Quand la science fondamentale tente d’expliquer des phénotypes cliniques d’asthme chez les enfants.

lundi 17 décembre 2012 par Dr Cécilia Nocent894 visites

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Quand la science fondamentale tente d’expliquer des phénotypes cliniques d’asthme chez les enfants.

Quand la science fondamentale tente d’expliquer des phénotypes cliniques d’asthme chez les enfants.

lundi 17 décembre 2012, par Dr Cécilia Nocent

Sévérité de l’asthme dans l’enfance et profil métabolomique des condensats de l’air exhalé. : S. Carraro, G. Giordano, F. Reniero, D. Carpi, M. Stocchero, P.J. Sterk, E. Baraldi.

Asthma severity in childhood and metabolomic profiling of breath condensate.

dans Allergy 2012 ; DOI : 10.1111/all.12063.

 Contexte

  • L’asthme est une maladie hétérogène et ses différents phénotypes méritent d’être mieux caractérisés par analyse biochimique de l’inflammation.
  • Cette étude utilise l’analyse métabolomique des condensats de l’air exhalé pour définir différents phénotypes d’asthme, en particulier dans l’asthme sévère de l’enfant.

 Méthodes

  • Dans cette étude transversale, 42 enfants asthmatiques (âgés de 8 à 17 ans) ont été recrutés : 31 avaient un asthme non sévère (traités par corticoïdes inhalés ou non) et 11 avec un asthme sévère.
  • 15 enfants en bonne santé ont été recrutés comme contrôles.
  • Les enfants avaient une mesure de la fraction exhalée du NO, une spirométrie, un recueil du condensat de l’air exhalé (CAE).
  • Les échantillons de CAE étaient analysés en utilisant une approche métabolomique basée sur une spectrométrie de masse.

 Résultats

  • Un modèle d’analyse robuste (O2PLS-DA) a été trouvé pour discriminer les asthmes sévères des sujets contrôles et les asthmes sévères des asthmes non sévères.
  • L’analyse métabolomique conduit à un modèle robuste quand les 3 groupes d’enfants sont analysés ensemble, avec chacun un profil métabolomique particulier.
  • L’acide rétinoïque, l’adénosine et la vitamine D sont importants pour la distinction entre les groupes.

  Conclusion

  • Le profil métabolomique du CAE permet clairement de distinguer des profils biochimiques et métaboliques différents chez les enfants asthmatiques et d’individualiser le profil des asthmatiques sévères.
  • Cette approche semble utile pour distinguer différents profils métaboliques de l’asthme.

Il s’agit d’une étude fondamentale réalisée par une équipe italienne pour essayer de mieux caractériser les phénotypes différents d’asthme de l’enfant, en particulier l’asthme sévère.

Ils se sont intéressés au profil métabolomique de condensats de l’air exhalé. La métabolomique est une science récente qui étudie l’ensemble des métabolites présents dans un échantillon biologique. Cette technique utilise la spectrométrie de masse et la résonnance magnétique nucléaire.

Les condensats de l’air exhalé sont obtenus en refroidissant l’air exhalé pendant quelques minutes. On recueille la condensation. En pratique, on fait respirer le patient pendant 10 minutes avec un pince-nez avec un volume courant stable dans un dispositif spécifique. L’air expiré se condense dans un réceptacle réfrigéré. Cette technique permet de recueillir environ 2 ml de condensat. L’analyse du condensat est un reflet des voies aériennes proximales et distales.

Cette technique fondamentale, qui a priori ne pourra pas être utilisée en pratique courante, a pour but d’analyser les métabolites retrouvés dans l’air exhalé d’asthmatiques de gravité variable et d’essayer de trouver un profil biochimique qui corresponde à un phénotype clinique.
Les auteurs ont réussi à créer un modèle mathématique qui donne une corrélation entre la clinique et la biochimie.

Cette étude est très intéressante car on parle de moins en moins d’asthme mais de plus en plus de phénotypes particuliers qui ont une présentation clinique particulière, une inflammation plus ou moins spécifique (éosinophilique, neutrophilique…) et une réponse non équivalente aux différents traitements à notre disposition. Actuellement, il y a de plus en plus de publications sur cette notion de phénotypes mais cela reste encore mal caractérisé et il n’y a pas encore de recommandations de prise en charge particulière en fonction de ces phénotypes.

Si cette technique permet de mieux identifier les différents phénotypes, cela permettra une meilleure connaissance de l’asthme et à terme on peut espérer une meilleure prise en charge de nos patients, en particulier ceux ayant un asthme sévère ou difficile. Il paraît donc intéressant de suivre les publications à venir sur ce sujet.

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