Gerda 2011 - Montpellier

jeudi 29 septembre 2011 par Philippe Auriol3740 visites

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Gerda 2011 - Montpellier

Gerda 2011 - Montpellier

jeudi 29 septembre 2011, par Philippe Auriol

Le Gerda ne faillit jamais à sa règle : proposer un cours structuré, pertinent et de haut niveau aux allergologues intéressés par la dermato-allergologie. Ce 32e cours est une réussite sur le papier, mais également dans sa réalisation faite sous l’égide du Dr Nadia Raison-Peyron et la présidence du Dr Brigitte Milpied.

L’intégralité des interventions est détaillée dans l’ouvrage suivant


Drogues dures et peau

par D. Tennstedt

Les drogues dures étudiées sont :

  • L’héroïne, anciennement brevetée et vendue comme médicament par le laboratoire Bayer, elle est désormais illégale. On y distingue
    • La blanche, la plus pure, plus usitée en Amérique
    • La Brune, avec davantage de résidus, consommée en Europe
    • La Noire ("Black tar", goudron noir), essentiellement fumée du fait des nombreux résidus contenus.
    • À noter que la drogue vendue est rarement pure mais plutôt coupée avec diverses substances de 20 à 90%. Les produits de "coupe" les plus fréquent étant la quinine et le paracetamol qui mîment le goût et la texture de la version pure.
    • Elle est responsable de 4% de tous les décès Européen de la tranche d’âge de 15 à 39 ans.
  • La Cocaïne, classée stupéfiant depuis 1961 par les Nations Unies, c’est une drogue à la mode dont la consommation tant à supplanter celle du cannabis. Issue de la feuille de la Coca, elle est commercialisée sous la forme d’une poudre blanche et consommée en "sniff", fumée, en application locale muqueuse ou injectée. Elle a un effet vasoconstricteur fort. L’Italie est aujourd’hui le premier pays consommateur d’Europe (2007).
  • La Bupremorphine, médicament commercialisé en substitution de la dépendance aux morphiniques, il est devenu une drogue de consommation courante et bénéficie d’un réseau de revente hors circuit médical. Destiné à une consommation orale (avec dissolution dans la bouche), il est détourné de cet usage avec des injections régulières de la poudre dissoute.

Les effets cutanéo-muqueux locaux des drogues dures

  • Lésions cicatricielles sur les points d’injection.
  • Fasciites
  • Cellulites profondes
  • Phlébites
  • Thrombophlébites
  • Gangrènes gazeuses
  • Pyomyosites
  • Pseudo-anévrysme pulsatiles (infectieux)

Certaines pratiques comme l’injection directe dans en sous-cutané se développent sous le nom de "skin popping" et entraînent plus facilement des ulcères nécrotiques, des nodules, des thromboses qui se surinfectent secondairement.

Il a été observé des syndrome de Nicolau (ischémie sévère du territoire de l’artère touchée) en particulier avec les produits vasoconstrictant (cocaïne ou ajouts de quinine).

Complications tardives

  • Hyperpigmentation du lieu de l’injection
  • Cicatrices le long des trajets veineux ou sur les lieux d’injections sous-cutanées (pop-scars).
  • Thromboses veineuses, ulcérations
  • Papulo-nodules
  • Phénomènes de Raynaud.
  • Syndrome des grosses mains (Puffy Hand).

Hypersensibilités

  • Des urticaires sont décrites facilement avec les opiacées par histaminolibération mais parfois également par allergie.
  • Un prurigo s’installera facilement pour les mêmes raisons
  • Angio-oedème et bronchospasme sont possibles
  • Des syndromes de Lyell à l’héroïne ont été décrits.

Allergies aux produits de sécrétion des insectes

par C. Pequet

Certains produits dérivés des insectes sont réputés pour leurs vertus bénéfiques. Toute médaille ayant son revers, ils sont parfois aussi impliqués dans des réactions d’hypersensibilité.

  • Les produits dérivés des abeilles
    • Le miel, il contient différents allergènes potentiels
      • Les pollens
      • Les protéines du venin d’abeille
      • Des protéines du corps des abeilles (29 et 57kDa)
    • La gelée royale, elle provient des glandes hypopharyngiennes et mandibulaires des abeilles.
      • Les protéines MRJP (1 et 2) y sont retrouvées
      • Un cas de Gastro-entérite à éosinophiles et une colite hémorragique ont été décrits (Dutau, Toulouse).
    • La Propolis, résine formée à partir d’un ensemble de substances résineuses et balsamiques récoltées par les butineuses en fin de vie, elle sert à colmater les défauts des ruches.
      • En Europe, elle est surtout issue des bourgeons des peupliers.
      • Un collapsus fatal a été décrit sans que son mécanisme ait été élucidé.
      • Les réactions d’allergie immédiate sont rares.
      • Les réactions retardées sont plus fréquentes :
        • Chéiléites
        • Gingivites
        • Ulcérations buccales
        • Eczéma
      • Les Allergènes sont des esthers de l’acide caféique également présents dans la résine du bourgeon de peuplier.
    • La cire d’Abeille, sécrétée par les abeilles à partir de glandes abdominales dédiées, elle forme des écailles hexagonales après séchage.
      • Les allergies à la cire sont peu fréquentes et parfois liées à une contamination par la propolis.
  • La soie, sécrétée par différents animaux (papillons, araignées, coquillages etc.) elle est essentiellement utilisée sous la forme de celle produite par le Bombyx Mori sous sa forme de chenille.
    • Le fil de soie produit fait de 800 à 1500 mètres
    • Elle est composée de séricine et de fibroïne
    • Ses allergènes sont des peptides de 14, 40, 45 et 70kDa mais également une arginine Kinase de 42kDa qui croise avec celle de la blatte.
  • Les produits des cochenilles, petits hémiptères phytophages dont on tire deux types de produits :
    • La carmine, ou E120 ou encore INCI CI 75470, colorant naturel issu des corps séchés de cochenilles femelles contenant des oeufs (Dactylopius coccus).
      • Elle est utilisée en alimentaire (boissons, produits à base de viande, produits laitiers, confiserie etc.)
      • En Pharmacie
      • En cosmétique
      • Sa mention est obligatoire sur les emballages
    • Le Shellac, ou gomme laque, est une résine sécrétée par la cochenille Coccus lacca, parasite d’arbres de forêt d’Inde et de Thaïlande.
      • Utilisé en cosmétique : laque, shampooings, mascara, crayons pour les yeux, vernis à ongle, stick labiaux etc.
      • En alimentaire
      • En pharmacie
      • Dans l’industrie du bois (vernis après dissolution dans l’éthanol).

Les libérateurs de formaldéhyde et leur réactivité

par E. Gimenez-Arnau

Le formaldéhyde HCHO, bactéricide et fongicide connu, a une mauvaise réputation du fait de son allergénicité mais surtout de son potentiel cancérigène.

Sa concentration d’usage maximale dans les cosmétiques a donc été établie à 0,2% (à l’exception des produits d’hygiène orale : 0,1%).

Ces mesures ont permis de maintenir en Europe une prévalence allergique de 2 à 3% tandis qu’elle atteint 8 à 9% aux Etats-Unis.

Les libérateurs du formaldéhyde ont toujours été associés comme simple source de formaldéhyde et non comme des allergènes potentiels.

L’étude détaillée des réactivités chimiques de la DMDM Hydantoïne, de la méthénamine et du bronopol nous montre qu’il n’en est rien et que les produits de synthèse qui libèrent le formaldéhyde induisent d’autres substances allergisantes propres.

Parabens : Danger ou campagne de pub ?

par M. Castelain

Esters de l’acide para-hydroxy-benzoïque très utilisés depuis les années 1930 en cosmétologie, en pharmacologie et dans l’industrie (alimentaire également), ces produits permettent de limiter la prolifération bactérienne.

Les parabens additifs (E214-E219) sont présents dans de nombreux produits naturels (fruits, légumes, fromages, gelée royale, propolis etc.). Les agro-alimentaires utilisent essentiellement le methyl et l’éthyl-paraben dans les pâtisseries, les boissons sucrées, les confitures.

Accusés de nombreux maux potentiels, les parabens ont fait l’objet d’une diabolisation extrême entraînant leur substitution massive en cosmétique et le vote d’une loi par le parlement Français préconisant leur retrait.

Attardons nous un peu sur ces reproches.

Parabens et cancer du sein

En 2003, McGrath publie un article démontrant que les femmes qui utilisent des déodorants et qui se rasent les aisselles auraient des cancers du sein diagnostiqués plus précocément.

En 2004, Darbre fait état d’un lien possible entre l’utilisation de produits cosmétiques contenant des parabens et la présence de ces conservateurs dans des échantillons de tissus prélevés dans des cancer du sein.

C’est cette étude qui a lancé la chasse au parabens.
Il est pourtant reproché à cette dernière étude de n’avoir pas dosé les parabens dans les cellules saines (où il n’est pas sensé être retrouvé) mais uniquement dans les cellules cancéreuses (au fonctionnement déficient). De plus, cette étude ne portait que sur une vingtaine de patients.

Cet article a tout de même eu le mérite de faire lancer par l’Afssaps une réévaluation du risque. La conclusion fût que "les marges de sécurité calculées aux concentrations utilisées en tant que conservateurs dans les produits cosmétiques ne sont pas de nature à remettre en cause dans l’immédiat la sécurité de l’usage cosmétique du parabens".

Aujourd’hui, les études réalisées depuis confirme l’absence de lien entre parabens et cancer du sein.

Parabens et perturbations endocriniennes

In vitro, les études de liaison aux récepteurs oestrogéniques des parabens montrent une affinité 1 000 à 1 000 000 de fois moins que le 17Bêta-Oestradiol et 10 à 100 fois de celle des phyto-oestrogènes du soja.

Chez l’homme, si l’on applique 5 fois la concentration maximale autorisée (étude sur 26 volontaires sains), le butyl-paaben est détecté dans le sérum avec un pic à 0,1% de la dose administrée sans aucun effet sur les taux d’hormones sériques. Le Danemark, au vu du simple passage possible a interdit ces produits aux enfants de moins de trois ans.

Parabens et allergie de contact

La campagne de diabolisation des parabens a entraîné leur remplacement dans de nombreux produits cosmétiques.

Il s’en suit un remplacement par des produits "non listés" dont l’allergénicité et la toxicité ne sont donc ni connus ni étudiés ou par des produits déjà connus comme le formaldéhyde (bien plus cancérigène et allergisant) ou les dérivés de la méthyl-isothiazolinone.

En conclusion

Si les parabens ont bien une réelle toxicité à forte dose et certains de ses dérivés plus que d’autres, les précautions d’usage qui étaient préconisées semblent toujours vérifiées et justifier son usage comme conservateur peu allergisant. Le remplacer par un ancien produit, c’est prendre un risque toxique et allergénique plus grand et le remplacer par un nouveau c’est s’exposer à des surprises, pas forcément bonnes.

Un latex naturel non allergique à partir du Guayule

par S. Palu

L’épidémie d’allergie au Latex qui a frappé le milieu médical au début des années 1980 a soumis le système de production de ce latex à la recherche de solutions alternatives.

La première solution qui a permis de juguler la flambée de ces allergies a été l’amélioration des process industriel limitant la présence des protéines allergisantes sur les surfaces des gants.

Une autre alternative, consiste à remplacer le Latex issu de l’hévéa Brasiliensis par d’autres plantes à Latex.

  • Les Russes se sont intéressés au Latex du Pissenlit.
  • Les Américains se sont penchés sur le Latex issu d’une plante des déserts Mexicains : la parthenium argentatum Gray, connue sous le nom vernaculaire de Guayule. C’est une plante de la famille des Astéracées.

Le Cirad de Montpellier a, à son tour, planté un hectare à titre expérimental pour en étudier les conditions de développement et l’allergénicité.

Les allergènes

Sur 240 protéines différentes entrant dans la composition du Latex naturel, 16 sont identifiées comme étant allergisantes.

  • Hev b 1 : facteur d’élongation du caoutchouc (en cause dans les allergies après de multiples interventions chirurgicales).
  • Hev b 2 : homologue de nombreuses endo-1,3-glucanases de plusieurs plantes.
  • Hev b 3 assez homologue à Hev b 1.
  • Hev b 4 considéré comme un allergène majeur impliqué dans l’allergie au latex des personnels de santé.
  • Hev b 5 homologue d’une protéine du kiwi
  • Hev b 6 (pro-hévéine : 6.01 ou hévéine 6.02)
  • Hev b 7 homologue de la patatine de la pomme de terre
  • Hev b 8 une profiline.
  • Hev b 9 une énolase
  • Hev b 10 qui croise avec l’Aspergillus fumigatus
  • Hev b 11qui a 56% d’homologie avec l’hévéine.
  • Hev b 12 une LTP
  • Hev b 13 découvert récemment

Le latex de Guayule

Plante pérenne arbustive buissonnante de la famille des Astéracées, elle est originaire des sols désertiques du Nord du Mexique. Son Latex était utilisé par les Aztèques.

Son Latex contient 100 fois moins de protéines que le latex de l’Hévéa et de plus, les protéines retrouvées sont à 90% de la famille des cytochromes P450 non associées à des réactions allergisantes.

Conclusion

Cette nouvelle source de latex semble une voie prometteuse pour le futur. La FDA a d’ailleurs déjà autorisé la production de gants avec ce latex dans le futur. Reste à régler le problèmes des allergies de contact où les thiurams et les carbamates aujourd’hui indispensables pour obtenir un latex commercialisable et également l’étude d’éventuelles réactivités croisées avec les autres substances issues des Astéracées.


Parfums et cosmétiques : quelles réglementations en Europe ?

par J.P. Lepoittevin

Aujourd’hui, les cosmétiques sont soumis à une réglementation en droit national, transcription (plus ou moins rapide) des directives Européennes.

Afin d’améliorer la cohésion et la coordination de ces règles au sein de l’Europe, la directive 76/768/CEE et ses sept amendements ont été transformés en un règlement le 30 novembre 2009 (sommet de Lisbonne) directement opposable aux pays membres à compter du 11 juillet 2013.

Ce règlement établit l’ensemble des règles concernant :

  • Le produit cosmétique
  • Les nanomatériaux
  • Les agents conservateurs
  • Les colorants
  • Les filtres ultra-violets
  • L’effet indésirable
  • L’effet indésirable grave

On retiendra particulièrement la nécessité d’avoir sur l’emballage la précision de la personne (ou personne morale) responsable ainsi que son adresse valide, la mention des nanomatériaux sous la forme "[nano] ingrédient" et une classification Européenne normalisée non encore définie mais qui se basera sur l’actuelle INCI. L’usage d’un panneau mentionnant les ingrédients à côté des produits en vrac.

Si ce règlement nous assurera la bonne pratique des grandes société de cosmétique, il est plus probable qu’elle sera difficile à suivre pour le particulier qui se lance dans la bio-cosmétique ou les produits importés.

Apprendre à lire les étiquettes

par F. Giordano-Labadie

L’étiquette devra contenir :

  • le nom ou la raison sociale avec l’adresse du responsable
  • le contenu nominal (sauf si <5g ou 5ml, échantillon gratuit, unidose).
  • les dates : de durabilité minimale et de conservation après ouverture.
  • les précautions d’emploi
  • le numéro de lot de fabrication
  • la fonction
  • la liste des ingrédients (où ne sont pas considérés comme ingrédients les impuretés contenues dans les matières premières, ni les substances techniques subsidiaires utilisées dans le mélange mais non présents dans la composition du produit fini.

Les tests sur les animaux sont interdits avec comme date butoir 2013, le problème est que, aujourd’hui, il n’existe toujours pas de méthode fiable permettant de remplacer ces tests par des techniques in vitro. Il est difficile d’imaginer que cette date pourra être observée.

Il existe des mentions "non réglementées

  • Les produits "sans" (allergène, parfums, conservateur, etc.) : elle est de la seule initiative du vendeur mais est susceptible d’être vérifiée. En 2008, sur 43 produits "sans" testés, 13 contenaient des substances qu’ils disaient ne pas contenir, 3 seulement par fraude évidente, les autres par méconnaissance de leur propre produit... Ensuite, cette mention "sans", même vraie, n’est pas du tout gage de bonne tolérance puisqu’un produit "sans parfum" peut très bien contenir des huiles essentielles !
  • Les produits finis "non testés sur des animaux" disent la vérité puisqu’aujourd’hui (depuis 2004) le produit fini ne peut plus être testé sur l’animal.
  • Les labels bio sont une véritable jungle aux réglementations et contrôles très variés. Il est aujourd’hui difficile de leur faire confiance.
  • La mention "testé sous contrôle dermatologique" n’est pas non plus réglementée et tous les cosmétiques commercialisés ont été testés par des dermatologues (au moins ceux de l’entreprise qui commercialise le produit, ce qui n’est pas gage d’impartialité).
  • La mention "e" apposée sur l’étiquette n’a aucune valeur mais est souvent prise pour un label de conformité Européenne, ce qu’elle n’est pas du tout. Elle est de la seule initiative du fabricant où il suggère qu’il suit (ce qui est la moindre des choses) les règles de l’Europe.

L’Histoire du savon

par A. Pons-Guiraud

Un savon est l’action d’une base sur un corps gras, servant au nettoyage et au blanchissage.

Les première recettes de savon connues datent de -2500 ans avant Jésus-Christ, sur des tablettes Sumériennes. Réalisé avec de l’huile végétale, de l’argile et des cendres. Un peu comme le Rhassoul Marocain.

Les Égyptiens mentionnent des savons à base d’un bicarbonate de soude naturel, le trona (ou natron). À la même époque, on utilisait un autre nettoyant naturel issu de la tige et des racines d’une plante, la saponaire, riche en saponines, qui écrasées et battues moussent dans l’eau.

C’est à Pline l’ancien, au premier siècle, que l’on doit le nom "savon". Il en parle dans son Histoire naturelle à partir du "sapo" des Celtes, qui a donné savon en Français, Soap en Anglais et savone en Italien. Le sapo des Celtes était un mélange de suif de chèvre, de cendres de hêtre et de jus d’herbes colorantes.

À peine plus tard (167 après JC), Galien conseille le savon qui "rend la peau douce et débarrasse le corps de la saleté".

Au XIIe siècle, les croisés ramènent le savon d’Alep, pâte mêlant l’huile d’Olive et des baies de laurier (25 à 30%), séchée durant 9 à 10 mois. Il inspirera les Marseillais pour le savon de Marseille.

Aujourd’hui, en France, chaque seconde, on consomme 3,5kg de savon ; soit 1,7kg par an et par habitant.

Il existe une terminologie précise pour ces différents produits :

  • Le savon est un produit obtenu par la formation d’une base sur un corps gras pour aboutir à la formation d’un sel alcalin soluble dans l’eau.
  • Un syndet est un détergent synthétique. Inventés pendant la guerre du Pacifique pour permettre aux troupes Américaines de se laver à l’eau de mer, c’est une association complxe de tensio-actifs anioniques et amphotères. Il sont moins désséchants pour la peau.
  • Un détergent est un produit permettant d’éliminer d’un milieu solide les molécules qui y adhèrent par leur mise en suspension ou en solution.

Sensibilisation aux tensioactifs des cosmétiques

par B. Milpied-Homsi

Ce sont des agents de surface, parfois appelés agents surfactifs ou tensio-actifs. Ce composé chimique est composé d’une partie lipophile et une autre hydrophile et se place à l’interface entre deux phases liquides non miscibles.

Il en existe quatre types :

  • anioniques : essentiellement détergents
  • cationiques : moins détergents mais plus germicides
  • amphotères : excellent pouvoir moussant et détergent, compatibles avec les autres tensio-actifs
  • non ioniques  : les "plus doux" des tensio-actifs, essentiellement émulsifiants.

En dehors de leur effet irritant lié à leur effet délipidant, il est décrit des allergies véritables avec deux familles principalement :

  • La cocamidopropylbétaïne (CAPB), tensioactif amphotère, dérivé de l’huile de coco (dite aussi coprah), son effet allergisant semble lié aux résidus de contaminants (DMAPA, Amido-amine etc.).
  • Les Glucosides sont des non-ioniques dont le pouvoir allergisant semble directement lié à la molécule elle-même et non à des contaminants. À noter que le décylglucoside est un allergène "caché" des écrans solaires car il est présent dans le Tinosorb.

Au final, il faut retenir que bien que ces produits soient essentiellement irritants, il existe d’authentiques allergies pour lesquelles un bilan doit-être effectué. La pratique d’Open-tests, de ROAT tests ou de tests d’usage sont les moyens les plus efficaces pour les mettre en évidence.

Allergie aux topiques médicamenteux à base de plantes

par M. Avenel-Audran

De tout temps, les plantes ont été utilisées pour soigner et en particulier pour soigner les affections cutanées. La cosmétique les a progressivement intégré à son tour, suivant les habitudes de la pharmacopée. L’engouement actuel pour le "bio" en multiplie les usages plus ou moins appropriés.

Si la prévalence de l’allergie aux topiques médicamenteux à base de plantes est très mal connue, on connait assez bien les extraits de plantes les plus à risque :

  • Le Baume du Pérou, résine produite par incision de l’écorce du Myroxylon balsamum var. pereirae (Fabacée) qui pousse en Amérique centrale. Cette résine est pour 2/3 composée d’une huile volatile (la cinnaméine : elle même composée de cinnamates, vanilline et eugénol) et pour 1/3 de polymères d’esters d’alcool conyféryle. On peut en extraire une huile essentielle par distillation.
    • L’allergie au baume du Pérou est connue depuis très longtemps (il est toujours dans le TOP 5 de la batterie standard Européenne).
    • Le Vidal contient toujours des spécialités qui en contiennent :
      • Agathol baume
      • Anaxéryl
      • Balsofulmine mentholée
      • Balsofulmine simple
      • Baume des Pyrénées
      • Brulex
      • Dermophile Indien (baton à lèvre blanc et rose, mains)
      • Dolirhume aux huiles essentielles
      • Pommade Lelong
      • Perubore Inhalation
    • L’eczéma de contact est volontiers aigu et des urticaires ont été rapportées. 30% des allergiques testés font une réaction immédiate non spécifique qui dure environ une heure.
  • Le Benjoin, résine issue de différentes plantes de la famille des Styracacées, les Styrax (benzoin, officicinalis, ou tonkinensis) produisent le Benjoin par incision du tronc. Il s’utilise surtout en teinture à 10% dans l’alcool. Il serait cicatrisant, antiseptique et expectorant, comme le baume du Pérou.
    • Il est vendu sous forme de teinture mais rentre également dans la composition d’une colle chirurgicale, le Mastisol.
  • L’huile de l’arbre à Thé, ou Tea Tree Oil, est une huile essentielle obtenue par distillation des feuilles et branches d’un arbre Australien de la famille des Myrtacées : le Melaleuca Alternifolia. Il n’a rien à voir avec le Thé et est réputé soigner l’acné, le psoriasis, les ulcères de jambes, les escarres, les pellicules, les infections de tout type. Il est décrit de très nombreux cas d’allergie de contact.
  • Les Astéracées, une des plus grandes familles de plantes mais aussi une des plus connues pour ses allergies immédiates mais aussi retardées. Dans ce dernier cas, les allergènes ne sont pas tous présents dans le patch "Lactone mix" et il faut utiliser le "compositae mix".
    • Arnica, la plus utilisée en topiques (39 médicaments du Vidal).
    • Souci, ou Calendula Officinalis, utilisée dans les radiodermites par exemple.
    • La camomille, également présente dans la crème Arnican.
  • Autres végétaux impliqués régulièrement
    • Huiles essentielles : lavande, peppermint, eucalyptus, laurier noble, cannelle
    • Huiles végétales : l’huile de Nigelle qui bénéficie d’une forte réputation chez les Musulmans, elle est également très allergisantes et ne doit pas être utilisée pure. L’huile de Neem (ou margousier) est utilisée dans le traitement des gales et poux et est parfois responsable d’eczéma de contact.
    • Les ruscogénines : Faux-houx, présent dans le Proctolog, donne des eczéma locaux-régionaux voire généralisés.
    • La centella Asiatica, est présente dans la crème Madecassol (utilisée sur des cicatrices) et donne parfois également des eczémas de contact.

En conclusion, non le naturel n’est pas anodin ! S’il est actif, efficace, parfois, il est également souvent toxique et également allergisant. La réputation de ces substances naturelles n’est plus à faire et leur usage devrait être réfléchi, modéré et non laissé à l’appréciation d’artisans mal informés de la bio-cosmétique ou de l’aromathérapie.


L’intégralité des interventions est détaillée dans l’ouvrage suivant


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