatives montraient une augmentation du risque de toux nocturne, d’asthme, de rhino-pharyngite et de rhinite allergique chez les enfants ayant eu un allaitement maternel inférieur à 3 mois.

Cette étude semble bien intéressante. Malheureusement, il s’agit d’une étude de questionnaire rétrospective. Et même, s’il y a eu un retour de 79%, elle est trop critiquable, il existe trop de biais.

Elle nous indique simplement qu’elle doit être confirmée par une étude prospective de grande envergure. Encore de quoi alimenter la controverse pour un bon moment !

  Allergie au navet.
Martin-Lazaro J. et coll. La Coruna Espagne.

  • Le navet (Brassica napus) est un aliment consommé cuit de façon courante dans la région nord ouest de l’Espagne.
  • Il s’agit du cas d’une femme âgée de 38 ans atteinte de rhino-conjonctivite et d’asthme modéré allergiques, sensibilisée aux pollens de graminées, aux pollens d’arbres, au pollen de plantain.
  • Elle rapportait une histoire d’urticaire de contact et de rhinite lorsqu’elle manipulait et épluchait des navets mais ne présentait aucun symptôme lors de la cuisson et en les mangeant.
  • Des tests cutanés ont été pratiqués avec le navet cru et cuit, des tests biologiques (IgE spécifiques et Immunoblot) et des tests réalistes.
  • Le prick-prick avec le navet cru était très positif, papule de 7 mm alors que l’histamine donnait une papule de 4 mm. Ce même test à l’état cuit était négatif.
  • Le test réaliste s’est traduit par une urticaire, une rhino-conjonctivite et des modifications spirométriques.
  • Les IgE spécifiques étaient de classe 1 pour le navet, le chou, le chou-fleur, le céleri et le chou de Bruxelles et négatives pour le brocoli. Il n’a pas été mis en évidence de bande spécifique fixant les IgE à l’Immunoblot.
  • Cette patiente est donc allergique à un allergène thermolabile du navet en rapport avec une réactivité croisée antérieure aux pollens de graminées, d’arbre et de plantain.

Encore une nouveauté allergénique alimentaire qui nous interpelle effectivement sur la fréquence des réactions alimentaires croisées (fruits, légumes) dans le cadre des allergies polliniques classiques.

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