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Pshiiiit ! Le président est-il asthmatique ?
jeudi 25 novembre 2004, par
Le traitement de fond de l’asthme n’est pas satisfaisant en termes de résultat, cette étude fait part d’un problème technique concernant les aérosols doseurs pressurisés, encore fortement vendus, qui seraient utilisés jusqu’à deux fois plus longtemps que leur date théorique, pulvérisant du gaz sans principe actif...
Comment le patient détermine t’il que son aérosol doseur est vide ? : Bruce K. Rubin, MD, MEngr, FCCP and Lolly Durotoye
* From the Wake Forest University School of Medicine, Winston-Salem, NC
dans Chest. 2004 ;126:1134-1137
– Objectifs de l’étude
- Évaluer comment les patients déterminent que leur aérosol doseur pressurisé est vide et mesurer le degré de vacuité sous différentes circonstances au laboratoire
– Données
- La plus grande partie de l’étude est réalisée dans un laboratoire de recherche universitaire
– Participants
- 50 patients consécutifs du centre de l’asthme de l’hôpital des enfants Brenner furent initialement questionnés concernant l’utilisation de leur aérosol doseur pressurisé et ont démontré leur utilisation du système d’inhalation.
– Mesures et résultats
- Parmi les 50 parents et enfants questionnés, 74 % ne savaient pas combien de doses contient leur récipient.
- Tous utilisent leur aérosol doseur jusqu’à ne plus pouvoir entendre la délivrance du médicament lors de son déclenchement.
- Seule la moitié secoue le dispositif avant déclenchement.
- Au laboratoire, les récipients sous CFC ont 86 fois plus de déclenchement que la dose nominale, les dispositifs sous HFA en ont 52 % de plus.
- Le test de flottaison du récipient ne permet pas de détecter la vacuité du récipient, l’eau obstrue la valve d’ouverture dans 27 % du temps.
- Secouer le récipient sous CFC avant déclenchement augmente le nombre de déclenchement par récipient (p=0,009), ceci n’est pas vrai pour les systèmes propulsés par le HFA.
– Conclusion
- Si les patients ne sont pas éduqués à reconnaître quand un aérosol doseur est vide, ils peuvent continuer à utiliser leur médication pendant plus de 2 fois la durée prévue.
Le premier objectif de l’étude est de déterminer comment un patient détecte que son aérosol doseur pressurisé est vide et donc inefficace ; le deuxième est la mesure réelle au laboratoire de cette vacuité de l’aérosol ; le troisième étudie en parallèle le mode d’utilisation de l’aérosol.
Les résultats sont édifiants
- Les patients ne connaissent pas le nombre de doses théoriques de leur aérosol
- Ils se fient au bruit (du spray) pour le remplacer
- Ils ne secouent pas leur aérosol.
Le spray est utilisé jusqu’à 2 fois plus longtemps que la date théorique d’utilisation (86 % en CFC, 52 % en HFA).
Les aérosols doseurs qui ont révolutionné le traitement de l’asthme avec la commercialisation de la Ventoline ont depuis longtemps été l’objet de réserve, dans l’utilisation des produits, puisque la technique d’inhalation était fréquemment défectueuse, défaut d’agitation du spray, défaut d’expiration avant inhalation, absence d’inhalation lors du déclenchement et problème de synchronisation main-poumon.
Les chambres d’inhalation sont apparues et ont amélioré l’efficacité puis les dispositifs de poudre sèche avec compteur de dose.
Cependant, les aérosols doseurs sont encore d’actualité avec les sprays auto-déclenchés, qui pourraient donner le même genre de problème que ceux qui sont mentionnés dans l’étude.
Chez le jeune enfant les aérosols combinés avec un Spacer sont toujours utilisés, chez l’enfant plus âgé, parfois, la mauvaise tolérance lors de l’ utilisation des poudres nous fait encore prescrire des aérosols couplés aux chambres d’inhalation.
Certes, on peut attirer l’attention sur la nécessité de respecter l’utilisation de l’aérosol en fonction du nombre de doses théoriques. Mais en réalité, les aérosols ne sont pas utilisés strictement comme le veut l’ordonnance. Parfois les patients font un déclenchement test à vide dans l’atmosphère.
En conclusion, entre l’observance, le défaut d’utilisation et l’utilisation d’un spray ne contenant plus qu’un gaz propulseur, on comprend les mauvais chiffres du contrôle de l’asthme régulièrement signalés.
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