Anti-COX 2 si intolérance aux AINS : c’est pas automatique !!!

mardi 22 novembre 2011 par Dr Stéphane Guez611 visites

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Anti-COX 2 si intolérance aux AINS : c’est pas automatique !!!

Anti-COX 2 si intolérance aux AINS : c’est pas automatique !!!

mardi 22 novembre 2011, par Dr Stéphane Guez

Réponse à un inhibiteur sélectif des anti-COX 2 chez des patients ayant une urticaire et / ou un angioedème induit par des AINS. : Doña, I.1 ; Blanca-López, N.2 ; Jagemann, L. R.3 ; Torres, M. J.1 ; Rondón, C.1 ; Campo, P.1 ; Gómez, A. I.3 ; Fernández, J.4 ; Laguna, J. J.5 ; Rosado, A.6 ; Blanca, M.1 ; Canto, G.2

dans Allergy, Volume 66, Number 11, 1 November 2011 , pp. 1428-1433(6)

 Introduction :

  • Chez les patients ayant une réaction d’hypersensibilité avec réactivité croisée aux AINS, la tolérance des inhibiteurs sélectifs des anti-COX 2 n’a pas été évaluée dans une grande série de patients bien phénotypés.

 Matériel et Méthode :

  • Les auteurs ont évalué 252 patients ayant une urticaire et/ou un angioedème lié à une hypersensibilité en raison d’une intolérance croisée aux AINS.
  • En plus de l’histoire clinique, le diagnostic a été confirmé par un test de provocation à un AINS alternatif.
  • Deux groupes de patients ont été constitués :
    • groupe A, patients avec une intolérance croisée aux AINS et une intolérance au paracétamol,
    • et groupe B, patients avec une intolérance croisée aux AINS et tolérance du paracétamol.
  • L’Etoricoxib (EB) a été administré aux patients du groupe A et à un échantillon représentatif de patients du groupe B.
  • En cas de réponse positive, un dosage du taux de tryptase et une biopsie cutanée ont été faites chez 5 patients de chaque groupe.

 Résultats :

  • L’ibuprofène et le médicament le plus souvent impliqué, suivi par l’acide acétylsalicylique (ASA).
  • L’urticaire est la manifestation clinique la plus fréquente, suivie par l’angioedème.
  • La plupart des patients développent leurs symptômes dans la première heure.
  • 25 % des patients du groupe A (n = 47) et 6% du groupe B (n = 50) sont intolérants à l’EB.
  • Les biopsies cutanées montrent qu’il y a une activation mastocytaire avec libération de tryptase dans les espaces extracellulaires mais sans qu’il y ait augmentation du taux sérique de tryptase circulante.

 Conclusion :

  • Les inhibiteurs sélectifs des COX-2 ne sont pas sans risque chez les patients avec urticaire et/ou angioedème lié à une hyperréactivité aux AINS avec intolérance croisée s’ils sont également intolérants au paracétamol.
  • Un quart des patients qui sont intolérants à ces médicaments sont aussi intolérants à l’EB.
  • Chez les patients ayant une hypersensibilité aux AINS et une intolérance au paracétamol, les inhibiteurs sélectifs des anti-COX 2 doivent être administrés sous contrôle lors d’un test de réintroduction à doses progressives pour en évaluer la tolérance.

Sur une grande population de patients intolérants confirmés aux AINS, les auteurs démontrent que si les patients sont également intolérants au paracétamol, 25% d’entre eux feront une réaction d’intolérance aux anti-COX 2.

La tolérance aux anti-COX 2 doit donc être vérifiée avant prescription chez ces patients particuliers.

Cette étude est très intéressante car elle porte sur beaucoup de patients alors que jusqu’à présent les cliniciens ne disposaient que de cas rapportés.

Il est important de noter un premier résultat : il y a bien deux catégories de patients intolérants aux AINS, ceux qui peuvent tolérer le paracétamol et ceux qui ne peuvent pas le tolérer.

Le second résultat est que les anti-COX 2 entraineront dans 25% des cas une réaction d’hypersensibilité chez ces patients qui ne supportent pas également le paracétamol. Mais cela signifie aussi que 75% des patients peuvent reprendre sans risque un anti-COX 2.

Sur un plan pratique, il est donc possible d’emblée d’autoriser les anti-COX 2 chez les patients intolérants aux AINS qui supportent le paracétamol. Par contre pour les autres il faut prévoir un test de réintroduction en milieu protégé avec des doses progressivement croissantes pour pouvoir autoriser sans risque la prise d’un anti-COX 2.

Enfin, bien qu’il n’y ait pas d’élévation de la tryptase sérique lors d’une réaction clinique, ce qui est observé couramment en pratique, les auteurs montrent qu’en réalité il y a bien activation mastocytaire mais avec libération de la tryptase uniquement dans le milieu extracellulaire. Le non passage par voie générale peut sans doute s’expliquer par l’arrêt du test de provocation dés l’apparition des symptômes.