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Allergique à l’œuf ou au lait de vache ? Fadaise ! Ne veux pas le savoir moi ! Allez zou on mange !!
jeudi 25 octobre 2007, par
Le traitement de l’allergie alimentaire repose sur le régime d’éviction qui cependant n’est pas toujours facile à suivre pour certains enfants, surtout pour des aliments aussi fréquents que le lait de vache et l’œuf. Est-ce que l’induction de tolérance par voie orale peut-être alors proposée ?
Induction de tolérance spécifique par voie orale (IOTS) dans l’allergie alimentaire de l’enfant : efficacité et manifestations cliniques. : U. Staden, C. Rolinck-Werninghaus, F. Brewe, U. Wahn, B. Niggemann, K. Beyer
1Department of Pediatric Pneumology and Immunology, University Children’s Hospital Charité, Berlin, Germany ; 2Children’s Hospital Osnabrück, Osnabrück, Germany
dans Allergy
Volume 62 Issue 11 Page 1261-1269, November 2007
– Introduction :
- L’induction orale de tolérance spécifique semble être un traitement prometteur de l’allergie alimentaire.
- Cette induction de tolérance a été comparée au régime d’éviction en fonction de critères d’efficacité et des réactions cliniques.
– Matériel et méthode :
- Des enfants ayant une allergie prouvée IgE médiée aux protéines de lait de vache ou aux œufs ont été randomisés en deux groupes :
- l’un pour une induction orale de tolérance
- et l’autre, à type de témoin, pour un régime d’éviction.
- L’induction spécifique de tolérance par voie orale a été réalisée à la maison sur la base d’un traitement quotidien selon un protocole avec du lait frais ou des protéines d’œuf lyophilisées.
- Une réévaluation de l’allergie alimentaire correspondante a été réalisée par un test de provocation alimentaire à 21 mois.
- Les enfants du groupe IOTS ont eu un régime d’éviction secondaire de 2 mois avant de subir un test de provocation pour évaluer la persistance de la tolérance induite par voie orale.
– Résultats :
- Lors du test de provocation de suivi, 9 des 25 enfants (36%) ont une tolérance permanente dans le groupe IOTS, 3 des 25 enfants (12%) sont tolérants avec une ingestion régulière de l’aliment en cause et 4 des 25 (16%) sont de répondeurs partiels.
- Dans le groupe contrôle, 7 des 20 enfants (35%) sont tolérants.
- Le taux des IgE spécifiques diminue de façon significative chez les enfants qui développent une tolérance naturelle liée au régime d’éviction (p<0.05) et chez ceux qui ont eu une IOTS (p<0.001).
– Conclusions :
- L’induction spécifique de tolérance par voie orale semble être une option thérapeutique valide pour les patients ayant une allergie alimentaire persistante.
- Les indications peuvent être posées lorsque l’éviction ne peut pas être certaine ou pour ceux qui veulent absolument consommer les aliments en cause.
- Les avantages de ce traitement d’induction sont l’augmentation du seuil de la réaction allergique et la réduction significative du risque de réaction allergique sévère lors d’une ingestion alimentaire accidentelle.
- Cependant, une surveillance attentive est nécessaire lors de ce traitement IOTS.
Dans ce travail, les auteurs démontrent que l’induction de tolérance est une bonne alternative au régime d’éviction lorsque celui-ci est difficile ou n’est pas possible.
Les résultats à 21 mois sont identiques en effet dans les 2 groupes.
Cependant ce traitement ne peut être réalisé que dans le cadre d’un protocole très strict.
L’induction de tolérance par voie orale est connue depuis longtemps mais il y a très peu d’études récentes.
Ce travail qui porte sur un petit groupe d’enfants et seulement sur 2 allergènes : le lait de vache et l’œuf, apporte des précisions importantes.
A 21 mois, il semble d’abord que contrairement a ce que l’on pense habituellement, la tolérance persiste après 2 mois d’arrêt du protocole d’induction de tolérance. Il s’agit donc bien d’un traitement efficace à moyen terme.
Par ailleurs, il existe une diminution des IgE spécifiques comme dans le régime d’éviction. Cette induction n’aggrave donc pas l’allergie bien au contraire.
Par contre on note que si cliniquement 35% des enfants subissent avec succès un test de provocation oral, 12% seulement peuvent consommer régulièrement l’aliment qui a fait l’objet du protocole d’induction. Cependant 16% ont un seuil de déclenchement de l’allergie nettement élevé.
Il n’est donc pas question avec ces résultats de proposer à tous les enfants un protocole d’induction d’autant que celui-ci doit être mené de façon rigoureuse (mais possible en ambulatoire).
Mais dans des cas particuliers où le régime d’éviction est aléatoire il s’agit d’un traitement qui peut être proposé pour diminuer, lorsqu’il est efficace, les risques d’accidents allergiques sévères.
Cependant on doit noter que seul le test de provocation réalisé en milieu hospitalier peut confirmer le succès ou non de ce protocole d’induction.
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