Super, la Pharmacovigilance découvre les allergologues…encore un petit effort et le ministre de la santé devrait aussi nous voir…

mardi 20 octobre 2009 par Dr Stéphane Guez1104 visites

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Super, la Pharmacovigilance découvre les allergologues…encore un petit effort et le ministre de la santé devrait aussi nous voir…

Super, la Pharmacovigilance découvre les allergologues…encore un petit effort et le ministre de la santé devrait aussi nous voir…

mardi 20 octobre 2009, par Dr Stéphane Guez

Il est toujours difficile en pratique clinique de certifier l’imputabilité d’un médicament dans une éruption cutanée en utilisant uniquement le score proposé par les centres de pharmacologie et combinant des critères intrinsèques et extrinsèques. Est-ce que les tests cutanés allergologiques peuvent mieux préciser les choses ?

Intérêt des tests cutanés en pratique quotidienne dans l’exploration des éruptions cutanées d’origine médicamenteuse. : Tatiana Tchen 1 , Zïad Reguiaï 1 , Fabien Vitry 2 , Elizabeth Arnoult 1 , Anne Grange 1 , Grange Florent 1 , and Phillipe Bernard 1

1 Department of Dermatology, Hôpital Robert Debré, Avenue du Général Koenig, Reims 51100, France 2 Department of CRICAM (Research, Clinical Investigation, Methodological Assistance Center), Hôpital Maison Blanche, 45 rue Cognac-Jay 51092 Reims cedex, France

dans Contact Dermatitis
Volume 61 Issue 3, Pages 138 - 144

 Introduction :

  • Les éruptions cutanées médicamenteuses sont un effet indésirable très fréquent.
  • Le score d’imputabilité, combinant des critères intrinsèques (chronologie, clinique et signes para cliniques) et extrinsèques, utilisé par les centres de pharmacovigilance est insuffisant seul pour identifier avec certitude le médicament responsable.

 Objectif de l’étude :

  • Il a été d’évaluer le score d’imputabilité avant et après avec réalisation de tests cutanés chez des patients qui présentent une éruption cutanée post-médicamenteuse.

 Matériel et méthode :

  • Il s’agit d’une étude rétrospective réalisée dans un seul centre sur 339 patients testés entre 2001 et 2006.
  • Les scores d’imputabilité ont été calculés avant et après la réalisation des tests cutanés pour chaque éruption cutanée médicamenteuse, selon le type de l’éruption et la nature du médicament.

 Résultats :

  • Parmi 121 patients ayant les critères d’inclusion, 46% ont une augmentation du score d’imputabilité :
    • 25 sur 41 cas d’exanthème maculo-papuleux,
    • 4 sur 11 cas d’exanthème aigu généralisé,
    • et 17 sur 41 cas d’urticaire et ou anaphylaxie.
  • Le score d’imputabilité augmente :
    • chez 25 des 70 patients ayant été testés pour des antibiotiques,
    • dans 14 cas sur 56 pour des médicaments cardio-vasculaires,
    • et il augmente chez 19 patients (34%) ayant des scores d’imputabilité I1 ou I2 avant les tests cutanés et chez 29 (52%) ayant un score d’imputabilité I3 avant les tests cutanés.

 Conclusion :

  • Les tests cutanés médicamenteux semblent utiles pour explorer les éruptions d’origine médicamenteuse en pratique quotidienne, incluant non seulement les médicaments ayant une score élevé d’imputabilité (I3) mais aussi ceux qui ont un score faible (I1 et I2) ;
  • Les tests cutanés aux médicaments devraient conduire à un test de réintroduction par voie orale pour les médicaments dont les tests cutanés sont négatifs afin de déterminer les médicaments qui peuvent être réutilisés en toute sécurité.

Dans ce travail rétrospectif réalisé par un centre de dermatologie, les auteurs démontrent que la réalisation systématique de tests cutanés dans le bilan d’une éruption post-médicamenteuse améliore le score d’imputabilité proposé par la pharmacovigilance.

Ce travail a porté sur des patients testés à la fois par patch-tests, pricks et IDR selon la molécule suspectée.

Le score d’imputabilité est très amélioré par les résultats de ces tests, quelque soit la nature du médicament et quelque soit le degré initial du score d’imputabilité.

Il y a néanmoins une limite à ce travail : il n’y a pas eu de tests de provocation permettant de prouver la validité de l’exploration cutanée.

Bien entendu il est éthiquement impossible de proposer au patient de reprendre la molécule fortement suspecte. Par contre il serait logique de proposer un test de réintroduction systématique lorsque cette exploration est négative. Dans ce travail, ceci a été proposé 13 fois avec dans 2 cas une réaction cutanée et dans 2 cas un malaise.

Au total donc il apparaît fortement recommandé de réaliser des tests cutanés dans le bilan d’un effet indésirable cutané de type médicamenteux (sauf Syndrome de Lyell).

Comme quoi un allergologue c’est finalement bien utile …