A la recherche du gold standard dans l’asthme d’effort...

mercredi 10 mai 2006 par Dr Geneviève DEMONET3428 visites

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A la recherche du gold standard dans l’asthme d’effort...

A la recherche du gold standard dans l’asthme d’effort...

mercredi 10 mai 2006, par Dr Geneviève DEMONET

Chacun recherche son « gold standard »... L’asthme induit par l’exercice n’échappe pas à la règle. Quelle est la meilleure technique diagnostique : le test de provocation en laboratoire, sur le terrain, ou le test d’hyperventilation eucapnique volontaire ?
Des athlètes britanniques de sport d’hiver de haut niveau ont passé les tests...

Recherche d’un asthme induit par l’exercice chez des athlètes de sports d’hiver : comparaison de trois méthodes de provocation : J W Dickinson1, G P Whyte1, A K McConnell2 and M G Harries3

1 English Institute of Sport, Bisham Abbey, Marlow, Buckinghamshire, UK
2 Department of Sports Science, Brunel University, Uxbridge, Middlesex, UK
3 Department of Respiratory Medicine, Northwick Park Hospital, Harrow, UK

dans British Journal of Sports Medicine 2006 ;40:179-182

 Contexte :

  • La prévalence rapportée de l’asthme induit par l’exercice (AIE) chez les athlètes de sport d’hiver de haut niveau varie de 9 à 50%.
  • Beaucoup d’athlètes de sport d’hiver de haut niveau ne rapportent pas de symptômes d’AIE.
  • Pour l’instant, il n’existe pas de test qui puisse être considéré comme un gold standard.

 Objectifs :

  • Établir l’efficacité de la recherche d’un AIE et examiner le rôle du test d’hyperventilation eucapnique volontaire (HEV) et des tests de provocation par l’exercice en laboratoire ou sur le terrain dans l’évaluation des athlètes de sport d’hiver de haut niveau.

 Méthodes :

  • On a étudié 14 athlètes de l’équipe britannique de patinage de vitesse sur piste courte (n = 10) et de biathlon (n = 4) (moyenne d’âge (DS) : 22.6 (5,7), de taille : 177.2 cm (7,0), de poids : 68.9 (16,9) kg).
    -* Chaque athlète a passé un test de provocation à l’effort en laboratoire, un test de provocation lors d’un exercice sportif spécifique et un test d’HEV, le tout dans un ordre aléatoire.

 Résultats :

  • Les 14 athlètes ont passé tous les tests.
  • Parmi eux, deux avaient des antécédents d’asthme.
  • Dix athlètes (inclus les 2 ayant des antécédents asthmatiques) ont eu un résultat positif au moins à l’un des tests de provocation.
  • Dix athlètes ont eu une réponse positive au test d’HEV ; parmi eux, seulement trois avaient également un résultat positif lors du test de provocation à l’effort sur le terrain.
  • Aucun athlète n’a eu de test positif lors du test de provocation en laboratoire.

 Conclusions :

  • Un AIE devrait être recherché chez les athlètes de haut niveau.
  • L’HEV est un test plus sensible chez les athlètes asymptomatiques que les tests de provocation sur le terrain et en laboratoire.
  • Si les organisations sportives voulaient mettre en œuvre des programme de dépistage d’AIE chez les athlètes, le test de choix serait l’HEV.

Dans le but de rechercher la meilleure technique diagnostique d’un asthme induit par l’exercice chez les athlètes de sport d’hiver de haut niveau, on a comparé les résultats obtenus par un test de provocation à l’effort en laboratoire, un test de provocation sur le terrain et un test d’hyperventilation eucapnique volontaire (HEV).

14 athlètes britanniques ont été inclus dans cette étude (10 patineurs de vitesse sur piste courte et 4 pratiquant le biathlon).

Le test d’HEV s’est avéré être le plus sensible devant le test de provocation sur le terrain.

Quelques détails sur le test d’hyperventilation eucapnique volontaire : il est considéré positif lorsqu’une chute du VEMS supérieure ou égale à 10% par rapport à la valeur de base est enregistrée après à une période d’hyperventilation de 6 minutes en air sec. Afin d’éviter l’influence d’une fatigue des muscles respiratoires sur les données spirométriques en post test, les mesures du VEMS ne doivent débuter qu’après 3 minutes de récupération.

Les traitements anti-asthmatiques doivent être interrompus avant l’examen : pas de bronchodilatateurs de courte durée d’action, de cromoglycate de sodium, de nédocromil de sodium, ou de bromure d’ipratropium sur une période de 8 heures, pas de bronchodilatateurs à longue durée d’action ou d’antihistaminiques sur une période de 48 heures, pas d’antagonistes des leucotriènes pendant 4 jours et pas d’inhalation de corticostéroïdes le jour du test.

Enfin, pas de caféine le matin du test et pas d’effort soutenu 4 heures avant le début du test...

Quelques précisions encore sur les épreuves sportives en question pour ceux qui sont, comme moi, imperméables aux épreuves sportives en tout genre :
 le patinage de vitesse sur courte piste est une course ordinaire, sauf qu’on a des patins aux pieds : c’est le premier qui arrive qui a gagné ! Elle se court (se patine ?) sur une piste ovale de 111,12 m dessinée sur une patinoire de 30 m x 60 m. Il existe plusieurs courses : 500 m (4½ tours),1000 m (9 tours), 1500 m (13½ tours) ainsi qu’un relais 3000 m pour les femmes (27 tours) et 5000 m pour les hommes (45 tours) ;
 le biathlon, avant d’être un sport, était une tactique de survie ! En effet, les Européens du Nord ont d’abord skié pour chasser afin de se nourrir, avant de skier armés pour défendre leurs pays...
Comme on le devine aisément, le mot « biathlon » vient du grec et signifie « deux épreuves ».
Le but des épreuves de biathlon est de compléter le plus rapidement possible un parcours de ski de fond ponctué d’étapes de tirs, alternant la position couchée et debout, et exécutées avec un nombre limité de cartouches.
C’est fou ce qu’on apprend en lisant des articles de médecine...

Pour revenir au sujet, le test d’HEV semble en effet le meilleur pour apporter une preuve de l’asthme d’effort dans un contexte officiel de compétition même si le nombre de sujets de l’étude est très faible.

Les auteurs semblent cependant également prôner son utilisation dans le dépistage des sportifs ayant un asthme d’effort ignoré.

La sensibilité du test est en effet importante mais qu’en est-il de sa spécificité ? Traiter un sportif asymptomatique présente-t-il un intérêt ? Développera-t-il un asthme symptomatique ultérieurement ou est-ce une simple particularité ?

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