Des soies pas si douces que ça...

mardi 4 décembre 2012 par Dr Céline Palussière3147 visites

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Des soies pas si douces que ça...

Des soies pas si douces que ça...

mardi 4 décembre 2012, par Dr Céline Palussière

Les soies de la chenille processionnaire de pin (Thaumetopoea pityocampa) contiennent plusieurs allergènes pertinents cliniquement. : Rodriguez-Mahillo, A. I., Gonzalez-Muñoz, M., Vega, J. M., López, J. A., Yart, A., Kerdelhué, C., Camafeita, E., Garcia Ortiz, J. C., Vogel, H., Petrucco Toffolo, E., Zovi, D., Battisti, A., Roques, A. and Moneo, I. (2012),

Setae from the pine processionary moth (Thaumetopoea pityocampa) contain several relevant allergens.

dans Contact Dermatitis, 67 : 367–374. doi : 10.1111/j.1600-0536.2012.02107.x

 Contexte :

  • Les chenilles processionnaires de pin portent des poils urticants (les soies) dont la fonction est la protection contre les prédateurs.
  • Les soies de chenille provoquent des réactions cutanées chez les animaux et des humains.
  • La question du mécanisme toxique ou allergique est sujet à controverses.

 Objectifs :

  • Il s’agit de détecter la présence d’allergènes dans les soies et les caractériser.

 Matériels et méthodes :

  • Des extraits de soie de chenille ont été caractérisés par fixation sur gel et immunoblot, avec des sera de patients souffrant de réactions immédiates et ayant des tests de piqûre positifs, de même que sur un sérum de lapin sensibilisé aux soies de chenilles.
  • Les protéines des soies ont été fractionnées par chromatographie en phase liquide performante.
  • L’allergène le plus pertinent a été analysé par désorption/ionisation laser(MALDI), par spectrométrie de masse (MS) et sa séquence a été déduite d’une banque de données de séquences.

 Résultats :

  • Les extraits de soie contiennent au moins sept allergènes différents.
  • La détection la plus intense a correspondu à une protéine de poids moléculaire d’environ 14000 Da, qui était semblable à la thaumetopoeine, une protéine précédemment décrite ayant des propriétés inductrices de dégranulation mastocytaire.
  • Le séquençage de novo basé sur MALDI-MS a fourni une séquence d’acides aminés partiellement différente de celui de l’allergène précédemment décrit Tha p 1 et a été nommé Tha p 2.
  • Cet allergène a été détecté par 61 % des patients et constitue donc un nouvel allergène majeur de chenille.

 Conclusions :

  • La piqure par les soies de la chenille processionnaire de pin introduit un contenu allergénique qui s’ajoute à l’effet mécanique et toxique des piqures.

Quiconque s’est un jour approché de près d’une chenille processionnaire s’en est aperçu : les poils de chenilles, ou soies, piquent, grattent, et peuvent être responsables de réactions sévères en fonction de la zone piquée.

Certes, mais pourquoi ça pique ? Effet toxique ou allergique ?

Là est la question à laquelle répond cette étude espagnole, grâce à l’analyse de protéines de soies de chenille processionnaire.

L’extraction et la caractérisation de protéines issues d’extraits de soies de chenille processionnaire a permis la mise en évidence de deux allergènes potentiels. Ces protéines sont IgE réactives chez des patients ayant une histoire clinique de réaction avec les chenilles, ainsi que des tests cutanés positifs.

Les auteurs ont particulièrement ciblé leurs analyses sur une thaumetopoeine, un allergène de 14 kDa reconnu par 60% des séra étudiés.

Cet allergène n’a pas encore d’homologue décrit chez d’autres insectes, d’ailleurs son nom est directement issu du nom latin de la chenille processionnaire (Thaumetopoea pityocampa).

Il est donc possible que l’effet urticant observé lors des piqures soit lié à une réaction allergique associée à une réaction toxique et irritative. La soie de chenille est très volatile et peut occasionner des réactions à distance.

Les deux allergènes décrits, les thaumetopoeines Tha p 1 et Tha p 2, sont toutefois décrits depuis plus de 20 ans... Cet article confirme leur rôle possible en clinique, bien que les tests aient été menés in vitro seulement, mais n’apporte rien de bien nouveau concernant les allergies à la chenille processionnaire...

Bon, un rappel n’est jamais inutile. La chenille, ça pique.

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