Les recombinants dans le suivi de la désensibilisation…

lundi 16 mai 2011 par Dr Geneviève DEMONET777 visites

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Les recombinants dans le suivi de la désensibilisation…

Les recombinants dans le suivi de la désensibilisation…

lundi 16 mai 2011, par Dr Geneviève DEMONET

Surveillance de la réponse anticorps basée sur les recombinants lors d’une immunothérapie injectable aux pollens de graminées et après 5 ans d’interruption : Gadermaier, E., Staikuniene, J., Scheiblhofer, S., Thalhamer, J., Kundi, M., Westritschnig, K., Swoboda, I., Flicker, S. and Valenta, R. (2011),

Recombinant allergen–based monitoring of antibody responses during injection grass pollen immunotherapy and after 5 years of discontinuation.

dans Allergy, 66 : no. doi : 10.1111/j.1398-9995.2011.02592.x

 Contexte

  • L’immunothérapie sous-cutanée (ITSC) est considérée comme un traitement antigénique spécifique capable de modifier la maladie avec des effets au long cours.

 Méthodes

  • Nous avons utilisé un panel d’allergènes recombinants de pollens de graminées pour analyser les réponses spécifiques IgE, IgG1-IgG4, IgM, IgA, et chaînes légères (kappa, lambda) chez des patients allergiques au pollen de graminées qui avaient reçu une saison d’immunothérapie injectable (ITSC) avec un extrait de pollens de graminées absorbé sur hydroxyde d’aluminium ou un traitement anti-inflammatoire seul.
  • Les échantillons de sérum ont été analysés avant et après 5 mois de traitement mais aussi après 5 ans.

 Résultats

  • Après 5 mois d’ITSC, mais pas après traitement anti-inflammatoire, les réponses anticorps IgG1 > IgG4 > IgG2 > IgA, en utilisant à la fois les chaînes légères kappa et lambda spécifiques des allergènes majeurs de pollens de graminées (Phl p 1, Phl p 5, Phl p 6, Phl p 2) ont augmenté de façon significative alors que les taux d’IgM ou d’IgG3 sont restés stables.
  • Après 5 ans, les taux d’anticorps IgG spécifiques de l’allergène étaient retournés à l’état de base dans le groupe ITSC et il n’y avait aucune différence significative entre les symptômes des groupes ITSC et non ITSC.

 Conclusion :

  • Les résultats de notre étude observationnelle démontrent que seulement l’ITSC, mais pas le traitement anti-inflammatoire, induit une réponse IgG spécifique de l’allergène et réduit l’augmentation de la production d’IgE spécifiques mais qu’une seule saison d’ITSC était insuffisante pour obtenir des effets cliniques et immunologiques sur le long terme.

L’immunothérapie spécifique s’accompagne d’une modification de la réponse immunitaire spécifique à l’allergène conduisant à la tolérance de celui-ci. Plusieurs études ont montré l’efficacité au long cours de la désensibilisation lorsqu’elle est poursuivie plusieurs années et même après son interruption.

Une étude observationnelle pilote menée en Autriche montre qu’une seule saison d’immunothérapie sous-cutanée suffit à modifier la réaction immunitaire mais que cet effet est fugace.

Ce travail a recruté 19 patients allergiques au pollen de graminées (histoire clinique compatible, réalisation de prick-tests cutanés et mesure des IgE spécifiques).

Les 12 patients ayant une pollinose évoluant depuis plus de 2 ans ont été désensibilisés par voie sous-cutanée avec un mélange de pollens de phléole et de dactyle absorbé sur hydroxyde d’aluminium (Allpyral°, Bayer) à l’aide d’un traitement pré-saisonnier suivi sur une seule saison.

Les 7 autres patients ont été traités pendant la saison pollinique uniquement par des médicaments anti-inflammatoires.

Un prélèvement sanguin a été effectué avant le début du traitement en janvier-février 2000 puis en mai-juin de la même année et enfin 5 ans après, de juillet à septembre 2005.

L’efficacité clinique de la désensibilisation a été évaluée par la présence de symptômes et la consommation médicamenteuse de secours.

Les patients désensibilisés ont développé une réponse IgG1, IgG2 et IgG4 vis-à-vis des allergènes Phl p 1, Phl p 2, Phl p 5, et Phl p 6 mais pas Phl p 12. Cette action a porté aussi bien sur les chaînes légères kappa que lambda.

L’augmentation des IgG1 et des IgG4 était plus importante que celle des IgG2, l’augmentation de ces dernières étant cependant significative (P < 0,001).

Aucun changement significatif n’a été noté pour les IgA et IgM spécifiques.

Contrairement à certaines études ayant montré par le passé une élévation des IgE spécifiques en début de désensibilisation, une baisse d’environ 16% des taux médians d’IgE spécifiques de Phl p 1 a été constatée ici et de 30% pour Phl p 5 alors que ces taux étaient augmentés dans le groupe témoin tout comme les taux d’IgE spécifiques de Bet v 1 dans les 2 groupes.

Par contre, 5 ans après la désensibilisation, les réponses IgG, A et M étaient semblables dans les 2 groupes de patients.

Dans le groupe désensibilisé, les scores symptomatiques médians ont décru de façon significative après 5 mois de traitement passant de 8,5 à 2,1 points (avec une moindre consommation médicamenteuse par rapport au groupe témoin) mais sont revenus à 6,5 points après 5 ans.

Ce travail est une première approche de ce qui se passe au niveau de la réponse immunitaire vis-à-vis des allergènes moléculaires.

Il confirme l’importance d’un traitement prolongé pour une efficacité durable.
Un travail à plus grande échelle suivra peut-être…

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