L’argent ne fait pas le bonheur mais il contribue a être mieux soigné : c’est déjà ça.

vendredi 26 novembre 2004 par Dr Stéphane Guez3716 visites

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L’argent ne fait pas le bonheur mais il contribue a être mieux soigné : c’est déjà ça.

L’argent ne fait pas le bonheur mais il contribue a être mieux soigné : c’est déjà ça.

vendredi 26 novembre 2004, par Dr Stéphane Guez

L’observance dans l’asthme est difficile et c’est un véritable défi pour le médecin. Parmi les nombreux facteurs qui peuvent intervenir dans cette mauvaise observance, est-ce que la condition sociale et le niveau des études peuvent expliquer une mauvaise prise en charge thérapeutique ?

Étude transversale sur les relations entre le statut socio-économique et l’importance de l’utilisation des béta²-mimétiques de courte durée d’action dans l’asthme. : Larry D. Lynd, PhD ; Andrew J. Sandford, PhD ; Erin M. Kelly ; Peter D. Paré, MD ; Tony R. Bai, MD ; J. Mark FitzGerald, MD, FCCP and Aslam H. Anis, PhD

* From the Faculty of Pharmaceutical Sciences (Dr. Lynd), and the Department of Health Care and Epidemiology (Dr. Anis), University of British Columbia, Vancouver, BC, Canada ; iCAPTURE Centre (Drs. Sandford, Parè, and Bai, and Ms. Kelly), Providence Health Care, Vancouver, BC, Canada ; and the Centre for Clinical Epidemiology and Evaluation (Dr. FitzGerald), Vancouver General Hospital, Vancouver, BC, Canada.

dans Chest. 2004 ;126:1161-1168

 Objectif de l’étude :

  • Évaluer l’association entre statut socio-économique et utilisation des bêta²-mimétiques de courte durée d’action (B2CD) en fonction de la sévérité de l’asthme.

 Méthodologie :

  • Il s’agit d’une étude transversale réalisée au Canada à Vancouver.
  • 202 asthmatiques âgés de 19 à 50 ans et qui habitent dans la région de Vancouver ont été inclus.
  • La quantité de B2CD utilisée dans l’année a été recueillie par interrogatoire des patients.
  • La fonction pulmonaire et le génotype des bêtarécepteurs ont été faits pour chaque patient.
  • Le statut socio-économique a été évalué à la fois à un niveau individuel et au niveau de la population.
  • 5 méthodes ont été utilisées pour ajuster la sévérité de l’asthme aux données recueillies :
    • les recommandations de consensus canadien sur l’asthme,
    • 3 scores précédemment développés sur la sévérité de l’asthme,
    • et un modèle d’analyse par régression logistique pour évaluer le devenir dans le futur.
  • Une analyse en régression logistique multifactorielle a également été réalisée pour vérifier toutes les autres associations possibles.

 Résultats :

  • Indépendamment de la méthode utilisée pour évaluer le statut socio-économique ou pour l’ajustement à la sévérité de l’asthme, les niveaux socio économique les plus bas sont associés de façon nette et statistiquement significative à l’utilisation la plus forte de B2CD.
  • L’ajustement à la sévérité de l’asthme à l’aide du modèle statistique multivarié explique la variabilité importante de l’utilisation de ces médicaments.
  • Dans ce modèle, les personnes qui nécessitent une aide sociale utilisent le plus souvent les plus grandes quantité de B2CD (OR = 3.4, IC95% = 1.7 à 6.5).
  • Une relation inverse est notée entre l’utilisation des B2CD et à la fois :
    • le revenu annuel du ménage (> $50,000 ; OR, 0.28 ; IC95% : 0.13 to 0.60 ; et $20,000 to $50,000 ; OR, 0.44 ; IC95%, 0.21 to 0.96)
    • et l’éducation (réalisation d’une licence versus aucune étude ; OR, 0.25 ; IC95% : 0.14 to 0.71).
  • Les patients qui vivent dans un voisinage ayant un revenu moyen par ménage élevé (OR, 0.91 ; IC95% : 0.84 to 0.98 pour $1,000 d’augmentation) ou ayant un niveau d’étude supérieur à la licence (OR, 0.96 ; IC95% : 0.84 to 0.98 pour 1% d’augmentation) sont aussi moins enclins a utiliser de fortes doses de B2CD.
  • Les résultats sont conformes en fonction du taux de chômage dans le voisinage.

 Conclusion :

  • Le gradient social dans le devenir de l’asthme peut être au moins en partie attribuable à un contrôle non satisfaisant de l’asthme chez des asthmatiques à faible niveau socio-éducatif.

Dans ce travail épidémiologique canadien, les auteurs démontrent qu’il y a une relation inverse entre niveau socio-économique et éducatif, et utilisation des béta2mimétiques de courte durée d’action.

Après ajustement à la sévérité de l’asthme il apparaît que les classes défavorisées ont l’asthme le plus mal soigné.

Difficile de commenter cette étude qui semble enfoncer une porte ouverte.

Peut-être aurait-il été préférable de donner de l’argent à ces patients pour acheter des corticoïdes inhalés que d’utiliser des sous pour prouver une évidence ?

Moins on a d’argent et plus le bagage intellectuel est faible, plus on a de chance d’être moins bien soigné.
Et oui.

Mais cela n’est pas seulement vrai pour l’asthme mais pour bien d’autres maladies.

Ces résultats vont-ils déclencher une révolution prolétarienne au Canada ? Faut-il seulement distribuer des médicaments supplémentaires ou fournir à ces personnes un rattrapage de formation, un logement, des revenus confortables pour améliorer la situation ?

Bref, enfoncer une porte ouverte, finalement cela ne fait que des courants d’air...

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