Dermato-allergologie, Dijon 2002 GERDA 2e jour

vendredi 27 septembre 2002 par Dr Philippe Auriol10325 visites

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Dermato-allergologie, Dijon 2002 GERDA 2e jour

Dermato-allergologie, Dijon 2002 GERDA 2e jour

vendredi 27 septembre 2002, par Dr Philippe Auriol

Après des intéressantes communications sur les parfums et les cosmétiques nous allons aujourd’hui nous tourner vers les pathologies professionnelles d’abord des coiffeurs, puis des ouvriers du caoutchouc. L’après midi sera consacrée à la biologie et aux angio-oedèmes.

Actualités en coiffure

Dr M.B. Cleenewerck

Le coiffeur met ses mains au contact de nombreux irritants et allergènes et les lésions y sont fréquentes et en général assez précoces (70% avant la fin de la 3e année d’apprentissage).

Frappant autour de 20% des coiffeurs, les dermatoses sont toujours variées : eczéma de contact, onychomycose, callosités, trichogranulome ou urticaire. Les Dermatologues rapportent également conjonctivites, rhinites, asthme voire même un choc anaphylactique.

Les allergènes usuels y sont :

 Les shampooings : source de dermites d’irritation, manipulés dans des eaux chaudes et agressives. Le cocamidopropylbétaïne (CAPB) sensibilise 5% des coiffeurs, le formaldéhyde, les quaterniums et les parabens sont les autres allergènes usuels. A noter l’arrivée de filtres solaires dans les shampoooings pour cheveux colorés évitant la dégradation de la couleur par le soleil. Des réactions immédiates sont également décrites : aux protéines de collagène, aux protéines de blé mais aussi aux parfums. Le port de gants de protection reste pourtant toujours difficile à obtenir dans la profession.

 Les teintures : de la coloration temporaire contenant surtout des colorants aux permanentes (PPD, PTD) en passant par les semi-permanentes (nitroaminobenzenes et nitroaminophenols), elles restent une source fréquente d’allergie immédiate et retardée. Des colorants de nouvelle génération dits « (FD&C)dyes et D&C dyes » font leur apparition sans risques pour le professionnel bien qu’il existe tout de même un risque allergisant possible mais rare avec ces produits.

 Les décolorants : où le persulfate d’ammonium sensibilise autour de 10% des coiffeurs. L’avenir devrait voir apparaître des produits topiques : crèmes ou lotions moins volatils.

 Les liquides de permanente : avec l’ammonium thioglycolate ou au monothioglycolate d’ammonium parfois responsable de pulpites malgré le port des gants en vinyl ou en latex.

 Les produits de défrisage : essentiellement irritants

 Instruments et accessoires : avec le Nickel et les additifs du caoutchouc mais aussi certains désinfectants (antiseptiques).

 Allergènes inhabituels : les colles (cyanocrylate d’éthyle), les produits contre l’alopécie (Minoxidil), les squames pelliculaires (8%) ou le pityrosporum ovale (12%).

La vigilance doit être permanente chez le coiffeur

et la mesure la plus efficace reste la prévention fruit du travail conjoint des allergologues, des dermatologues, des médecin du travail et des chimistes.

Allergies cutanées chez les ouvriers fabriquant et utilisant des caoutchoucs

Pr Géraut

En recrudescence ces dernières années, la dermatose professionnelle au caoutchouc est essentiellement liée à un usage plus fréquent et plus polyvalent avec des formes aéroportées ou quasiment épidémiques avec le caoutchouc frais. La lésion reste parfois dépigmentée durant les 3 ans qui suivent.

Les allergènes du caoutchouc :
 Les thiurames : également retrouvés dans les pesticides ce sont des « accélérateurs de vulcanisation ».
 Les carbamates : également accélérateurs de vulcanisation
 Le mercapto benzothiazole : souvent associé aux deux précédents en accélérateur de vulcanisation.
 Les thiourées : agents vulcanisants des néoprènes et notamment dans les colles à chaussure.
 Les dérivés de la PPD : relargués par le caoutchouc vieilli par le soleil (anti ozonants).
 Autres allergènes possibles : le naphténate ou le chlorure de cobalt dans les pneus, les benzoisothiazolone comme conservateurs, les dérivés d’acrylates et des isocyanates. Un allergène qui monte le cyclohexylthiophtalimide notamment sous forme de gel.

Hypersensibilités aux caoutchoucs et au latex : quels substituts pour quels malades ?

Dr Le Coz

Les réactions aux objets de caoutchoucs ou de latex sont fréquentes mais les manifestations et leur nature sont variées. Le caoutchouc est du latex usiné.

Depuis la vulcanisation du caoutchouc par GoodYear en 1839, son usage s’est massivement répandu nous rendant de nombreux services mais étant également source d’allergènes comme ceux cités ci-avant par le Pr Géraut mais également aux protéines de Latex (allergie immédiate et retardée).

Les préventions possibles touchent donc l’ensemble de ces allergènes avec des innovations techniques que nous citons ci-après :

 Le Latex :

  • non poudré. Les gants non poudrés devraient remplacer les actuels car ils diminuent l’adsorption des protéines allergisantes.
  • A faible teneur en protéines : Gants Biogel° dont le taux en protéines est inférieur à 50ppm
     Les Caoutchoucs synthétiques non issus du Latex :
  • Elastyren° (SBR) (contiennent des agents de vulcanisation).
  • Tactylon°(SEBR) (non vulcanisé)
  • Nitrile butadiene Rubber (NBR)
  • Néoprène
  • Styrènes (SBS Rubber)
     Les Polymères thermoplastiques
  • Polyéthylène
  • PVC
  • Elasthane
     Autres alternatives : usage de gants ou protections en cuir ou en textiles.

(NdR : ci après, le Gerda s’est poursuivi par un petit quiz testant nos connaissances professionnelles en la matière et finalement… le plus dur ce n’est pas de répondre juste c’est plutôt….d’être sûr d’avoir correctement appuyé sur le bouton ! J
De toute façon j’ai eu tout juste, enfin… pour les questions auxquelles j’ai su répondre dans les temps ;-) )

"Le pied professionnel"

Dr Jelen

Une suite de cas clinique nous est proposée avec tour à tour une allergie aigue au chloracétamide présent dans les chaussures et qui est un conservateur utilisé dans le tannage des peaux.

Une derrmatite aux aux mercapto, thiuram et diethylthiocarbamate de zinc chez un cariste dans des chaussures en CUIR (et non en caoutchouc).

Une atopique allergique aux résines pll butylphénol formol, au cuir et au baume du pérou pour laquelle le port de chaussures en toile a résolu le problème.

Pour le pied les allergènes retrouvés sont par ordre de fréquence :
 Les caoutchoucs et leurs composants (MBT en premier, thiurames en deuxième)
 Le chrome
 La résine butylphénol formaldéhyde
 La colophane

Au total, l’auteur rappel l’importance d’un bilan allergologique dans ces lésions chroniques des pieds pour éviter de traiter les malades pour des intertrigos infectieux ou des dysidroses « essentielles » qui n’en sont pas.

Nouvelles dermatoses de l’environnement

Pr Lachapelle

Les modifications de notre environnement sont sources de nuisances diverses, la peau n’y échappe pas et l’on observe des dermatoses liées à cette évolution.

Les trois exemples choisis sont caractéristiques de ces troubles liés à notre mode de vie actuel :

 Lipo-atrophie semi circulaire des cuisses : Observée principalement par microtraumatismes répétés et consécutifs des cuisses contre des plans durs (bord d’un bureau ou d’un pied de bureau) dont les cas déclarés sont de plusieurs centaines. Ce trouble touche surtout les femmes, employées de bureaux, souvent bilatérale se réduisant suite à l’aménagement du poste de travail.
 Granulomes suite à l’injection de produits de comblement des rides : de nature immunogénique avec les produits biodégradables mais non immunogénique pour les non dégradables. L’excision des granulomes est la seule voie actuellement envisageable.
 Réactions sarcoïdosiques après injections de toxine botulique : lésions nodulaires d’apparition progressive dont le diagnostic est posé par biopsie.
 Eczéma aux produits dépilatoires : notamment rapportée après diffusion massive d’une cire dépilatoire (contenant du colophane) et de sa lingette adoucissante (riche en méthoxy-PEG22/dodécylglycol).


Une longue mais intéressante matinée qui achève ma journée car c’est dorénavant le Dr Bonneau qui prendra le relais cet après midi tandis que je m’adonnerai aux joies de la découverte locale : Dijon n’est pas que la capitale de la moutarde ni du pain d’épices mais cette jolie ville bénéficie

aussi d’innovations architecturales comme les tuiles en céramiques peintes. Superbes !

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