Allergie médicamenteuse : les allergologues doivent laisser les petits tranquilles !

mercredi 16 novembre 2011 par Dr Stéphane Guez477 visites

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Allergie médicamenteuse : les allergologues doivent laisser les petits tranquilles !

Allergie médicamenteuse : les allergologues doivent laisser les petits tranquilles !

mercredi 16 novembre 2011, par Dr Stéphane Guez

Résultats d’une évaluation de l’hypersensibilité médicamenteuse dans une large cohorte d’enfants et d’adultes. : Rubio, M., Bousquet, P.-J., Gomes, E., Romano, A. and Demoly, P. (2011),

Results of drug hypersensitivity evaluations in a large group of children and adults.

dans Clinical & Experimental Allergy. doi : 10.1111/j.1365-2222.2011.03887.x

 Introduction :

  • Faire la preuve d’une réaction IgE médiée ou cellulaire T lors des réactions d’hypersensibilité médicamenteuse (RHM) semble moins fréquente chez les enfants par rapport aux adultes.
  • Cependant, cela n’a jamais été démontré par des données.

 Objectif de l’étude :

  • Il a été de déterminer et comparer la prévalence d’une RHM prouvée chez des enfants et des adultes.

 Matériel et Méthodes :

  • A partir de l’étude des données de la cohorte DAHD (Base de Données sur l’allergie et l’hypersensibilité médicamenteuse), des enfants ayant une RHM prouvée ont été comparés à de adultes.
  • Les recommandations de l’EEACI-ENDA ont été suivies.
  • Les patients ont été divisés en 4 groupes :
    • index de réaction et test durant l’enfance (c/c),
    • index de réaction durant l’enfance et test l’âge adulte (c/a)
    • index de réaction durant l’enfance et l’âge adulte et test à l’âge adulte (ca/a)
    • et enfin index de réaction et test à l’âge adulte (a/a).

 Résultats :

  • Un total de 3275 patients (67.9% femmes) comprenant au total 4370 réactions a été évalué (74.5% appartenant au groupe a/a).
  • La prévalence des tests positifs est de :
    • 15.2% (IC95% : 14.1 – 16.2) pour toutes les classes testées, avec :
    • 10.6% (8.3% - 13%° pour le groupe c/c,
    • 10.6% (7.5% - 13.6%) pour le groupe c/a,
    • 22.1% (12.8-31.3%) pour le groupe ca/a
    • et 16.5% (15.2 – 17.8) pour le groupe a/a.
  • La prévalence la plus faible est dans le groupe c/c par rapport au groupe a/a (p< 0.0001) et ca/a (p = 0.003).
  • Elle est également plus faible dans le groupe c/a par rapport aux 2 autres groupes (respectivement p = 0.003 et p = 0.005).
  • Des différences significatives sont trouvées seulement pour l’exanthème maculo-papulaire et ni pour l’urticaire, l’angioedème et l’anaphylaxie.
  • Les différences sont principalement observées avec les bétalactamines et pas pour les AINS.

 Conclusion et implication clinique :

  • Les suspicions de RHM ont probablement moins besoin d’être confirmées chez les enfants.

Dans ce travail, les auteurs ont comparé la prévalence des réactions d’hypersensibilité médicamenteuse chez les enfants et les adultes. Ils démontrent à partir d’une base de données importante qu’il y a effectivement plus de RHM (réactions d’hypersensibilité médicamenteuse) chez les adultes que chez les enfants.

L’équipe médicale de ce service d’allergologie est spécialisée dans la recherche sur l’allergie médicamenteuse et fait encore une fois la preuve de son expérience dans ce domaine.

L’ensemble des patients inclus a bénéficié d’une exploration standardisée reposant à la fois sur un interrogatoire codifié, des tests cutanés et/ou un ou plusieurs tests de provocation par voie orale.

Pour 3275 patients étudiés, il y a eu 4370 évaluations médicamenteuses avec au final 664 positivités permettant de porter le diagnostic d’hypersensibilité médicamenteuse.

Lorsque les auteurs étudient les explorations médicamenteuses en fonction du moment de survenue de la réaction et du moment de réalisation de l’exploration allergologique, ils constatent que de façon significative les diagnostics positifs d’hypersensibilité médicamenteuse sont portés surtout dans le groupe des patients testés à l’âge adulte.

Par rapport au type de réaction initiale, l’exanthème maculo-papuleux est le signe clinique qui est le moins spécifique, en particulier lorsque le médicament est une bétalactamine.

Ainsi, il semblerait que chez les enfants il soit moins utile que chez l’adulte de rechercher une hypersensibilité médicamenteuse par des tests cutanés et/ou un TPO car la fréquence d’un résultat positif est faible probablement en raison de nombreux faux positifs sous la forme d’un exanthème lié à la conjonction d’une infection virale et de la prise concomitante d’un médicament en particulier d’un AINS ou surtout d’une bétalactamine.