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Allergologues et pneumologues : deux spécialistes de l’asthme !!
lundi 5 avril 2004, par
La prescription des corticoïdes inhalés représente encore la base du traitement de fond de l’asthme selon les recommandations internationales. Mais est-ce que cette prescription est suivie par tous les médecins qui s’occupent d’asthmatiques ; et y a-t-il une augmentation de la prescription des corticoïdes au fil des ans ?
Evolution dans l’utilisation des corticoïdes inhalés dans la prise en charge de l’asthme : 1994-1998. : Allen-Ramey FC, Samet JM, Rand CS, Joseph CL.
US Human Health, Outcomes Research and Management, Merck & Co., Inc., West Point, PA 19486-0004, USA. felicia_ramey@merck.com
dans Ann Epidemiol. 2004 Mar ;14(3):161-7
– Objectif de l’étude : Évaluer l’évolution de la prescription des corticoïdes inhalés (CI) dans l’asthme entre 1994 et 1998, et le profil des prescriptions selon le spécialiste prescripteur.
– Méthodologie :
- En partant d’une base de données, les auteurs ont sélectionnés des praticiens (n=335) en relation avec une banque de données patients et de pharmacie (n=51345) pour des patients ayant un asthme et âgés de 5 à 45 ans (n=6994).
- Pour étudier les prescriptions durant la période d’étude, des analyses longitudinales et transversales ont été réalisées.
– Résultats :
- Le pourcentage de médecins prescripteurs de CI durant la période étudiée est beaucoup plus important parmi les spécialistes.
- La comparaison annuelle par groupes de spécialités médicale montre que les spécialistes pneumologues et allergologues prescrivent de façon plus importante des CI à leurs patients par rapport aux autres médecins (généralistes, internistes, pédiatres, urgentistes pédiatriques) (0.61-0.69 versus 0.31-0.39, p<0.1).
- La plus faible proportion est observée chez les pédiatres urgentistes (0.00-0.10) et chez les pédiatres (0.17-0.27).
– Conclusions : Aucune évolution significative n’a pas été observée dans chacun des groupes prescripteurs durant ces 5 années. Une différence entre les spécialistes est évidente en ce qui concerne la prescription des CI.
Les auteurs ont étudié les prescriptions de corticoïdes inhalés dans l’asthme pendant 5 ans.
Si les pneumologues et les allergologues prescrivent de façon importante des CI cela n’est pas le cas de nombreux autres spécialistes en particulier les pédiatres.
Et il n’y a aucune amélioration de cette prescription durant ces 5 ans.
Ce genre d’étude est intéressant, mais les résultats ne peuvent pas être appliqués dans tous les pays. En effet, les prescriptions sont le reflet de tout un système médical, différent dans chaque pays aussi bien en ce qui concerne la formation médicale de base que la formation continue.
Ce travail montre que les pneumologues et les allergologues des Etats-Unis ont bien compris l’asthme et appliquent correctement les recommandations internationales concernant la prise en charge de la maladie asthmatique. Les autres spécialités médicales prescrivent moins de corticoïdes.
Mais ils ne sont certainement pas en première ligne pour la prise en charge de l’asthme. Il est logique de penser qu’ils laissent le soin de la mise en route d’un traitement corticoïde à un spécialiste de l’asthme. Comme il est logique de penser qu’un urgentiste va régler le problème aigu mais laisser le soin du suivi de l’affection et de la prescription qui en découle au médecin habituel du patient.
Il ne faut donc pas porter un jugement lapidaire du genre : il y a les « bons médecins » et il y a les « mauvais médecins ». Mais plutôt faire passer le message suivant : l’asthme est une maladie complexe multifactorielle, qui doit faire l’objet d’une prise en charge spécialisée même si son suivi peut ensuite être assuré par le généraliste ou le pédiatre.
Cette prise en charge spécialisée peut être réalisée aussi bien par un pneumologue qu’un allergologue, qui plus que jamais, devrait être reconnu comme un spécialiste à part entière même s’il l’est de fait pour tous ses confrères.
Enfin une critique à ce travail peut être formulée : il n’y a aucune donnée sur les caractéristiques de l’asthme des patients. Mais on sait que beaucoup d’asthme sont sur-médicalisés, avec des traitements qui n’ont pas de raison d’être poursuivis.
Des asthmes évoluent également vers la guérison par exemple lorsqu’ils sont d’origine allergique et que le patient a été désensibilisé. Continuer de prescrire un traitement de fond serait une erreur.
Ce travail finalement étudie plus le degré d’obéissance à une norme internationale, que la réflexion adaptée d’une prescription à chaque asthmatique.
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