Bonne pratique en immunothérapie injectable : aucune pitié pour un bras qui gonfle !!

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Bonne pratique en immunothérapie injectable : aucune pitié pour un bras qui gonfle !!

Bonne pratique en immunothérapie injectable : aucune pitié pour un bras qui gonfle !!

jeudi 22 octobre 2009, par Dr Stéphane Guez

Lors d’une immunothérapie spécifique par voie injectable il arrive qu’une injection sous-cutanée entraîne une réaction locale parfois assez étendue. L’allergologue se demande alors s’il faut réaliser le prochain rappel avec la même dose ou diminuer celle-ci pour éviter une réaction systémique. Cet article donne une réponse claire.

Lors de l’immunothérapie spécifique, les réactions locales ne permettent pas de prédire la récidive des réactions locales. : Christopher W. Calabria, MD, Christopher A. Coop, MD, Michael S. Tankersley, MD

Department of Allergy and Immunology, Wilford Hall Medical Center, Lackland Air Force Base, San Antonio, TX

dans JACI Volume 124, Issue 4, Pages 739-744 (October 2009)

 Introduction :

  • Bien que de nombreuses études aient démontré que les réactions locales ne permettent pas de prédire d’éventuelles réactions systémiques, aucune étude n’a recherché si les réactions locales peuvent prédire une nouvelle réaction locale.

 Objectif de l’étude :

  • Il a été de déterminer si les réactions locales pouvaient ou non prédire une réaction locale lors da prochaine injection d’immunothérapie.

 Matériel et méthode :

  • Il s’agit d’une étude rétrospective, à partir d’une base de données électronique de suivi de désensibilisations couvrant une période de 12 mois dans un seul centre.
  • Lors du suivi de l’immunothérapie, il n’y a pas dans ce centre d’adaptation des doses en fonction de la réaction locale.
  • Il a été étudie :
    • la totalité des injections,
    • les réactions locales faibles (inférieures ou égales à la taille palmaire du patient)
    • les réactions importantes (supérieures à la surface palmaire du patient)
    • les réactions systémiques,
    • et si une réaction locale était suivie d’une rection locale importante.

 Résultats :

  • Entre aout 2005 et juillet 2006, 360 patients ont reçu un total de 9678 injections.
  • Parmi l’ensemble de ces patients, 78.3% ont eu au moins une réaction locale, et 7.5% une réaction locale importante.
  • Le pourcentage de réaction locale total est de 16.3.% (1574 sur 9678), avec :
    • pour les réactions faibles : 15.9% (1536/9678)
    • et pour les réactions importantes 0.4% (38 / 9678).
  • Pour toutes les réactions locales suivies d’une autre injection, 27.2% sont suivies d’une réaction locale.
  • La sensibilité et la valeur prédictive positive pour une réaction locale d’entraîner une nouvelle réaction locale est respectivement de 26.2% et 27.2%.
  • Inversement, la spécificité pour l’absence d’une réaction locale prédisant l’absence d’une réaction locale lors d’une autre injection est de 85.5%.
  • Pour les réactions locales importantes, seulement 6% sont suivies par une autre réaction locale importante, la sensibilité, la valeur prédictive positive et la spécificité étant respectivement de 5.2%, 6%, et 99.6%.

 Conclusions :

  • Dans un centre d’allergologie qui ne pratique pas l’ajustement des doses de désensibilisation en fonction de la réaction locale lors de l’injection, ces réactions locales ne prédisent pas une récidive de réaction locale lors de la prochaine injection.

Dans ce travail clinique rétrospectif réalisé dans un centre unique d’allergologie, les auteurs ont démontré qu’une réaction locale lors de l’injection de désensibilisation ne permet pas de prédire la survenue d’une nouvelle réaction locale (faible ou plus importante) lors de la prochaine injection de désensibilisation.

Ce travail est très intéressant car il apporte une réponse claire a un problème récurrent en pratique allergologique qui est : que faut-il faire lorsqu’au cours d’une désensibilisation injectable où l’on observe une réaction locale importante au point d’injection ? Ceci est particulièrement important lors du suivi d’une désensibilisation aux hyménoptères.

La conclusion de ce travail est qu’il n’y a pas de lien entre une réaction locale qu’elle soit faible ou importante et le risque d’avoir une récidive lors de la prochaine injection. Il n’y a pas non plus d’évolution avec une faible réaction qui donnerait ensuite une forte réaction.

Donc la réaction locale au point d’injection n’a pas de relation avec le risque de faire une réaction systémique.

Il n’y a donc pas de corrélation avec l’histoire clinique que l’on peut observer lors des piqûres naturelle d’hyménoptères : il faut considérer que le patient désensibilisé ne réagit plus de la même façon aux rappels et qu’il ne faut pas extrapoler l’histoire naturelle de la sensibilisation aux venins avec l’histoire de la tolérance aux piqures de rappels d’une désensibilisation aux venins d’hyménoptère.

Donc pas de pitié pour le patient : il ne faut pas modifier la dose de rappel lorsqu’on observe une réaction locale faible ou importante après une injection d’entretien d’une désensibilisation injectable.