Asthme et grossesse : traite-t-on la mère ou le bébé ?

mardi 27 septembre 2005 par Dr Clément FOURNIER2683 visites

Accueil du site > Maladies > Asthme > Asthme et grossesse : traite-t-on la mère ou le bébé ?

Asthme et grossesse : traite-t-on la mère ou le bébé ?

Asthme et grossesse : traite-t-on la mère ou le bébé ?

mardi 27 septembre 2005, par Dr Clément FOURNIER

Vu la prévalence de l’asthme, la question de la poursuite des corticoides et des β²-agonistes pendant une grossesse reste d’actualité. Ce travail vient compléter les données déjà disponibles sur le sujet en analysant les conséquences de ces traitements sur la croissance fétale.

Utilisation de traitement à visée asthmatique pendant la grossesse et croissance fétale. : Ludmila N. Bakhireva, MD, MPHa, Kenneth Lyons Jones, MDa, Michael Schatz, MD, MSb, Diana Johnson, MSa, Christina D. Chambers, PhD, MPHac, the Organization of Teratology Information Services Research Group

a From the Department of Pediatrics, University of California, San Diego, La Jolla
b Department of Allergy-Immunology, Kaiser-Permanente Medical Center, San Diego
c Department of Family and Preventive Medicine, University of California, San Diego, La Jolla

dans JACI Volume 116, Issue 3, Pages 503-509 (September 2005)

 Contexte :

  • Vue la prévalence importante de l’asthme pendant la grossesse, il paraît important de comprendre les relations entre les traitements prescrits pour asthme de façon appropriée et la croissance fétale.

 Objectifs :

  • Cette étude analyse les effets sur la croissance fétale des corticotides inhalés, des corticoides par voie générale, et des β²-agonistes dans une population de 654 enfants nés de mère asthmatique par comparaison à 303 enfants contrôles nés de mère non asthmatiques.

 Méthodes :

  • Les sujets de l’étude étaient inclus entre 1998 et 2003 en Amérique du Nord, et suivis par l’Organisation du Service d’Information Tératogène.
  • L’incidence des enfants avec retard de croissance pour l’âge gestationnel (RAG) et les mesures moyennes à la naissance étaient comparées entre groupes.

 Résultats :

  • Le poids moyen de naissance des enfants à terme nés de mère qui avaient pris des corticoides par voie générale (3373 g) était plus petit que dans le groupe « β²-agonistes » (3552 g) et que dans le groupe contrôle sans asthme (3540 g ; p< 0,05) après ajustement sur les autres facteurs de risque.
  • Cependant, aucune différence n’était retrouvée entre les différents groupes concernant l’incidence du RAG pour le poids.
  • La taille moyenne de naissance (après ajustement) était discrètement plus basse dans le groupe « corticoides par voie générale » par comparaison au groupe contrôle (p=0,02).
  • L’incidence du RAG pour la taille et le périmètre crânien, et le périmètre crânien moyen ne variaient pas d’un groupe à l’autre (p>0,05).

 Conclusion :

  • Le traitement de l’asthme par corticoides systémiques pendant la grossesse entraînait un déficit du poids de naissance d’environ 200 g par comparaison au groupe contrôle et au groupe « β²-agonistes » exclusifs, mais pas d’augmentation de l’incidence du RAG.
  • Ces résultats suggèrent que la prise en charge de l’asthme par β²-agonistes et/ou corticoïdes inhalés pendant la grossesse n’altère pas la croissance fœtale.
  • Les corticoides par voie systémique ont un effet minime qui doit être relativisé par la nécessité de contrôler les asthmes sévères.

Cette étude confirme le profil de sécurité très satisfaisant en ce qui concerne la croissance fœtale des β²-agonistes et des corticotides inhalés chez les femmes enceintes asthmatiques relevant de ce traitement.

Elle rappelle aussi que les effets d’une corticothérapie par voie systémique existent, mais restent minimes, et donc acceptables au regard de la nécessité d’obtenir un équilibre optimal de la maladie en cas d’asthme sévère.

Globalement, le rapport bénéfices (mère)/risques (fœtus) reste largement positif et doit donc inciter à privilégier le traitement de la maladie asthmatique.

Cependant, comme cela est rappelé dans un article de gynécologie obstétrique, les risques à plus long terme restent à évaluer.(Maternal corticotherapy . Pharmacology and effect on the fetus. Guillonneau et col. J Gynecol Obstet Biol Reprod 1996 ;25:160-7)

Abonnez-vous!

Recevez les actualités chaque mois