Les corticoides locaux : light ! ou... hard ?

vendredi 23 août 2002 par Dr Jean-Charles Bonneau7188 visites

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Les corticoides locaux : light ! ou... hard ?

Les corticoides locaux : light ! ou... hard ?

vendredi 23 août 2002, par Dr Jean-Charles Bonneau

Les corticoïdes locaux font peur. L’intérêt de ce travail est de préciser s’il vaut mieux « frapper fort et court » ou plus en douceur tant pour l’efficacité thérapeutique que pour l’observance.

Eczéma atopique chez les enfants : John Hoey dans CMAJ • June 25, 2002 ; 166 (13)

L’eczéma atopique est une pathologie courante chez une population d’enfants, estimé entre 14 et 22 % au Canada.

L’évolution s’effectue de façon chronique et a, traditionnellement, été soulagée par des applications régulières de corticoïdes.
L’utilisation prolongée des corticoïdes locaux peut provoquer une fragilité, une atrophie cutanée qui est une source d’ennuis pour les parents des enfants et, une cause de mauvaise adhésion au traitement.

Un traitement de 3 jours avec un corticoïde local puissant, peut-il être plus efficace qu’un traitement cutané prolongé avec un topique de faible activité, sans causer une accentuation des effets indésirables au niveau de la peau ?

Pour répondre à cette question, des enfants âgés d’un an à 15 ans, ont été recrutés dans un hôpital et chez 13 praticiens généralistes au Royaume-Uni.
Tous avaient eu un eczéma atopique modéré ou moyennement sévère dans le mois précédent leur entrée dans cette étude.
Les enfants avec un eczéma sévère pour lequel une sensibilité au traitement étudié était connue ou, porteurs d’un eczéma localisé uniquement à la face ou du siège étaient exclus.

Les enfants inclus dans l’étude se sont vus proposés un traitement randomisé par groupe de 4 et déterminé par ordinateur en 2 groupes.

Ceux avec le traitement de moyenne intensité recevaient de l’hydrocortisone à 1 %, 2 fois par jour sur 7 jours ; ceux avec un traitement plus puissant recevaient du valérate de bétamétasone à 0,1 % 2 fois par jour pendant 3 jours, suivi par une base emoliante seule (paraffine) sur 4 jours.
Les 2 groupes ont eu des cycles de traitement répétés autant que nécessaire sur les 18 semaines de l’étude.

Les premiers résultats (nombre de jours sans prurit et nombre de rechutes) ont été basés sur le compte rendu du grattage recueilli dans un cahier journalier.
Les patients ou leurs parents répondaient à la question : « comment votre eczéma vous a-t-il fait vous gratter aujourd’hui ? » ; utilisant une échelle en 5 points (1 = pas du tout, 5 = tout le temps) ; un score de 2 ou moins était considéré comme représentant des périodes sans grattage, un score de 2 ou plus pour 3 jours consécutifs était considéré comme signalant des rechutes.
Une seconde constatation est la durée moyenne des rechutes, le nombre de nuits tranquilles, la sévérité de la maladie, la qualité de vie et la proportion d’échecs d’un traitement dans chaque groupe.

Dans les résultats, des 2146 patients inclus dans l’étude :
 379 ont répondu ; un total de 278 ont été acceptés pour une possible inclusion dans l’étude, desquels 71 ont été exclus pour des raisons déjà spécifiées, la plupart parce qu’ils n’avaient pas de lésion d’eczéma atopique au moment du recrutement,
 9 patients n’ont pas retourné leur cahier de surveillance.

Aucune différence de résultats n’a été trouvée entre les 2 groupes.
*Le nombre moyen de jours sans grattage a été de 118 dans le traitement modéré et de 117,5 dans le groupe traité avec un corticoïde de forte activité ; le nombre de rechute par patient s’étalait entre 0 et 9 et est également similaire dans les 2 groupes.
*Les symptômes se sont aggravés chez 9 enfants dans le groupe traité avec corticoïde de moyenne activité et 5 dans le second groupe ; 2 enfants dans le traitement le plus puissant rapportent des périodes de rougeurs et 1 enfant une accentuation de la pousse des cheveux ; un autre enfant dans le même groupe a eu une encéphalite virale durant la période de traitement.

Aucun des patients n’a eu, de façon évidente, de lésion cutanée (peau fine) toutefois, seule la moitié des patients ont bénéficié d’un examen de mesures par ultrason pour mesurer l’épaisseur de la peau.
Aucune différence importante dans ces mesures n’a été détectée parmi les 2 groupes.
Les auteurs notent que les zones étudiées (coudes, creux des genoux, zones latérales des avant-bras et derrière les mollets), le nycthémère, la température et le degré d’humidité modifie l’épaisseur de la peau.
Ils concluent que l’interprétation des résultats des mesures par ultrason est problématique dans le contexte d’un essai clinique.

L’eczéma est un état pénible communément vu en pratique courante ; cette étude montre qu’un traitement court de 3 jours avec un corticoïde puissant est aussi efficace qu’un traitement standard habituel avec un corticoïde modéré sur 7 jours.

Malheureusement, les auteurs ne font aucun commentaire sur la perception qu’ont les parents ou les jeunes patients de la finesse de la peau, la principale raison étant due au manque de compliance.

La majorité des patients de l’étude ont été choisis parmi des patients vus en médecine générale ; toutefois, le type de la sévérité des eczémas traités semble refléter celui d’autres enquêtes de soins.
Enfin, les patients étaient volontaires et ne semblaient pas être représentatifs de tous les patients présentant un eczéma dans des Cabinets ou en milieux hospitaliers.

On peut retenir comme information en pratique clinique :
 l’étude montre clairement qu’un traitement avec un corticoïde local puissant, appliqué pendant de courtes périodes, a autant d’effets qu’un traitement standard avec une préparation de moyenne activité,
 pour quelques patients, particulièrement ceux qui considèrent qu’un traitement de même période présente des inconvénients ; la préparation de forte activité peut être essayée.


En conclusion , il semble bien que les deux modalités thérapeutiques soient équivalentes. Reste à savoir si les patients eczémateux, ou leurs proches pour les enfants, sauraient éviter les abus car l’automédication est forte dans ces pathologies chroniques.

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