Scoop : le paracétamol sur la liste noire des terroristes responsables d’asthme.

jeudi 8 mars 2007 par Dr Stéphane Guez3348 visites

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Scoop : le paracétamol sur la liste noire des terroristes responsables d’asthme.

Scoop : le paracétamol sur la liste noire des terroristes responsables d’asthme.

jeudi 8 mars 2007, par Dr Stéphane Guez

A coté de la théorie hygiéniste qui ne suffit pas à expliquer l’augmentation de prévalence de l’asthme et des maladies allergiques, d’autres hypothèses sont proposées. Dans cet article les auteurs suggèrent un nouveau facteur de risque : l’utilisation par la mère et durant les premiers mois de vie de paracétamol.

Une étude comparative patient versus fratrie sur l’utilisation du paracétamol et le risque de développer un asthme et une allergie. : Riece Koniman, Yiong Huak Chan, Teng Nging Tan, Hugo P. Van Bever (2007)

dans Pediatric Allergy and Immunology 18 (2), 128-134.

 Introduction :

  • Un certain nombre d’études ont suggéré que la prise de paracétamol pendant la grossesse et durant les premiers mois de vie serait associée à une augmentation du risque de développer un asthme durant l’enfance.

 Objectif de l’étude :

  • Les auteurs ont cherché à déterminer s’il existe un lien entre :
    • la prise de paracétamol pendant la grossesse et les 6 premiers mois de vie
    • et l’apparition d’une allergie dans l’enfance (tests cutanés positifs), d’un asthme allergique ou d’un asthme.

 Méthodologie :

  • Il s’agit d’une étude patients/versus fratrie comparant les patients ayant un asthme allergique avec leurs frères ou sœurs en bonne santé n’ayant aucun symptôme de maladie allergique.
    • L’allergie chez les patients et le reste de la fratrie a été déterminée par des tests cutanés.
    • Les enfants, ayant au moins un test cutané positif, ont été considérés comme allergiques.
    • La prise de paracétamol a été évaluée par un questionnaire standardisé lors d’un interrogatoire.
  • 19 paires de patients ayant un asthme allergique versus frères ou sœurs non allergiques ont été comparés pour déterminer les facteurs de risque de développer un asthme.
  • De plus, 33 paires de patients ayant un asthme allergique versus apparentés non asthmatiques (mais avec ou sans allergie) ont été également comparés pour déterminer les facteurs de risque d’apparition d’un asthme.
  • Enfin, 17 apparentés allergiques (sans asthme) ont été comparés à 19 apparentés non allergiques (sans asthme) pour déterminer les facteurs de risque de développer une allergie.

 Résultats :

  • L’usage du paracétamol pendant la grossesse est associée à un asthme allergique (p=0.03).
  • Par ailleurs l’utilisation de paracétamol entre la naissance et l’âge de 6 mois et entre l’âge de 4 et 6 mois est également associée au risque de développer un asthme non allergique (respectivement p=0.008 et p=0.03).

 Conclusion :

  • L’utilisation de paracétamol pendant la grossesse et durant les premiers mois de vie pourrait jouer un rôle dans le développement d’un asthme allergique ou non chez les enfants.
  • Cependant, pour des raisons évidentes d’éthique, une recherche directe par une étude de cette association (comme une étude prospective en double aveugle contre placebo) n’est pas envisageable.

Dans ce travail, les auteurs ont cherché à vérifier s’il existait ou non un lien entre la prise de paracétamol durant la grossesse et les premiers mois de vie, et le risque de développer un asthme ou une allergie. Il existe effectivement un lien statistiquement significatif de développer un asthme allergique ou non.

Il est difficile de se faire une opinion sur les résultats de ce travail.

La méthodologie ne permet pas un niveau de preuve suffisant pour considérer les résultats comme réellement significatif et devant conduire à des recommandations d’éviction du paracétamol aussi bien chez la mère enceinte que chez l’enfant durant les premiers mois de vie.

La prise de paracétamol est extrêmement fréquente et son utilisation très facile.

On connaît la difficulté de mettre en évidence un lien entre une maladie et une prise médicamenteuse mais il y a des exemples tristement célèbres qui confirment qu’un médicament apparemment bénin et bien supporté se révèle générateur d’effets redoutables à plus long terme en particulier chez les enfants (thalidomide, pilule contraceptive etc.). Donc pourquoi pas un lien entre cette prise de médicament et le risque de développer un asthme ?

Mais il existe de nombreux facteurs confondants ; par exemple la prise de paracétamol est souvent secondaire à une fièvre le plus souvent d’origine virale : qui serait en cause dans l’apparition d’un asthme, le virus ou le paracétamol ?

De même il devrait y avoir une relation dose/effet dont ne parle pas l’article.

Cependant, le choix d’une étude comparant des enfants ayant le même patrimoine génétique permet du même coup d’éliminer de nombreux biais et de conforter les résultats trouvés par cette équipe.

Il faut donc retenir cette hypothèse et la vérifier par des études sur un beaucoup plus grand nombre de patients.

Et pourquoi ne pas proposer une étude prospective entre des parents qui feraient une éviction totale du paracétamol versus des parents sans consigne particulière vis-à-vis de ce traitement ?

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