Mais à quoi bon faire des tests de réintroduction médicamenteuse ?

mercredi 6 juillet 2011 par Dr Céline Palussière3165 visites

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Mais à quoi bon faire des tests de réintroduction médicamenteuse ?

Mais à quoi bon faire des tests de réintroduction médicamenteuse ?

mercredi 6 juillet 2011, par Dr Céline Palussière

Réintroduction médicamenteuse après réaction indésirable cutanée : information et efficacité dans la prise en charge au long cours des patients. : Waton, J., Pouget-Jasson, C., Loos-Ayav, C., Trechot, P., Bursztejn, A. C., Schmutz, J. L. and Barbaud, A. (2011),

Drug re-challenges in cutaneous adverse drug reactions : information and effectiveness in the long-term management of patients.

dans Allergy, 66 : 941–947. doi : 10.1111/j.1398-9995.2011.02554.x

 Contexte :

  • Chez les patients ayant eu des réactions indésirables médicamenteuses cutanées (CADR), les tests cutanés et les réintroductions sous surveillance hospitalière sont nécessaires.
  • Le but de cette étude était de déterminer si les patients ayant des tests de réintroduction négatifs peuvent tolérer les traitements ultérieurs avec les mêmes médicaments.

 Patients et méthodes :

  • Des patients ayant eu un test de réintroduction négatif au cours des 10 dernières années ont répondu à un questionnaire téléphonique qui était délivré par le même investigateur, afin
    • de déterminer si les patients étaient ultérieurement capables de tolérer le médicament pour lequel ils avaient eu un test de réintroduction négatif,
    • ainsi que d’étudier les raisons pour lesquelles les médicaments n’étaient pas repris.

 Résultats :

  • Six cent trente sept tests de réintroduction sous surveillance hospitalière étaient analysés (349 patients, moyenne d’âge 47 ans), 134 médicaments étaient pris à nouveau (groupe A) et 359 ne l’étaient pas (groupe B).
  • Dans le groupe A, 12 réactions sont survenues chez 10 patients (9%).
  • Dans le groupe B, les médicaments n’étaient pas repris
    • parce que 76% des patients testés pour une intolérance à un antibiotique ou un produit de contraste radiologique n’ont pas eu besoin d’un nouveau traitement par ces médicaments,
    • ou parce que leur médecin généraliste n’a pas voulu leur prescrire ces médicaments.

 Discussion :

  • Quatre-vingt dix pour cent des tests de réintroduction (88.5% des patients) avec une réaction adverse cutanée médicamenteuse évalués par tests cutanés et TPO ont eu une bonne tolérance au traitement ultérieur avec le médicament testé.
  • Les mécanismes mis en jeu dans les intolérances en dépit de tests de réintroduction négatifs sont discutés.

 Conclusion :

  • La procédure des tests de provocation, considérée comme utile par 88% des patients, a une bonne valeur prédictive négative.
  • De plus, ces investigations ont besoin d’être accompagnées par une information claire pour le patient et son médecin généraliste.

Le bilan allergologique d’une réaction indésirable médicamenteuse nécessite dans de nombreux cas un test de réintroduction, en milieu hospitalier. Ces tests ne sont pas dénués de risques, bien que calculés, risques qui ne doivent être pris que si le test est fiable, garantissant l’innocuité du médicament pour le patient, et que si le patient est ultérieurement amené à reprendre ce même médicament.

Cette étude évalue la valeur prédictive négative de ces réintroductions ainsi que le pourcentage de prise du médicament après le test.

Les investigateurs ont enquêté auprès de 349 patients, ayant bénéficié au total de 637 réintroductions médicamenteuses au cours des 10 dernières années.

Au final, 359 tests de réintroduction n’étaient pas suivis d’une prise ultérieure du médicament testé, soit parce que le patient n’en a pas eu besoin, soit parce que le médecin traitant n’a pas voulu le lui prescrire.

Sur les 130 médicaments repris, on notait une réaction adverse dans seulement 9% des cas, ce qui donne une valeur prédictive négative de 90%.

Le test de réintroduction médicamenteux est donc utile dans un bilan de réaction indésirable médicamenteuse, d’autant plus qu’il est dans certains cas le seul test valide pour affirmer ou infirmer une allergie. Les performances sont globalement rassurantes, même s’il est probable qu’elles varient selon la molécule testée.

Le recrutement large des patients ayant présenté une réaction cutanée après une prise médicamenteuse est aussi susceptible d’avoir amélioré les performances du test.

En revanche un défaut d’information des patients testés et de leur médecin traitant semble apparaître : soit le médicament n’était pas nécessaire (pour l’instant) au patient, soit on n’a pas osé le lui en represcrire… C’est bien la peine !