Allergie aux bétalactames : si j’ai dit non, c’est « non » !! Non mais !

vendredi 26 janvier 2007 par Dr Stéphane Guez2051 visites

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Allergie aux bétalactames : si j’ai dit  non, c’est « non » !! Non mais !

Allergie aux bétalactames : si j’ai dit non, c’est « non » !! Non mais !

vendredi 26 janvier 2007, par Dr Stéphane Guez

La hantise de l’allergologue est, au terme de son exploration, le faux négatif car il sait qu’aucun de ses moyens d’exploration n’est parfait, que ce soit les test cutanés ou les tests de réintroduction. Alors qu’en est-il dans l’exploration des allergies aux bétalactames dont on sait que la réaction allergique peut être très sévère ?

Allergie aux Bétalactamines chez les enfants : une étude prospective de suivi chez des enfants à nouveau traités après des tests cutanés négatifs et des tests de provocation négatifs. : C. Ponvert, C. Weilenmann, J. Wassenberg, P. Walecki, M. L. Bourgeois, J. de Blic, P. Scheinmann (2007)

Department of Pediatrics, Pulmonology & Allergy Unit, Paris V University, Sick Childrens Hospital, Paris, France ; Internal Medicine Unit, Jura Hospital, Porrentruy, Switzerland ; Department of Pediatrics, Allergy and Immunology Unit, CHUV, Lausanne, Switzerland ; Boulevard Saint-Jacques, Paris, France

dans Allergy Volume 62 Issue 1 Page 42 - January 2007

 Introduction :

  • Environ 10% des patients chez qui une hypersensibilité aux bétalactames a été exclue par des tests cutanés et des tests de réintroduction, rapportent des réactions évocatrices d’allergie lors de traitement avec la même molécule ou une bétalactame similaire.
  • Il a été évoqué une re-sensibilisation induite par le test de provocation oral lors du bilan allergologique.
  • Cependant, beaucoup de patients ne bénéficient pas d’un nouveau bilan allergologique pour déterminer si la réaction observée est liée ou non à une hypersensibilité aux bétalactames.

 Objectif de l’étude :

  • Les auteurs ont cherché à déterminer si les enfants diagnostiqués comme non allergiques aux bétalactames ont toléré des traitements avec la molécule initialement suspectée et/ou une autre bétalactame,
  • et, en cas de réaction, si cette réaction résulte d’une hypersensibilité aux bétalactames.

 Matériel et méthode :

  • Les auteurs ont envoyé un questionnaire concernant les antécédents cliniques de leurs enfants aux parents de 256 enfants ayant été préalablement diagnostiqués comme non allergiques aux bétalactames.
  • Un second bilan allergologique a été réalisé chez les enfants ayant rapportés une réaction suspecte d’allergie durant le traitement (par la même bétalactame ou une autre bétalactame).
  • Les tests cutanés ont été réalisés avec la forme soluble de la molécule suspectée ou une très similaire, ou avec d’autres bétalactames de la même ou d’une autre classe.
  • Les réponses aux tests cutanés ont été évaluées après 15 à 20 minutes, 6 à 8h et 48 à 72h.
  • Un test de provocation oral a été réalisé chez les enfants ayant des tests cutanés négatifs à l’hôpital ou à la maison (réactions retardées).

 Résultats :

  • Une réponse a été obtenue chez 141 enfants (55.3%).
  • 48 (34%) de ces enfants n’ont pas été traités avec la molécule bétalactame qui avait initialement conduit à la réalisation d’un bilan allergologique.
  • Sept (7.5%) des 93 enfants qui ont été retraités rapportent des réactions allergiques.
  • Les tests cutanés et le test de provocation orale ont été réalisés chez 6 de ces enfants, et sont négatifs chez 5 enfants. Un enfant d’abord diagnostiqué comme non allergique à l’amoxicilline associé à l’acide clavulanique présente une réaction retardée à l’acide clavulanique et a présenté une maladie sérique au cefaclor.
  • Ainsi, la fréquence des réactions secondaires à une hypersensibilité aux bétalactames est très faible chez les enfants ayant des tests cutanés négatifs et des tests oraux négatifs, et n’excède pas 2.1% (2/93) si on considère que les enfants qui refusent un second bilan allergologique sont réellement allergiques aux bétalactames.

 Conclusion :

  • Nos résultats sur un grand nombre d’enfants montrent que les réactions qui semblent secondaires à une hypersensibilité aux bétalactames sont très rares chez les enfants pour lesquels un bilan allergologique préalable a éliminé une allergie aux bétalactames.
  • De plus, ces résultats suggèrent que, comme cela a été montré pour les réactions initiales, la plupart des réactions observées durant le traitement sont plus la conséquence de l’infection que des bétalactames.
  • Finalement, le risque de re-sensibilisation par le test oral est très faible et ces résultats suggèrent qu’il n’est pas nécessaire de refaire des tests cutanés chez les enfants ayant déjà été testés avec des résultats négatifs pour les bétalactames.

Dans ce travail les auteurs démontrent que le risque de re-sensibilisation des enfants aux bétalactames est très faible et qu’il n’y a donc pas de risque à pratiquer un test de réintroduction médicamenteux pour conforter des tests cutanés dans l’exploration initiale d’une allergie aux bétalactames.

Cette étude est extrêmement intéressante car elle permet de répondre à des questions majeures et dans un domaine difficile qu’est l’allergie aux bétalactames.

L’analyse des données confirme donc deux choses :
 l’exploration allergologique lorsque elle décrète qu’un enfant n’est pas allergique à une bétalactame est fiable. Lorsqu’il y a malgré tout une réaction d’allure allergique lors de la reprise réelle d’une bétalactame cette réaction est le plus souvent liée en réalité à l’infection sous-jacente et non à un mécanisme immuno-allergique.
 D’autre part il n’y a pas de risque de re-sensibiliser les enfants en pratiquant un test de réintroduction orale après avoir réalisé des tests cutanés dont les résultats sont négatifs. Ce point est crucial car il y a toujours eu un doute sur cette possibilité de créer à nouveau une sensibilisation en pratiquant un test de réintroduction après avoir fait des tests cutanés avec la même molécule.

Ainsi donc l’exploration de l’allergie aux bétalactames semble bien fiable. Du moins pour interpréter un résultat négatif.

Reste à savoir si tous les résultats dits positifs sont réellement pertinents : il doit bien y avoir des faux positifs et donc exclusion inutile de bétalactames chez de nombreux enfants et adultes. Mais la résolution de ce problème n’est pas éthiquement très simple....

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