L’asthme croit plus vite que le poumon

jeudi 30 novembre 2006 par Dr Clément FOURNIER1015 visites

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L’asthme croit plus vite que le poumon

L’asthme croit plus vite que le poumon

jeudi 30 novembre 2006, par Dr Clément FOURNIER

L’histoire naturelle de la fonction pulmonaire de l’enfant asthmatique n’est pas totalement caractérisée. Cette étude a recherché à savoir si l’asthme léger à modéré de l’enfant a des conséquences sur la croissance pulmonaire.

L’asthme léger à modéré affecte la croissance pulmonaire chez les enfants et les adolescents : Robert C. Strunk, MDa, Scott T. Weiss, MDb, Katherine P. Yates, ScMc, James Tonascia, PhDc, Robert S. Zeiger, MD, PhDde, Stanley J. Szefler, MDf

a From the Division of Allergy and Pulmonary Medicine, Department of Pediatrics, Washington University School of Medicine and St Louis Children’s Hospital
b Channing Laboratory, Brigham and Women’s Hospital and Harvard Medical School, Boston
c Bloomberg School of Public Health, Johns Hopkins University, Baltimore
d the Department of Pediatrics, University of California-San Diego, La Jolla
e Department of Allergy, Kaiser-Permanente Southern California Region, San Diego
f Department of Pediatrics, Division of Pediatric Clinical Pharmacology, National Jewish Medical and Research Center, Denver

dans JACI Volume 118, Issue 5, Pages 1040-1047 (November 2006)

 Contexte :

  • Les effets de l’asthme de l’enfant sur la croissance pulmonaire sont peu connus.

 Objectif :

  • Montrer les effets de l’asthme léger à modéré de l’enfant sur la croissance pulmonaire

 Méthodes :

  • Un total de 1041 enfants avec asthme léger à modéré (données du CAMP : Childhood Asthma Management Program) était comparé à 5415 enfants sans asthme (données du H6CS : Harvard Six Cities Study).
  • Des comparaisons de la croissance pulmonaire (rapportées au sexe et à l’âge) étaient réalisées entre les 2 groupes CAMP et H6CS en utilisant des mesures répétées et un modèle de régression multilinéaire.
  • Les pourcentages d’enfants avec asthme et anomalies de la croissance pulmonaire (rapportées au sexe et à l’âge) étaient calculés en mesurant les valeurs fonctionnelles pulmonaires (anormal si < 5ème percentile de la valeur normal du groupe H6CS).

 Résultats :

  • Le rapport VEMS/CVF était significativement plus bas chez les enfants asthmatiques que chez les enfants sans asthme à la fois chez les garçons et les filles (p < 0.001), avec une augmentation de la CVF chez les enfants asthmatiques (p < 0.001).
  • Le VEMS était plus bas chez les garçons asthmatiques que chez ceux sans asthme (p < 0.001), mais pas chez les filles (p = 0.14).
  • Le pourcentage d’enfants du CAMP avec un rapport VEMS/CVF anormal augmentait avec l’âge dans les 2 sexes (p < 0.001).
  • Les modèles de croissance pulmonaire entre les enfants avec et sans asthme n’étaient pas différents parmi les enfants traités pendant 4,3 ans par budesonide ou nedocromil et placebo durant l’essai CAMP.

 Conclusion :

  • L’asthme léger à modéré entraîne un modèle d’obstruction des voies aériennes qui augmente en magnitude de l’âge de 5 à 18 ans.

 Implications cliniques :

  • Des spirométries périodiques sont nécessaires pour monitorer les enfants asthmatiques afin de dépister l’augmentation de l’obstruction aérienne et mettre en place les mesures appropriées en suivant les recommandations des sociétés savantes.

Les auteurs de cette étude ont posé une question intéressante : l’asthme a-t-il un retentissement sur la croissance des poumons ?

Ils ont donc analysé les données de 2 cohortes d’enfants (asthmatiques et non asthmatiques) en comparant notamment les valeurs des explorations fonctionnelles respiratoires.

Leurs résultats ne mettent pas en évidence de conséquence de la pathologie asthmatique sur le développement pulmonaire. En revanche, il semble que le pourcentage de syndrome obstructif vrai (rapport de Tiffeneau abaissé) augmente au fur et à mesure de l’âge des enfants.

Les auteurs en concluent qu’il faut réaliser des spirométries régulières chez ces enfants afin de dépister au plus tôt une obstruction des voies aériennes.

Il est difficile de conclure quand les résultats d’une étude sont négatifs par rapport à la question posée initialement, d’où la conclusion de cette étude qui est fonction des résultats disponibles par ailleurs.

Bien sûr, les auteurs enfoncent un peu une porte ouverte en préconisant des EFR régulières pour surveiller les asthmes de l’enfant, mais une injection de rappel n’est jamais de trop...