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Congrès de l’EAACI 2009 – Dr Fabienne Rancé.
mardi 9 juin 2009, par
Voici le compte-rendu du Dr. Fabienne Rancé sur les nouvelles perspectives dans le traitement de l’allergie alimentaire et d’autres publications dans ce domaine. A lire absolument.
Les nouvelles perspectives dans le traitement de l’allergie alimentaire
Fabienne Rancé, Toulouse
Le symposium sur le thème des nouveaux aspects de l’allergie alimentaire n’a pas permis d’apporter de nouveautés concernant les pro, pré et symbiotiques (Philippe Eigenmann, Genève).
Ils ne sont toujours pas recommandés, que ce soit en prévention ou en traitement des allergies.
Une nouvelle analyse Cochrane est attendue comportant 6 études complémentaires et le retrait d’une en doublon. Les pré et probiotiques restent largement utilisés dans notre alimentation et en particulier dans les préparations pour nourrissons.
L’âge d’introduction des aliments solides doit tenir compte de plusieurs paramètres, comme l’âge de la dentition, la marche des allergies alimentaires, les impératifs nutritionnels et la prévention des infections par l’allaitement maternel (Georges Du Toit, Londres). En résumé, il faut débuter la diversification entre 4 et 6 mois, pas avant et pas après. On le savait déjà.
Les nouvelles approches thérapeutiques pour les allergies alimentaires reposent essentiellement sur l’induction d’une tolérance orale.
Anna Nowa-Wegzyn (New-York) a précisé la définition de la tolérance correspondant à l’absence de réaction indépendamment de la prise d’aliment et sur le long terme. En l’absence de ces critères, il faut parler de désensibilisation.
L’immunothérapie spécifique aux aliments par voie sous cutanée n’est pas retenue du fait des effets secondaires constants, avec l’exemple de l’immunothérapie à l’arachide.
En revanche, l’utilisation d’extraits modifiés par substitution d’acides aminés est prometteuse, du moins chez la souris.
Les données cliniques, des dosages de cytokines ou de l’histaminolibération apportent des données d’efficacité et sur les mécanismes.
Une étude est en cours chez l’homme dans le consortium sur la recherche en allergie alimentaire crée par Hugh Samspon.
De même, les résultats prometteurs de la désensibilisation par voie sublinguale à la noisette à conduit à débuter une étude clinique associant une analyse des mécanismes par ce même consortium.
L’immunothérapie par voie orale est de plus en plus utilisée. Mais, il est encore difficile de répondre à la question d’une induction de tolérance ou d’une désensibilisation faisant intervenir la notion de dépendance avec la quantité d’aliments pour éviter les symptômes.
Il reste à comprendre les mécanismes, préciser la voie d’utilisation la plus efficace, assurer la sécurité du patient et développer les outils diagnostiques pour approcher les différents phénotypes des allergies alimentaires et identifier les patients à désensibiliser.
Allergie alimentaire
La réactivité associée entre pollens de bouleau et le soja est précisée lors d’une étude réalisée chez 100 patients allergiques au bouleau habitants Leipzig, d’âge moyen 36 ans (Kramer S et al, Allemagne).
Parmi les 65 patients consommant du soja, les sensibilisations au soja établies par prick tests concernent 71% (n=46) d’entre eux.
Le dosage des IgE spécifiques dirigées contre Bet v1 est positif chez 62 des allergiques au bouleau (95%) et le dosage des IgE spécifiques dirigées contre Gly m4 est positif chez 50 des allergiques au bouleau (77%).
Chez les consommateurs de soja, les boissons à base de soja sont plus fréquemment à l’origine des sensibilisations au soja en comparaison avec le tofu ou autre produit à base de soja qui contiennent moins de Gly m4.
Une réaction clinique à l’ingestion de soja est rapportée par 31 des 65 consommateurs de soja, soit 47% des cas. Une altération significative de la qualité de vie est relevée chez les 15 allergiques au soja et aux pollens de bouleau. L’altération est plus importante que celle décrite pour d’autres allergies alimentaires.
Un test biologique simple pourrait éviter la réalisation du test de provocation par voie orale en cas de suspicion d’allergie à l’arachide.
Joost Aalberse (dont la ressemblance avec son père Rob présent est frappante) a exposé ces résultats établis chez 30 patients suspects d’allergie à l’arachide.
La concentration des IgE spécifiques à l’arachide, plus élevée dans le groupe des vrais allergiques, ne permettait pas de prédire une réactivité clinique à l’arachide.
Le test de provocation par voie orale a confirmé le diagnostic d’allergie à l’arachide chez 18 patients.
Une positivité de l’IL-25 exprimée en pg/ml était associée significativement avec le diagnostic d’allergie à l’arachide, sans différence avec le statut atopique (asthme, eczéma, rhinite allergique).
Il pourrait s’agir d’un outil diagnostique prometteur permettant de réduire les indications du test de provocation par voie orale. La publication est attendue avec intérêt.
D’après F. Cabral Duarte (Portugual), les allergies alimentaires aux poissons sont différentes chez l’enfant et chez l’adulte.
Les allergies aux poissons sont connues pour être persistantes toute la vie.
Le pronostic serait meilleur chez l’enfant. Le dosage des IgE spécifiques des différentes espèces de poisson, du recombinant de la parvalbumine (r Cyp c1), et du recombinant de la morue (r Gad c1) a été effectué chez 23 enfants allergiques au poisson et chez 6 témoins non allergiques.
Dix des 23 enfants allergiques aux poissons ont été suivis pendant 3 ans.
Il est intéressant de noter que 4 d’entre eux ont acquis une tolérance pou une ou toutes les espèces de poisson.
Cette évolution favorable était associée à une diminution des concentrations des IgE spécifiques dans le temps.
La positivité du recombinant de la parvalbumine permet de prédire une allergie persistante aux poissons avec un risque de 12,54. L’odd ratio est de 10,98 pour le risque d’avoir une allergie fixée en cas de positivité du recombinant de la morue.
Ce travail est intéressant sur 2 points : d’une part l’intérêt du dosage des recombinants et d’autre part, il nous incite à explorer régulièrement nos enfants allergiques aux poissons.
Génétique des maladies allergiques (John Holloway, Grande Bretagne)
La génétique des maladies allergiques est complexe et reflète la complexité des phénotypes.
Les gènes et l’environnement sont associés de façon indépendante au développement des maladies allergiques.
Les gènes identifient un sous groupe de patients atteints d’une maladie allergique, et non pas une maladie allergique, asthme, eczéma atopique en général.
Les gènes modulent le niveau et le type de la réponse immunitaire. La génétique est un mauvais facteur prédictif de maladie allergique.
Néanmoins, l’avenir est d’identifier les phénotypes de chaque individu pour permettre une détection précoce d’une maladie allergique.
Compte-rendu offert grâce au soutien du laboratoire ALK
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