Lorsque le probiotique monte au nez des finlandais…

mardi 6 octobre 2009 par Dr Geneviève DEMONET2148 visites

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Lorsque le probiotique monte au nez des finlandais…

Lorsque le probiotique monte au nez des finlandais…

mardi 6 octobre 2009, par Dr Geneviève DEMONET

Les probiotiques ont été étudiés dans la prévention et le traitement des maladies allergiques chez l‘enfant, et particulièrement dans la dermatite atopique. Les voilà de nouveau sur le devant de la scène mais cette fois dans la pollinose au bouleau…

Des probiotiques spécifiques améliorent la rhinite allergique durant la saison pollinique du bouleau : Ouwehand AC, Nermes M, Collado MC, Rautonen N, Salminen S, Isolauri E.

Health & Nutrition, Danisco Finland, 02460 Kantvik, Finland

dans World J Gastroenterol. 2009 Jul 14 ;15(26):3261-8.

 Objectif :

  • Vérifier si les symptômes d’allergie au pollen de bouleau sont liés aux changements de microflore digestive et si les probiotiques ont un effet sur ces symptômes.

 Méthodes :

  • Quarante sept enfants ayant une allergie confirmée au pollen de bouleau ont été randomisés pour recevoir en double aveugle soit un mélange de Lactobacillus acidophilus (L. acidophilus) NCFM (ATCC 700396) et de Bifidobacterium lactis (B. lactis) Bl-04 (ATCC SD5219) soit un placebo durant 4 mois en démarrant avant la saison pollinique du bouleau.
  • Les symptômes ont été notés dans un journal.
  • Des échantillons de sang ont été collectés pour une analyse de cytokines et d’éosinophiles.
  • Des prélèvements de selles ont été analysés pour mesurer la microflore, la calprotectine et les IgA.
  • Les éosinophiles ont été quantifiés sur des prélèvements nasaux effectués à l’aide d’écouvillons.

 Résultats :

  • La saison pollinique a induit une réduction des Bifidobacterium, Clostridium et Bacteroides qui n’a pas pu être prévenue par l’administration de probiotique.
  • Durant l’administration, on a observé des quantités significativement plus élevées de B. lactis 11.2 x 10(7) +/- 4.2 x 10(7) vs 0.1 x 10(7) +/- 0.1 x 10(7) bactéries/g fèces (P < 0.0001) et de L. acidophilus NCFM 3.5 x 10(6) +/- 1.3 x 10(6) vs 0.2 x 10(6) +/- 0.1 x 10(6) bactéries/g fèces (P < 0.0001) dans le groupe probiotique comparativement au groupe placebo.
  • Au mois de mai, on a observé une tendance à ce que moins de patients signalent des symptômes de rhinorhée (76.2% vs 95.2%, P = 0.078) alors qu’au mois de juin moins de sujets, 11.1% vs 33.3%, ont rapporté une obstruction nasale dans le groupe probiotique (P = 0.101).
  • Parallèlement, moins de sujets dans le groupe probiotique avaient une infiltration éosinophilique dans la muqueuse nasale comparativement au groupe placebo, 57.1% vs 95% (P = 0.013).
  • Les symptômes oculaires avaient tendance à être légèrement plus fréquents dans le groupe probiotique, 12.5 d [interquartile range (IQR) 6-18] vs 7.5 d (IQR 0-11.5) (P = 0.066) durant le mois de mai.
  • Les IgA fécales étaient augmentées dans le groupe placebo durant la saison pollinique ; cette élévation était prévenue par les probiotiques (P = 0.028).

 Conclusions :

  • On a montré que l’allergie au pollen de bouleau était associée à un changement de composition de la microflore fécale.
  • On a montré que le mélange spécifique de probiotiques utilisé a prévenu l’infiltration éosinophilique de la muqueuse nasale et a eu tendance à réduire les symptômes nasaux.

Une étude en double aveugle et contre placebo a été menée en Finlande chez 47 enfants ayant une rhinite pollinique au bouleau.

Ils ont pris juste avant la saison pollinique et pendant 4 mois soit des gélules d’un mélange de probiotiques soit des gélules de placebo.

Les concentrations fécales en bifidobacteria, clostridia et Bacteroides étaient réduites lors du pic pollinique dans les 2 groupes.

L’infiltration éosinophilique de la muqueuse nasale était abaissée dans le groupe probiotique et une tendance à la réduction des symptômes nasaux était parallèlement mise en évidence dans ce même groupe.

Une aubaine pour les fabricants de probiotiques (ayant participé à l’étude)…. Sauf que si on lit de plus près ce travail et l’article dans sa totalité (disponible en ligne en cliquant ici), si les éosinophiles sont effectivement réduits dans la muqueuse nasale (alors que éosinophiles et IgE spécifiques s’élèvent dans le sang dans les 2 groupes lors de la saison pollinique) et que les IgA fécales ne sont augmentées durant la saison pollinique que dans le groupe placebo, l’amélioration clinique reste discutable dans le groupe probiotique...

Les auteurs supposent que la microflore intestinale est impliquée dans la régulation des phénomènes inflammatoires des allergies respiratoires. Pourquoi pas ? Mais l’implication clinique reste encore à démontrer…

PS : Le résumé nous parle d’un dosage de calprotectine mais ne nous donne pas la fin de l’histoire... La calprotectine est une protéine produite par les neutrophiles. Elle est augmentée dans les maladies inflammatoires du tube digestif. Que l’on se rassure, sa concentration (extrêmement variable selon les sujets) n’a pas varié au décours de la saison pollinique ni suivant l’administration de probiotiques…

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