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AAAAI 2005 : le congrès du Dr Alain Thillay - dernier jour
mardi 22 mars 2005, par
Les mécanismes intimes de l’immunothérapie tels que vous en réviez et ma dernière visite aux posters.
Immunothérapie allergénique : vaccination curative de l’allergie.
Ce symposium réunissait trois chercheurs connus, Stephen R Durham qui a traité des effets à long terme de l’immunothérapie spécifique (ITS), Patrick G Holt de la prévention de la marche de l’allergie et, enfin, Cezmi A Adkis des bases immunologiques de l’ITS et de l’induction des cellules régulatrices.
C’est principalement ce dernier auteur qui a retenu mon attention concernant sa mise au point sur les mécanismes de l’ITS
– Les mécanismes de l’immunothérapie spécifique par les allergènes.
L’ITS est le seul traitement qui permet une tolérance à long terme des maladies allergiques IgE médiées. L’ITS restaure immunité normale à l’encontre des allergènes.
Les modifications les plus importantes lors de l’ITS sont caractérisées par une diminution de l’activation des cellules T induites par l’allergène et à la fois des cytokines TH2 (IL-4, IL-5, IL-13) et les cytokines TH1 IFN-gamma.
– Les réponses des cellules T
Les cellules T régulatrices (T reg) sont les plus représentées chez le sujet normal qui réagit spécifiquement à un allergène. A l’inverse, les sujets allergiques répondront par des cellules TH2 aux allergènes communs de l’environnement.
Chez l’humain, nombre de travaux suggèrent que le rôle majeur est joué par les T reg dans l’inhibition des désordres allergiques.
Cellules T régulatrices | Mécanisme suppresseur |
---|---|
Tr1 | IL-10, TGF-bêta |
CD4+CD25+ (FoxP3) | IL-10, TGF-bêta, CTLA-4, PD-1, GITR |
TH3 | TGF-bêta |
CD8+CD25+CD28- | IL-10, TGF-bêta, CTLA-4, PD-1, GITR |
Treg, Qa-1-dépendant | Qa-1 spécifique de TCR, apoptose |
CD8+, CD4-CD8- Treg | Induction |
TCR gamma epsilon Treg |
– Les principaux types de cellules T régulatrices
Des études suggèrent que l’on trouve des taux plus bas d’IL-10 dans le lavage broncho-alvéolaire d’asthmatiques que chez le patient sain. Cela évoque la possibilité que l’augmentation de la production de l’IL-10 pourrait commander une diminution des réactions allergiques.
En outre, d’autres travaux ont suggéré que la sécrétion de TGF-augmente lors de la désensibilisation.
L’ensemble de ces travaux semble indiquer que les facteurs micro-environnementaux en combinaison avec l’IL-10 peuvent orienter la réponse immune contre l’allergène de l’activation de TH2 à une réponse appropriée de type TH0/T reg.
– La réponse anticorps
Un autre phénomène crucial de la réussite d’une ITS est le « switch » IgE vers IgG en particulier IgG4.
Au début de l’ITS, il est constaté une augmentation des deux isotypes, puis, peu à peu, les IgG4 augmentent et le rapport des IgE/IgG4 spécifiques diminue par 10 à 100 fois.
De plus, l’augmentation des IgG4 spécifiques s’accompagne aussi de l’augmentation des IgA spécifiques, ce qui coïncide avec une augmentation parallèle et respective de l’IL-10 (pour les IgE) et de TGF- (pour les IgA).
Enfin, beaucoup d’arguments vont dans le sens que l’IL-10 n’est pas un facteur de « switch » vers l’IgG4, celle-ci pourrait augmenter la production des IgG4 en favorisant la différenciation/activation des cellules productrices d’IgG4 ou par l’augmentation de la production d’IL-4.
– La présentation de l’antigène facilitée par les IgE
Les IgE se lient aux récepteurs Fc epsilon (FcRI et FcRII/CD23) sur nombre de cellules qui facilitent la présentation des antigènes au cellules T.
Des données pertinentes indiquent que les IgE agissent aussi comme une immunoglobuline spécialisée dans la capture, convergeant et promouvant les réponses TH2 ce qui amplifie la synthèse des IgE.
De plus, de hauts niveaux de TGF-bêta diminuent l’expression de FcRI sur les cellules de Langerhans conduisant à réduire la présentation allergénique IgE médiée.
– Suppression des cellules effectrices
Il est souvent observé que la diminution de la réactivité IgE médiée des tests cutanés durant une désensibilisation demande plusieurs années pour montrer une décroissance, alors que la plupart de ces patients sont déjà protégés cliniquement.
Cela s’explique par le fait que les cellules T reg et les cellules B suppressées ne peuvent pas produire suffisamment des cytokines que les cellules effectrices (mastocytes, basophiles et éosinophiles) requièrent.
L’ITS module efficacement le seuil d’activation des mastocytes et des basophiles et diminue l’histamine release dépendante des IgE. Il a été montré, de plus, que l’IL-10 réduit la sécrétion des cytokines pro-inflammatoires provenant des mastocytes, diminue l’activité des éosinophiles et supprime la production de l’IL-5 par les cellules humaines TH0 et TH2.
Malgré quelques lacunes qui persistent encore dans la compréhension des mécanismes de l’immunothérapie spécifique allergénique et les problèmes techniques des nouvelles méthodes, l’ITS est l’approche la plus prometteuse pour surmonter l’augmentation de la prévalence des maladies de l’atopie.
Poster
– Prévalence de la migraine chez des patients atteints de rhinite allergique.
Ku J M et coll. Brooklyn, New York, Etats-Unis.
L’histamine a été impliquée dans la pathogenèse de la migraine. Du fait qu’une grande partie de la symptomatologie de la rhinite allergique est due à l’histamine et que les fosses nasales se trouvent près du système nerveux central, les auteurs émettent l’hypothèse que la rhinite allergique pourrait être un déclencheur de la migraine.
La prévalence de la migraine a été évaluée chez des patients souffrant de rhinite allergique comparativement à des patients n’en ayant pas.
La rhinite allergique a été mise en évidence classiquement par un interrogatoire, un examen clinique, des tests cutanés ou biologiques. La migraine était confirmée par des critères précis de l’IHS.
Soixante-seize patients répondaient aux critères de la rhinite allergique (RA) et ont donc été inclus dans le groupe RA et 57 ont été sélectionnés pour entrer dans le groupe non-RA.
Dans le groupe RA, 26 patients (34,21%) réunissaient les critères d’une migraine alors que seulement 2 patients répondaient à ces critères dans le groupe non-RA. Cette différence était statistiquement significative.
Il existerait donc une haute prévalence de la migraine chez les sujets atteints de rhinite allergique. Les auteurs proposent que l’histamine et les médiateurs allergiques puissent jouer un rôle clé dans la pathogénie de la migraine par vasodilatation et inflammation.
Attention cette étude ne signifie en rien que la migraine est allergique, non, il s’agirait d’une symptomatologie annexe de la rhinite allergique.
Le problème est qu’il n’existe pas, à ma connaissance, beaucoup de publications qui iraient dans le même sens.
Inversement, quelques études ont cherché un terrain allergique chez des migraineux vrais, mais ne l’ont jamais mis en évidence.
Il est donc dommage ici que les auteurs n’aient pas fait authentifier la migraine par un neurologue.
L’hypothèse la plus cohérente serait que les patients atteints de rhinite allergique souffrent plutôt de sinusalgies que de migraine.
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