Allergie à l’œuf chez l’enfant : même si tu n’aimes pas, mange !! Et ça marche…

jeudi 31 janvier 2013 par Dr Stéphane Guez1069 visites

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Allergie à l’œuf chez l’enfant : même si tu n’aimes pas, mange !! Et ça marche…

Allergie à l’œuf chez l’enfant : même si tu n’aimes pas, mange !! Et ça marche…

jeudi 31 janvier 2013, par Dr Stéphane Guez

Induction spécifique de tolérance par voie orale avec de l’oeuf de poule cru chez des enfants ayant une allergie sévère à l’oeuf : une étude contrôlée randomisée. : Dello Iacono, I., Tripodi, S., Calvani, M., Panetta, V., Verga, M. C. and Miceli Sopo, S. (2013),

Specific oral tolerance induction with raw hen’s egg in children with very severe egg allergy : A randomized controlled trial.

dans Pediatric Allergy and Immunology, 24 : 66–74. doi : 10.1111/j.1399-3038.2012.01349.x

 Introduction :

  • Le traitement de l’allergie sévère à l’œuf de poule est :
    • l’éviction de l’œuf (HE)
    • avec le port permanent d’une seringue auto-injectable d’adrénaline.
  • L’induction spécifique de tolérance par voie orale (SOTI) semble un traitement alternatif prometteur.
  • Cependant, certains aspects de la SOTI sont encore considérés comme expérimentaux.

 Matériel et Méthode :

  • Les auteurs ont évalué l’efficacité et la sécurité d’une SOTI pendant 6 mois selon un protocole particulier chez des enfants ayant une allergie sévère à l’HE, en utilisant une émulsion de HE cru.
  • 20 enfants (âge moyen de 5 à 11 ans) ont été randomisés de façon égale entre :
    • un groupe traite par SOTI
    • et un groupe contrôle.
  • Le groupe traité a commencé le SOTI avec réalisation d’un second test de provocation 6 mois plus tard.
  • Le groupe contrôle a eu un régime sans œuf pendant 6 mois, puis un second test de provocation également à 6 mois.

 Résultats :

  • Après 6 mois :
    • 9 enfants sur 10 du groupe SOTI (90%) ont terminé une tolérance partielle (au moins 10 ml, mais moins de 40 ml d’émulsion d’œuf cru, en une dose unique),
    • et 1 enfant (10%) a été capable de tolérer seulement 5 ml (pas de tolérance).
  • Après 6 mois, 9 enfants témoins ont été testés positifs lors du second TPO à la dose inférieure ou égale de 0.9 ml d’œuf cru en émulsion, et 1 a réagi à 1.8ml, mais aucun des enfants n’a eu une réaction de grade 5 selon l’échelle de Sampson.

 Conclusion :

  • 6 mois de SOTI avec une émulsion d’oeuf cru induit une tolérance partielle, avec une ingestion régulière, chez un nombre significatif d’enfants ayant une allergie sévère à l’oeuf cru.

Dans cette étude portant sur des enfants allergiques à l’oeuf, les auteurs ont testé les effets d’un protocole d’induction de tolérance à l’œuf de poule.

Après 6 mois, il y a une tolérance partielle avec un nouveau TPO permettant la tolérance d’une dose d’au moins 10 ml contre 0.9 ml d’œuf cru en émulsion dans le groupe contrôle.

Ce travail est très intéressant car il ouvre enfin de nouvelles perspectives dans la prise en charge des allergies sévères de l’enfant.

L’induction de tolérance par voie orale ne doit pas être confondue avec la désensibilisation par voie sublinguale : ici, l’enfant ingère de petites quantités d’oeuf cru à des doses progressivement croissantes, avec une ingestion quotidienne.

Peut-être certains enfants vont-ils effectivement perdre leur allergie, mais pour l’instant il ne s’agit que d’une induction de tolérance comme le montre le TPO de contrôle qui est positif chez tous les enfants traités.

Ce protocole a été conduit en ambulatoire, avec 5 hospitalisations de jour, réparties dans les 6 mois, avec lors de ces séjours hospitaliers un doublement de la dose ingérée.

Il y a eu des effets secondaires attendus, mais aucun sévère, et considérés comme acceptable par les auteurs compte-tenu que tous les enfants sélectionnés avaient des antécédents d’anaphylaxie à l’œuf.

Il y a bien une amélioration significative puisque la dose moyenne maximale tolérée dans le groupe traité est de 25 ml contre 0.45 dans le groupe non traité. Dans ce dernier groupe il y a eu d’ailleurs plusieurs ingestions accidentelles nécessitant un recours aux urgences.

Ce protocole semble donc réaliste et efficace mais est relativement lourd à mettre en place et reste probablement pour l’instant à réserver à des équipes hospitalières dans le cadre d’études avec des groupes contrôles.

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