Qui veut la peau de Roger l’atopique !

lundi 28 janvier 2008 par Dr Christian Debavelaere1556 visites

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Qui veut la peau de Roger l’atopique !

Qui veut la peau de Roger l’atopique !

lundi 28 janvier 2008, par Dr Christian Debavelaere

La dermatite atopique est bien souvent la première manifestation clinique d’une succession de manifestations allergiques alimentaires puis respiratoires. Cet eczéma a-t-il un rôle actif dans le processus de sensibilisation allergénique ? Cette étude française aborde ce passionnant sujet.

Sensibilisation aux aéroallergènes par voie cutanée dans la dermatite atopique de l’enfant, détermination de l’impact de la défaillance de la barrière épidermique. : Boralevi F, Hubiche T, Léauté-Labrèze C, Saubusse E, Fayon M, Roul S, Maurice-Tison S, Taïeb A.

Pediatric Dermatology Unit, Bordeaux Children’s Hospital, CHU de Bordeaux, France.

dans Allergy. 2008 Feb ;63(2):205-10

 Contexte

  • La sensibilisation allergénique est un phénomène précoce qui apparaît simultanément avec l’évolution de la dermatite atopique dans l’enfance.
  • L’altération précoce de la barrière épidermique peut faciliter la pénétration épicutanée des allergènes.

 Objectifs

  • Etablir une corrélation entre perte d’eau transépidermique et sensibilisation aux aéroallergènes chez l’enfant soufrant de dermatite atopique.

 Méthode

  • Dans cette étude stratifiée croisée, sont recrutés 59 enfants ayant une dermatite atopique et 30 sujets témoins, âgés de 3 à 12 mois.
  • La perte d’eau transépidermique, en zone cutanée non lésée, les IgE spécifiques, les patch tests d’atopie et les prick tests sont réalisés pour 7 aéroallergènes, Dermatophagoides Pteronyssimus, Dermatophagoides Farinae, chat, chien, pollen de bouleau, ambroisie et blatte.
  • Les conditions d’environnement sont évaluées par un questionnaire et la concentration en acariens de la poussière de maison déterminée dans des échantillons de poussière.

 Résultats

  • 89% des enfants ayant une dermatite atopique avait un patch test d’atopie positif contre 1 seul des 11 sujets témoins.
  • Les enfants ayant une dermatite atopique avaient une perte d’eau transépithéliale moyenne significativement plus haute que les sujets témoins (27,4 versus 11,1 g/m2/h, p<0,001).
  • Les enfants ayant 2 ou plusieurs patchs tests d’atopie avaient une perte d’eau transépidermiques plus importante que les autres (31,1 versus 19,0g/m2/h, p<0,025).
  • Aucune corrélation n’était établie entre les résultats des patch tests d’atopie et l’exposition aux acariens, chat ou chien à la maison.

 Conclusion

  • Cette étude confirme la prévalence élevée de la sensibilisation différée aux aéroallergènes intérieurs et extérieurs dans la dermatite atopique de l’enfant et montre que plus la perte d’eau transépidermique est élevée, plus la prévalence de la sensibilisation aux aéroallergènes est élevée.
  • Ces données sont en faveur d’un rôle majeur de la défaillance de la barrière épidermique dans la sensibilisation précoce aux allergènes chez l’enfant souffrant de dermatite atopique.

La dermatite atopique est souvent la première manifestation d’une succession de manifestations allergiques, comme l’allergie alimentaire, puis la sensibilisation respiratoire nasale puis bronchique. On parle de la marche allergique.

Cette étude soutient l’hypothèse de la sensibilisation active de l’organisme aux aéroallergènes par la voie cutanée, en raison d’une barrière cutanée défaillante.

Cette défaillance est mesurée par la perte d’eau trans-épidermique.

La sensibilisation est mesurée par les patch tests d’atopie, les prick tests et les IgEs, ceci pour les aéroallergènes courants, acariens, animaux, bouleau, blatte, et curieusement dans cette étude bordelaise, l’ambroisie, cet allergène n’étant présent que de manière sporadique à ma connaissance dans le bordelais.

Les résultats démontrent que la sensibilisation est plus importante si la perte d’eau trans-épidermique est plus élevée, ceci étant indépendant de l’exposition aux aéroallergènes.

Cette étude est très intéressante mais je m’interroge sur cette hypothèse de sensibilisation par voie épidermique, peut elle expliquer la sensibilisation alimentaire, bien souvent la première manifestation de la maladie allergique ?

Le malade allergique n’aurait-il pas plutôt une défaillance générale de l’ensemble de ses barrières épidermiques et muqueuses, oculaires, respiratoires et digestives, favorisant la sensibilisation allergénique et expliquant les manifestations cliniques associées d’hyperréactivité non spécifique associées ?

En tout cas, cette étude plaide pour une prise en charge renforcée de l’état cutané afin de restaurer une barrière cutanée efficace, une éviction allergénique précoce semble judicieuse bien que la sensibilisation ne soit pas corrélée ici avec l’exposition allergénique, enfin l’intérêt des atopie patch tests est évoqué en espérant qu’ils ne soient pas sensibilisants…

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