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Paracetamol : plus facile à avaler qu’à démontrer qu’on y est allergique ! !
mercredi 18 septembre 2002, par
L’allergie aux médicaments est toujours un diagnostic difficile et aucun test à lui seul n’est satisfaisant pour affirmer ou infirmer ce diagnostic. Le test de provocation orale est de plus en plus proposé. Les auteurs font partager leur expérience à propos de l’allergie au paracetamol.
Préciser le diagnostic de suspicion d’allergie au paracetamol (acetominophen) : Résultats d’une étude en simple aveugle. : Kvedariene V, Bencherioua AM, Messaad D, Godard P, Bousquet J, Demoly P. dans Clin Exp Allergy 2002 Sep ;32(9):1366-9
L’hypersensibilité au paracetamol (Acetaminophen) est rare et très peu de données sont disponibles dans la littérature.
– Matériel et méthodes :
*84 patients (28 hommes et 56 femmes ayant une suspicion d’hypersensibilité au paracetamol ont été adressés à notre centre entre Mai 1996 et Mai 2000. Les réactions étaient survenues entre 1 et 96 mois avant la consultation.
*Un test de provocation par voie orale en simple aveugle contre placebo à été réalisé chez 82 patients, sous surveillance médicale stricte.
– Résultats :
*la plupart des patients ont eu une éruption cutanée 82/84 (97,6%), avec 10 cas de choc anaphylactique (11,9%).
*26 (30,9%) réactions étaient immédiates (survenant dans la première heure après la prise orale), 53 (63,1%) étaient non immédiates et 5 non précisées.
*Le test de provocation orale démontre une hypersensibilité chez 11 patients seulement. Les 2 patients non testés (en raison de réactions gravissimes ) ont été considérés comme positifs.
*Ainsi, 13 (15,5%) des patients ont une hypersensibilité au paracetamol, et 71 (84,5%) non. Les 13 patients ont tous eu une éruption cutanée, 5 un choc anaphylactique associé. 9/13 ont eu une réaction immédiate.
*Dans les 2 groupes qu’il y ait ou non une hypersensibilité au paracétamol : l’atopie est identique (7/13 - 53,8% et 31/71 - 43,7%), le sexe ratio n’est pas différent (M/F 0,3 et O,5), 3/13 (23,1%) et O/71 (0%) ont une hypersensibilité à l’aspirine et à l’ibuprofen.
– Conclusion : L’histoire clinique d’une hypersensibilité au paracétamol est rarement suffisante pour affirmer le diagnostic et seul un test de provocation par voie orale peut le confirmer. Un test de provocation soigneux reproduit les mêmes symptômes (pas plus sévère dans l’expérience des auteurs) avec la même chronologie ou très peu retardée. L’atopie et le sexe ne sont pas des facteurs de risque.
Il s’agit d’une étude très intéressante car de plus en plus de patients décrivent une réaction au paracetamol.
Il n’y a pas effectivement beaucoup de chocs dans cette expérience, mais la plupart des patients décrivent pourtant une éruption immédiate.
Dans notre expérience un test négatif n’a pas empêché un incident plus important lors de la reprise du paracetamol mais cette fois dans des conditions d’hyperthermie.
Les patients de cette étude avaient des antécédents de réactions jusqu’à 96 mois avant le test de provocation : il est possible dans ces conditions que la nouvelle reprise n’entraîne qu’une réaction minime mais rien n’empêche de penser qu’une nouvelle prise n’entraîne cette fois un choc réel. Les conclusions de cette étude doivent donc être interprétées avec prudence.
Dans tous les cas la survenue de chocs doit faire réaliser le test avec prudence et avec le consentement éclairé des patients.
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