Mono ou poly chez les petits néerlandais ?

jeudi 7 avril 2011 par Dr Geneviève DEMONET383 visites

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Mono ou poly chez les petits néerlandais ?

Mono ou poly chez les petits néerlandais ?

jeudi 7 avril 2011, par Dr Geneviève DEMONET

Profils de sensibilisation aux allergènes alimentaires et respiratoires dans l’enfance : une comparaison entre enfants non sensibilisés, monosensibilisés et polysensibilisés : Baatenburg de Jong, A., Dikkeschei, L. D. and Brand, P. L. P. (2011),

Sensitization patterns to food and inhalant allergens in childhood : A comparison of non-sensitized, monosensitized, and polysensitized children.

dans Pediatric Allergy and Immunology, 22 : 166–171. doi : 10.1111/j.1399-3038.2010.00993.x

L’interprétation clinique des polysensibilisations chez l’enfant est difficile.

 Nous avons examiné les différences entre les enfants sensibilisés à aucun, un ou plusieurs allergènes.
 Il s’agit d’une analyse rétrospective de tous les dosages d’IgE spécifiques chez des enfants de 0 à 18 ans envoyés à notre laboratoire par des médecins généralistes et par des spécialistes hospitaliers réalisés entre 1990 et 2003.

 Sur les 9044 enfants concernés, 5439 (60,1%) n’étaient sensibilisés à aucun des aéroallergènes ni des allergènes alimentaires testés.
 Trois mille six cent cinq enfants (39,9%) avaient au moins un test d’IgE spécifiques positif parmi lesquels 1120 (31,1%) étaient monosensibilisés (73% aux aéroallergènes et 27% aux allergènes alimentaires), 1709 (47,4%) étaient sensibilisés à deux à quatre allergènes et 776 (21,5%) à 5 allergènes ou plus (polysensibilisation).
 La polysensibilisation était plus fréquente chez les enfants de 4 à 11 ans (24,8%) que chez les enfants plus jeunes (18,7%) ou plus âgés (18,3%, p < 0,001) et plus fréquente chez les garçons (9,8%) que chez les filles (7,3%, p < 0,001).
 Les valeurs médianes des IgE totales augmentaient avec le nombre d’IgE spécifiques positives (p < 0,001).
 La monosensibilisation était plus fréquente avec les acariens de poussière de maison (22,2%) qu’avec les autres aéroallergènes (pollen de graminées 10,5%, pollen d’arbres 3,6%, chat 2,9%, et chien 1,5%) ; avec le lait de vache (27,6%) qu’avec les autres allergènes alimentaires (œuf de poule 9,7%, arachide 4,6%, blé 0,8%, soja 0,7%).
 Entre 55,7% (lait de vache) et 87,9% (soja) des enfant sensibilisés aux aliments étaient co-sensibilisés aux aéroallergènes alors que seulement 25,4% (acariens de poussière de maison) à 39,5% (chien) des enfants sensibilisés aux aéroallergènes étaient co-sensibilisés aux aliments.

 La polysensibilisation est fréquente chez les enfants, particulièrement chez les garçons.
 Elle est plus fréquente chez les enfants d’âge scolaire.
 La forte association avec les valeurs d’IgE sériques totales et la co-sensibilisation frappante entre des allergènes non liés biologiquement suggèrent que cette polysensibilisation est l’expression d’un phénotype atopique distinct, plus sévère et non d’une réactivité croisée biologique entre allergènes voisins.


Peu d’études se sont intéressées à la polysensibilisation chez l’enfant. Son interprétation est parfois délicate. Il faut différencier une co-sensibilisation à des allergènes différents d’une sensibilisation croisée à des allergènes voisins, voire de l’expression d’un terrain atopique sous-jacent.

Une étude rétrospective menée aux Pays-Bas tente de nous éclairer.

On a analysé les résultats des dosages d’IgE spécifiques (ImmunoCap°) demandés par des généralistes ou des spécialistes hospitaliers (pédiatres, dermatologues et ORL) entre 1990 et 2003 chez des enfants de 0 à 18 ans.

Il semble que le dosage des IgE spécifiques soit la méthode la plus utilisée aux Pays-Bas pour le diagnostic de l’allergie, avant la pratique des prick-tests cutanés, tout au moins pendant la période considérée.

Le seuil de positivité (et donc la présence d’une sensibilisation) a été fixé à 0,35 kU/l.
Les allergènes testés comprenaient, pour les aliments, lait de vache, œuf de poule, blé, soja, poisson, arachide et noix d’arbres et acariens de poussière de maison, pollens de graminées et d’arbres, phanères de chat et de chien et moisissures pour les aéroallergènes.

Sur 14 ans, un total de 9044 enfants a été inclus.

On n’a aucun détail sur les symptômes cliniques présentés par ces enfants.

Parmi eux, 60 % n’avaient aucune sensibilisation et 40% étaient sensibilisés (dont environ 31% de monosensibilisés).

La monosensibilisation était plus fréquente pour les aéroallergènes (surtout pour les acariens) que pour les allergènes alimentaires.

La polysensibilisation ne semble pas augmenter avec l’âge. La polysensibilisation était en effet plus fréquente chez les enfants âgés de 4 à 11 ans et chez les garçons que chez les filles.

La sensibilisation à la fois à des aéroallergènes et à des allergènes alimentaires était fréquente particulièrement pour le soja, le blé et l’arachide.

La grande majorité des enfants sensibilisés à l’arachide étaient polysensibilisés (69,8%).

Une relation a été remarquée entre les taux d’IgE sériques totales et l’existence d’une polysensibilisation suggérant que la polysensibilisation à de multiples allergènes serait l’expression d’un phénotype atopique particulier plus sévère.

Cette étude est intéressante en raison du grand nombre d’enfants inclus mais pèche par l’absence de données cliniques et par son caractère rétrospectif.