1er symposium international d’Allergologie Moléculaire - Rome - 3ème partie.

samedi 8 avril 2006 par Dr Hervé Couteaux5229 visites

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1er symposium international d’Allergologie Moléculaire - Rome - 3ème partie.

1er symposium international d’Allergologie Moléculaire - Rome - 3ème partie.

samedi 8 avril 2006, par Dr Hervé Couteaux

Session N° 3 : Allergènes - Diagnostic et épidémiologie.

Riccardo Asero nous a livré un remarquable exposé sur l’allergie alimentaire, de la molécule à la clinique : incontournable autant qu’indispensable !!!

Les allergènes du soja sont loin d’avoir livré tous leurs secrets nous dit ensuite Thomas Holzhauser.

Il y a plusieurs manières d’être allergique à la pomme ou à d’autres fruits des rosaceae, Monserrat Fernandez-Rivas épluche littéralement les différents profils d’allergie aux rosaceae en Espagne.

Le dernier exposé de cette session nous ferait presque défiler dans les rues (avant que d’autres n’en aient l’idée) en réclamant une étude épidémiologique d’envergure sur l’allergie alimentaire en France !.. Cette étude existe, mais c’est en Espagne qu’elle a été menée comme nous le raconte Javier Cuesta-Herranz.

Les molécules allergéniques des aliments d’origine végétale : de la biologie à la clinique.

Riccardo Asero, Italie.

Les fruits et légumes sont la cause la plus fréquente d’allergie alimentaire.
Les données s’accumulent sur ces allergènes qui sont, pour la plupart, issus de 4 familles.

Données cliniques :
 Chaque aliment dérivé de plantes peut contenir nombre de protéines allergéniques, quelques unes spécifiques, d’autres hautement conservées et par conséquent réagissant de façon croisée avec des molécules homologues de différents aliments.
 Des allergènes différents au sein d’un même aliment peuvent montrer des caractéristiques physico-chimiques extrêmement différentes.
 Les conséquences cliniques de l’ingestion peuvent dépendre des caractéristiques de la protéine à laquelle le patient est sensibilisé.

 Par exemple, pour la pomme :

  • LTP (Lipid Transfert Protein) = stable à la chaleur et à la pepsine.
  • TLP (Thaumatin-like protein) = non stable à la chaleur et stable à la pepsine.
  • Profiline = stable à la chaleur et non stable à la pepsine.
  • Mal d 1 = non stable à la chaleur et non stable à la pepsine.
  • Les profilines et Mal d 1 occasionnent des troubles cliniques légers.
  • Les LTP peuvent donner des signes cliniques systémiques.
  • Pour ce qui est des TLP, il est difficile de trouver des monosensibilisés.

Pertinence de la structure de l’épitope :
 La stabilité/instabilité à la chaleur et à la digestion par la pepsine dépendent des caractéristiques des épitopes.
 Les épitopes conformationnels (qui dépendent de la conservation de la structure tridimensionnelle de la molécule protéique) seront plus facilement sensibles à la fois à la chaleur et à la digestion par la pepsine que les épitopes séquentiels.

 On peut donc classer les allergènes selon leurs propriétés cliniques/physico-chimiques :

  • Les allergènes Bet v 1-like (PR - 10) et les profilines sont sensibles à la pepsine et à la chaleur et n’occasionnent généralement que des symptômes locaux (syndrome oral).
  • Ce type d’allergènes représente 95% des allergènes en fréquence.
  • La plupart des autres allergènes (dont la fréquence se limite à 5%) sont stables à la chaleur et à la pepsine et peuvent causer à la fois des symptômes locaux et des réactions systémiques.

Quels objectifs pour le clinicien allergologue ?
 Diagnostic : détecter exactement la source d’allergène responsable de la sensibilisation.
 Prévention : Prévenir les risques d’allergie due à des réactivités croisées inattendues.
 Ne pas détériorer l’état des patients : Eviter les restrictions alimentaires sans fondement.

Quels besoins pour ces objectifs ?
 Une bonne connaissance des caractéristiques physico-chimiques des principaux allergènes et des possibles réactivités croisées.
 Disposer de tests diagnostics in vivo et in vitro basés sur les molécules allergéniques naturelles ou recombinantes.
 Sur ces deux choses, on a la première mais pas la deuxième.

Quels sont les outils dont nous disposons en routine ?
 Histoire clinique.
 SPT aux aéroallergènes.
 SPT aux aliments natifs.
 SPT aux extraits alimentaires commerciaux.
 SPT au latex.
 Mesure des IgE spécifiques pour rBet v 1 et rBet v 2.
 Connaissance des données de la littérature.

 Il est difficile pour un clinicien d’intégrer les informations issues de la recherche ; d’abord, on a besoin d’une classification : La taxonomie est intéressante, mais pratiquement inutilisable, la classification biologique est plus pertinente.

On peut classer les principaux allergènes alimentaires d’origine végétale comme suit :
 Superfamille des cupines :

  • Vicilines : Ara h 1, Jug r 2, Ses i 3, Cor a 11, Ana o 1
  • Légumines : Ara h 3, Ara h 4, Jug r 4, Cor a 9, Ana o 2
  • Germines like protéins : Cit s 1, Chilly pepper(Syndrome armoise-céleri-épices)

 Superfamille des Prolamines :

  • 2 S Albumines : Ber e 1(Noix du Brésil), Ses i 1, Ses i 2, Ana o 3 (Noix de Cajou), Jug r 1, Sin a 1, Bra j 1 (Moutarde), Ara h 2/7/6 ?, Ric c 1, Ric c 3 (Ricin)
  • LTP : Pru p 3, Cor a 8, Mal d 3, Jug r 3

 Prolamines des céréales : Tri a 19, Sec c 20,...

GrainProlamine % de Prolamines par rapport aux P totales
Froment Gliadine 69
Seigle Sécalinine 30-50
Avoine Avénine 16
Orge Hordéine 50
Millet Panicine 40
Maïs Zénine 55
Riz Orzénine 5
Sorgho Kafirine 52

 Protéines du système de défense : Pathogenesis related proteins ou PR protéines.

  • PR-1 : Cuc m 3
  • PR-2 : beta 1,3 glucanases : Hev b 2
  • PR-3 : Chitinases de classe 1 : Hev b 6.02, Pers a 1
  • PR-4 : Win like protein : Bra r 2
  • PR-5 : Pru av 2, Mal d 2, Cap a 1, Act c 2
  • PR-9 : Peroxydases : Tri a 8 ?
  • PR-10 : Intracellular PRPs : Mal d 1, Api g 1
  • PR-14 : LTP

 Autres protéines du système de défense :

  • Thiolprotéases
  • Papaïn like cystéin protéases : Act c 1
  • Serin protéases : Cuc m 1
  • Protease inhibitors :
  • Type Kunitz : Soja
  • Alpha amylase inhibitors : Céréales.

 Protéines structurales et métaboliques :

  • Protéines de stockage : Patatin : Sola t 1
  • Enzymes :
  • Isoflavones réductases : Bet v 1
  • Cyclophilines : Carotte
  • Fructofuranosidases : Lyc e 2 (Tomate)
  • Oxydases ? : Api g 5
  • Liases :
  • Profilines : Api g 4, Mal d 4
  • Oléosines

 Homologues de Bet v 1 :

  • Clinique : OAS (Syndrome oral) causé par des aliments frais et crus (les jus commerciaux sont tolérés). Les symptômes systémiques sont très rares.
  • Aliments pertinents : Pomme (marqueur) et rosaceae, les noix, kiwi, Apiaceae (céleri, carotte, fenouil)
  • SPT aéroallergènes : Bouleau ++++
  • SPT extraits communs d’aliments : rosaceae négatifs (sauf amande) ; noisette, carotte, céleri, soja, arachide positif de façon variable.
  • Les RAST peuvent aider.

 Les profilines :

  • Clinique : souvent asymptomatiques, OAS par des aliments frais et crus, symptômes systémiques rares. Jus commerciaux généralement tolérés.
  • Aliments pertinents : panallergène. Marqueurs : tomate, citron, melon, pastèque, ananas, banane, kaki.
  • SPT aéroallergènes : pollens positifs (sauf parfois pariétaire et cyprès).
  • SPT extraits alimentaires commerciaux : généralement négatifs ou faiblement positifs.

 Lipid transfert proteins (LTP) : on peut les trouver dans plusieurs familles : Prolamines, PR-Protéines

  • Clinique : OAS, urticaire, FDEIA (anaphylaxie induite par l’effort, dépendante des aliments), anaphylaxie, par les aliments cru/cuits, frais ou en conserves (jus !!!)
  • Tolérance pour les fruits pelés, carotte, céleri, patate, melon.
  • Aliments pertinents : pêche (marqueur), rosaceae, les noix, arachide, blé, bière, raisins, etc...
  • Réactivité croisée variable, dépendant du niveau d’IgE.
  • SPT extraits alimentaires communs : possible pour pêche, prune (diagnostic !), les noix, maïs. Carotte négative.
  • Les RAST sont souvent élevés.

 Allergies reliées à l’allergie au pollen d’Artemisia (Armoise).

  • Syndrome armoise-céleri-épices :
  • Aliments pertinents : céleri (marqueur), pomme, carotte, arachide, paprika, anis, fenouil, coriandre, cumin, mangue.
  • Allergènes pertinents : Profilines, CCD (Art v 5) (peut être), Art v 1, 60 kDa, Germin-like proteins.
  • Clinique : potentiellement sévère
  • Autres réactivités croisées potentielles :
    Miel, camomille, tournesol.

 Noix et graines : 2S Albumines

  • Clinique : symptômes souvent sévères.
  • Aliments pertinents : noix, noix du Brésil, noix de Cajou, moutarde, sésame, clou de girofle, tournesol, arachide.
  • Réactivités croisées décrites : tournesol/moutarde, sésame/clou de girofle, ?
  • SPT extraits commerciaux et RAST : positifs. Pêche négative.

 Les noix : Légumines/Vicilines :

  • Clinique : réactions souvent très sévères.
  • Aliments pertinents : noix, noisette, noix du Brésil, noix de Pécan, pignon de pin, noix de Cajou, noix de Coco, pistaches, noix de Macadamia, amande, (arachide).
  • Réactivités croisées : variables à la fois in vitro et in vivo (risque de 37%)
  • Décrites pour noix/noisette/noix du Brésil, Noix de Coco/ noix, Noix de Coco/noisette, amande/arachide, pistache/noix de Cajou, noix/noisette/noix de Cajou.

 Graines et noix, les Oléosines :

  • Allergènes découverts récemment.
  • Caractéristiques : hydrophobiques, non glycosylés, présent à la surface des corps gras, jouent un rôle stabilisant pour les organelles et de prévention de la coalescence de l’huile. 17 kDa (3 Oléosines distinctes).
  • Sources : Sésame, noisette, arachide.
  • Clinique : souvent symptômes sévères.
  • Réactivités croisées : inconnues.
  • SPT et RAST : souvent négatifs

 Arachide :

  • Allergène majeur : Vicilines (Ara h 1) ; Conglutines (Ara h 2) ; Glicinines (Ara h 3/4).
  • Clinique : réactions extrêmement sévères.
  • Distribution géographique : USA, GB, et pays où l’arachide est communément utilisée (rare en Italie). Réactions dépendantes du processus thermique (Inde : bouillie, USA : rôti à sec)
  • SPT extraits commerciaux : positifs, fréquemment positifs pour d’autres fabacées (soja, lupin, lentilles) mais la réactivité croisée clinique (l’allergie croisée) est rare.

 Syndrome latex-fruits :

  • Clinique : de l’OAS à l’anaphylaxie.
  • Réactivité croisée :
    • Chitinases de classe I (Hev b 6.02 ; PR3 ; labile à la chaleur, résistant à la pepsine) ; avocat, châtaigne, banane, fruits de la passion, kiwi, mangue, papaye, tomate.
    • Béta-1,3 glucanases (Hev b 2 ; PR2) ; avocat, châtaigne, banane, figue, kiwi (mais l’activité allergénique n’est pas claire), 47 kDa ; pêche, prune, kiwi, pomme de terre.
    • Hev b UDPGP ; prune, pêche, kiwi et al.

 Syndrome ficus-fruits :

  • Récemment décrit. Secondaire à une sensibilisation par voie respiratoire au Ficus benjamina.
  • Indépendant de la gomme naturelle de latex (Natural Rubber Latex = NRL) (latex) (SPT négatif, pas d’inhibition entre latex et ficus).
  • Allergie alimentaire à la figue (fraîche et sèche), kiwi, papaye, avocat, ananas, banane.
  • Clinique : urticaire, angioedème, asthme.
  • Réactivités croisées médiées par les thiol-protéases.

 Protéases papaïne-like :

  • Act c 1 (actinidine ; 30 kDa)
  • Aliments réagissant potentiellement de façon croisée : Figue (ficine), papaye ( papaïne), ananas (bromeline)
  • Clinique : de l’OAS à l’urticaire.

 Protéases subtilisine-like :

  • Melon (cucumisine).

 Allergie aux Rosaceae :

  • Bet v 1 like : évaluer la réactivité avec les autres aliments reliés au pollen de Bouleau.
  • Profiline : évaluer l’allergie aux autres aliments et mesurer les IgE vis-à-vis de rBet v 1.
  • LTP : évaluer la sensibilité aux noix, à l’arachide, aux céréales, etc.
  • LTP (+ ev.Profiline et/ou Bet v 1-like) se conduire comme avec une allergie à LTP.
QuestionBet v 1-likeProfilineLTPLTP(+ év.Profilin et/ou Bet v 1-like
Symptômes systémiques ? non non non/oui non/oui
Fruit mieux toléré si pelé ? non non oui oui
all aux jus du commerce ou alim cuits ? non non oui oui
SPT pollen bouleau positif ? oui oui non oui
SPT aéroallergènes saisonniers tous + ? non oui non oui
SPT extrait commercial de pêche + ? non non oui oui
RAST rBet v 2 positif ? non oui non non/oui
SPT NRL positif ? non non non/oui non/oui

 Allergie aux noix : diagnostic confirmé par tests cutanés (SPT) avec des aliments frais.

  • Bet v 1 like : évaluer la réactivité avec les autres alim reliés au pollen de Bouleau.
  • Profiline : évaluer l’allergie aux autres aliments et mesurer les IgE vis-à-vis de rBet v 2.
  • LTP (+ seed storage protein ?) peler les Rosaceae, éviter les jus de fruits, évaluer la réactivité à l’arachide, aux autres noix et graines, aux céréales, etc...
QuestionBet v 1-likePofilineLTP+Prot.de stockage de graine ?Protéine de stockage de graines
Symptômes systémiques non non oui oui
Réactif aux aliments cuits ? non non oui oui
SPT pollen Bouleau + oui oui oui/non oui/non
SPT aéroallergènes saisonniers tous + ? oui oui oui/non oui/non
SPT extrait commercial de pêche + ? non non oui non
SPT extrait commercial de noisette + ? oui oui/non oui oui
SPT extrait commercial de noix + ? non non oui oui
RAST rBet v 2 positif ? non oui oui/non oui/non
SPT NRL + ? non non non non

 Recherche des réactions croisées :

  • Par rapport au Sésame : noix, noix du Brésil, moutarde, tournesol, clou de girofle, arachide, graines de riçin.
  • Par rapport au NRL (latex) : avocat, banane, châtaigne, figue, kiwi, mangue, papaye, fruits de la passion, autres (de l’histoire clinique).

Les microarrays vont changer la pratique : c’est trop complexe, avec trop de variable, mais la clinique viendra toujours en premier.


Identification et caractérisation des allergènes du soja.

Thomas Holzhauser, Germany.

Le soja fait parti des « big 8 » allergènes alimentaires (FAO/WHO 1995).

Son potentiel allergénique est inférieur à celui de l’arachide, mais il existe des réactions sévères.

A propos du soja, il faut admettre que quelques données sont contradictoires.

L’identification et la caractérisation peuvent améliorer le diagnostic.

Données d’après FARRP database (http://www.allergenonline.com/) + Allergome (http://www.allergome.org/) :

AllergènePoids mol.(kDa)Famille de protéinesPatients/sera
Gly m 1 (inhal.) 7-7.5 Protéine de la coque de soja Asthme au soja
Gly m 2 (inhal.) 8 Protéine de la coque de soja Asthme au soja
Gly m 3 14 Profiline 12 cas de Dermatite atopique
Gly m 4 17 PR-10 20 cas d’allergie confirmée
KTI (SBTI) inhal. 20 Inhibiteur de protéase 1 anaphylaxie, 14 boulangers sensib.
Gly m Bd30k 30-34 Vacuolar cystéine/thiolprotéase 17 dermatite atopique avec IgE au soja
Gly m Bd28/23k 26/23 GlycoP in 7S Globuline fraction DA avec IgE au soja, plusieurs cas de sensib.
Sous unité alpha de Béta-conglycinine 67 7S Viciline-like protéines de stockage 6/69 sensibles au soja avec DA
Glycinine G1 A 33 11S Légumine-like Protéines de stockage 7 cas d’histoire clin. all. soja
Glycinine G2 B 20 11S Légumine-like Protéines de stockage 7 DA, conf. par DBPCFC soja
Glycinine A5B3 36-21 11S Légumine-like Protéines de stockage 30 enfants avec CMA, pas d’all.soja
2S Albumine 12 2S Albumine 1/6 patients sensible soja

 Seuls sont reconnus (par l’IUIS) :

  • Gly m 1, Gly m 2 (allergènes inhalés)
  • Gly m 3, Gly m 4 (allergènes alimentaires)

Des allergogrammes réalisés chez plusieurs patients montrent qu’il n’est pas facile d’identifier les allergènes majeurs, chaque patient ayant son propre profil de réactivité.

  • Existe-t-il des différences entre les patients objectivant des signes cliniques subjectifs et objectifs ?
  • Existe-t-il des différences avec les patients qui ont des réactions sévères ?
  • Dans l’approche protéomique, la réactivité est toujours difficile à appréhender en 2 DE-immunoblot.
    Par exemple, Gly m Bd30kDa, allergène majeur putatif, le recombinant rGly m Bd30k n’a pas d’activité IgE...Donc, pas un allergène majeur.
  • Dans une fraction d’huile avec Gly m Bd30k, de 32kDa exactement, on se concentre sur les protéines identifiées :
    5 Proglycinines exprimées en recombinant :
    • Natural Béta conglycinine (3 sous unités).
    • Recombinant proglycinine (5 sous unités).
    • Environ 30% des patients sont sensibles à l’une des deux : ce ne sont donc pas des allergènes majeurs.

Conclusion :
 Il existe des données controversées pour l’allergie au soja et pour les allergènes du soja.
 Au moins partiellement, les études manquent de sera bien caractérisés de patients allergiques au soja.

Dans l’étude Faredat, 30 patients avec une allergie confirmée au soja.
Pour les profils de liaison IgE-Soja :

  • Pas de différence entre ceux qui ont des symptômes subjectifs ou objectifs.
  • Pas de différence entre les réactions anaphylactiques et celles qui sont moins sévères.
  • Pour l’identification des allergènes du soja :
    • Protéine de stockage majeure Béta-conglycinine (sous unités alpha, alpha’ et Béta) et Glycinine (sous unités G1, G2 et G3).
    • Gly m Bd 30k n’est probablement pas un allergène majeur du soja en Europe.

De plus amples caractérisations et investigations de l’activité biologique sont nécessaires pour mieux comprendre les allergènes de soja afin d’améliorer le diagnostic in vitro.

Des valeurs seuils de Soja (NOAEL 2mg ; subj. LOAEL 10mg ; obj. LOAEL 544mg) sont utilisables pour l’évaluation du risque d’allergie et la prise en charge de l’allergie.


Profils de sensibilisation aux pollens et aux allergènes alimentaires végétaux. Le modèle des Rosaceae.

Monserrat Fernandez-Rivas, Espagne.

Le syndrome Bouleau-pomme concerne 70% des polliniques au bouleau.

  • Les allergènes : Bet v 1, Profilines, LTP.

Une étude européenne a été menée : Pays-Bas (NL), Autriche (A), Italie (I) et Espagne (E).

Les symptômes induits par l’ingestion de pomme sont assez similaires pour NL, A, I (Signes cliniques rares, modérés) et un peu différents pour l’E : les données chiffrées du tableau suivant sont arrondies

PaysSyndrome oralCUDigestifRCDyspnéeUrticaireAX
Pays-Bas 100% 30% 10% 40% 20% - -
Autriche 95% 12% 15% 30% 5% 4% -
Italie 90% 3% 10% 9% 2% 1% -
Espagne 80% 1% 18% 3% 7% 29% 12%

Si on fait un tableau de la répartition de ces allergies selon les pays :

Payspollen bouleauPommePêcheNoisette
NL 17% 24% - -
A 17% 25% 19% 20%
I 28% 33% 31% 35%

La sensibilisation au pollen de Bouleau précède l’allergie alimentaire.

Si on regarde les RAST aux allergènes de pomme et à Bet v 1 : A, NL, I forment un seul groupe avec une forte réponse pour nBet v 1 et nMal d 1.

La seule association significative trouvée est :

  • Mal d 1-Réaction locale, avec une odd ratio de 2.97 (1.52-5.97).
  • Ceci en accord avec le schéma classique d’une sensibilisation primaire à Bet v 1 par voie inhalée, des IgE réagissant de façon croisée avec Mal d 1 pour entraîner des symptômes locaux.

Regardons les fruits des Rosaceae en Espagne.

Sur 412 patients allergiques aux fruits des Rosaceae (dans 8 centres) :

  • Coing : 1%
  • Fraise : 5%
  • Cerise : 7%
  • Abricot : 8%
  • Prune : 8%
  • Poire : 8%
  • Pomme : 19%
  • Pêche : 50%

L’âge de survenue était précisé :

  • Pollens : 15 ans (88% d’allergiques aux pollens, dont 93% pour les Poaceae)
  • Pomme : 19 ans
  • Pêche : 14 ans
  • Noisette : 17 ans

Statistiquement, il n’y a pas de différence significative dans l’âge de survenue.

Quelle que soit la provenance des patients (les 8 centres sont répartis dans presque toute l’Espagne) on n’a pas mis en évidence de différence entre pomme et pêche :

  • 1/3 de réactions systémiques et 2/3 de réactions locales.
  • Les réactions qui concernent la peau des fruits sont plus fortes, celles aux fruits pelés sont plus faibles.
  • Odd ratio :
    • Mal d 3 : 0.33 (0.13-0.88) pour les réactions locales et 2.35 (1.13-7.67) pour les réactions systémiques.
    • Mal d 4 : 5.32 (1.94-14.62) pour les réactions locales.
  • Ceux qui ne sont pas sensibles à Bet v 1 :
    • Mal d 2 : pertinence inconnue.
    • Mal d 3 : facteur de risque pour la survenue de réactions systémiques (cf. plus haut)
    • Mal d 4 : réactions locales.
    • Mal d 3 et 4 : augmentés par rapport aux autres pays (40% des patients).

On peut donc compléter le schéma vis-à-vis des Rosaceae en Espagne :

  • Première possibilité : sensibilisation primaire à Bet v 1 par voie inhalée, production d’IgE réagissant de façon croisée avec Mal d 1 pour entraîner des symptômes locaux.
  • Deuxième possibilité : sensibilisation primaire à Pru p 3 (LTP de la pêche) par voie orale, production d’IgE réagissant de façon croisée avec Mal d 3 avec pour conséquences des symptômes locaux ou des réactions systémiques.
  • Il existe une troisième façon de développer une allergie à la pomme, en étant sensibilisé aux profilines.

La région de Madrid, soumise à un climat continental avec un printemps court, expose ses habitants à de fortes quantités de pollens, ce qui est peut-être la raison de la fréquence des sensibilisations observées à des allergènes mineurs comme les profilines.

L’allergie aux fruits des rosacées en Espagne ne saurait se résumer au seul syndrome Bouleau-pomme.


Le réseau Végétalia : étude des allergies aux pollens et aux aliments issus des plantes.

Javier Cuesta-Herranz.

Cette étude multicentrique concerne plusieurs régions d’Espagne.

Au niveau du panel moléculaire, les allergènes inclus sont :

 Pollens :

  • Artemisia : nArt v 1.
  • Cupressus : nCup s 1
  • Olea : nOle e 1, nOle e 9 (N+C domaine glucanase)
  • Parietaria : nPar j 1
  • Poaceae : nPhl p 1, nPhl p 5, nCyn d 1
  • Plantago : nPla l 1
  • Chenopodium : rChe a 1, rChe a 3 (Polcalcine)
  • Salsola : nSal k 1
  • Platanus : rPla a 1, nPla a 2

 Aliments végétaux :

  • Farine de blé : nCM3, nCM16 (inhibiteur alpha-amylase)
  • Lentille : nLen c 1 (Viciline)
  • Pêche : nPru p 3 (LTP)
  • Chitinases : nPers a 1 (avocat), rCas s 5 (Châtaigne).
  • Moutarde : nSin a 1 (2S Albumine)

 Aliments végétaux relies aux pollens :

  • Mélange de profilines : rChe a 2, rMal d 4, rCuc m 2.
  • PR-10 : nBet v 1, rMal d 1
  • nPeroxydase (CCD)

 L’étude du patient :

  • 9 groupes de travail d’allergologues.
  • 100 patients pour chaque groupe de travail.
  • 50 patients allergiques à n’importe quel aliment végétal.(un algorithme allergie alimentaire a été utilisé).
  • 50 patients allergiques au pollen (sans allergie à un aliment végétal).
  • Pas d’immunothérapie depuis au moins 5 ans.

Résultats pour les patients allergiques au pollen sans allergie alimentaire :

Allergène% de patientsvaleur moyenne du RAST
Phl p 1 80% 13.9
Phl p 5 40 30
Cyn d 1 44 4.5
Total Poaceae 82 -
Art v 1 4 5.3
Bet v 1 5 0.5
Cup s 1 45 3.9
Ole e 1 55 6
Pla a 1+2 20 7.2
Pla l 1 10 3.6
Sal k 1 2 0.7
Profiline 15 2.8
Pru p 3 10 2.5
CCD 15 0.4

Avec quelques différences selon les régions (Phl p 1 élevé pour Madrid et Pampelune).

 Pour les allergènes de l’Olivier :

  • Ole e 1 : de 55 (Jaen) à 85% (Madrid).
  • Ole e 9 : de 35 (Jaen) à 0% (Madrid).
  • Polcalcine : de 10 (Jaen) à 0% (Madrid).
  • Profiline : de 10 (Jaen) à 12% (Madrid).

Résultats des tests cutanés pour les patients allergiques aux pollens seulement (1e chiffre) et aux pollens + allergie alimentaires (2e chiffre) :

Tests pollens% + quand pollens seuls% + quand pollens et aliments
Poaceae 79% 75%
Olea 62% 61%
Cupressus 39% 41%
Plantago 35% 60%
Platanus 35% 65%
Artemisia 33% 54%
Betula 20% 45%
Parietaria 19% 31%
Salsola 18% 49%

En détaillant au niveau des allergènes (1e chiffre = pollens seuls, 2e chiffre = pollens+alim)

Allergène% + quand pollens seuls% + quand pollens et aliments
Art v 1 11% 16%
Bet v 1 3% 12%
Cup s 1 35% 38%
Cyn d 1 45% 44%
Len c 1 1% 2%
Ole e 9 4% 6%
Ole e 1 45% 50%
Par j 1 4% 5%
Peroxidase 7% 11%
Phl p 1 65% 64%
Phl p 5 37% 40%
Pla a 1 + 2 11% 21%
Pla l 1 7% 11%
Profiline 12% 32%
Chitinase 1% 3%
Che a 1 1% 2%
Che a 3 6% 10%
LTP 7% 41%
Sal k 1 11% 24%
Sin a 1 1% 3%

On remarque de grosses différences pour les LTP et les profilines, selon que l’on est allergique au pollen (1e chiffre) ou pollen + alim. (2e chiffre).

Si on sépare les allergiques alimentaires selon pollen (1e chiffre) et non-pollen (2e chiffre) :

Allergène% quand allergique pollen% quand pas allergique pollen
Phl p 1 65% 27%
Ole e 1 51% 25%
Cyn d 1 45% 12%
Phl p 5 40% 10%
Cup s 1 38% 15%
LTP 41% 58%
Profiline 32% 7%
Sal k 1 25% 4%
Pla a 1 et 2 20% 6%
Art v 1 18% 6%
Pla l 1 13% 5%
Peroxidase 13% 8%
Che a 3 11% 1%
Bet v 1 12% 4%
Ole e 9 5% 0%
Len c 1 2% 8%
Par j 1 4% 0%
Chitinase 2% 3%
Che a 1 1% 0%
Sin a 1 2% 3%

Au total, si on regarde Profilines vs LTP.

 Dans le groupe allergie alimentaire :

  • Totalité du groupe :
    • LTP + Profiline : 15%
    • Profiline : 9%
    • LTP : 39%
    • Aucun des deux : 37%
  • Sous groupe Pollens :
    • LTP + Profiline : 12%
    • Profiline : 21%
    • LTP : 30%
    • Aucun des deux : 37%
  • Sous groupe non-pollens :
    • LTP + Profiline : 3%
    • Profiline : 3%
    • LTP : 56%
    • Aucun des deux : 38%

 Dans le groupe des polliniques :

  • LTP + Profiline : 2%
  • Profiline : 6%
  • LTP : 6%
  • Aucun des deux : 86%

Odd ratio pour Profilin -LTP selon les sources allergéniques :

Profilinesource allergéniqueLTP
7.8 Pastèque ns
7 Cantaloup(Melon) ns
5.1 Carotte ns
5.7 Tomate ns
ns Noix 8.5
ns Noisette 7.5
7.5 Orange ns
0.4 Banane ns
2.9 Kiwi ns
2.8 Poire ns
ns Pomme 8.2
1.9 Pêche 13

Quel pourcentage de patients allergiques à tel ou tel fruit ne présente qu’un OAS (Oral allergy Syndrome) sans autres symptômes ?

  • Pêche : 60%
  • Melon : 80%
  • Kiwi : 70%
  • Noix : 55%
  • Pomme : 56%
  • Banane : 57%
  • Arachide : 50%
  • Noisette : 56%
  • Amande : 51%
  • Tomate : 93%
  • Pastèque : 95%
  • Châtaigne : 52%
  • Poire : 83%

60 % des patients allergiques à la pêche ne font qu’un syndrome oral.

Conclusion :
 L’utilisation d’un panel d’allergènes moléculaires purifiés en pratique quotidienne nous permettrait d’améliorer le diagnostic des patients et les décisions thérapeutiques.
 De plus, ce panel d’allergènes moléculaires est un outil capital en recherche allergologique, à la fois pour les pollinoses et pour les allergies alimentaires.

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