La tension artérielle ne doit pas être trop haute... mais pas trop basse, quand même !

vendredi 26 avril 2013 par Dr Céline Palussière3365 visites

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La tension artérielle ne doit pas être trop haute... mais pas trop basse, quand même !

La tension artérielle ne doit pas être trop haute... mais pas trop basse, quand même !

vendredi 26 avril 2013, par Dr Céline Palussière

L’usage des médicaments anti-hypertenseurs est associé à l’atteinte systémique d’organe et à l’hospitalisation dans les services d’urgences chez patients présentant une anaphylaxie. : Sangil Lee, Erik P. Hess, David M. Nestler, Venkatesh R. Bellamkonda Athmaram, M. Fernanda Bellolio, Wyatt W. Decker, James T.C. Li, John B. Hagan, Veena Manivannan, Samuel C. Vukov, Ronna L. Campbell

dans The Journal of Allergy and Clinical Immunology - April 2013 (Vol. 131, Issue 4, Pages 1103-1108, DOI : 10.1016/j.jaci.2013.01.011)

 Contexte :

  • Les facteurs de risque pour la sévérité d’une anaphylaxie sont mal connus.
  • Les inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (IEC) ont été associés à des réactions anaphylactiques sévères chez des patients allergiques aux venins d’hyménoptères.
  • Les études évaluant l’association entres les bêta-bloquants et les anaphylaxies sévères sont contradictoires.

 Objectifs :

  • Il s’agissait d’évaluer l’association entre une prise de médicaments anti-hypertenseurs et une sévérité accrue des réactions anaphylactiques.

 Méthodes :

  • Nous avons inclus dans l’étude des patients de 18 ans et plus ayant présenté une anaphylaxie vus dans le service des urgences.
  • Les marqueurs de gravité des anaphylaxies sévères étaient définis comme :
    • syncope, hypotension ou hypoxie
    • signes ou symptômes touchant au moins 3 appareils d’organe
    • hospitalisation
  • Les médicaments anti-hypertenseurs évalués incluaient les bêta-bloquants, les IEC, les inhibiteurs calciques, les inhibiteurs de l’angiotensine, et les diurétiques.
  • Des analyse de régression logistique simple et multiple ont été menées afin d’estimer l’association entre l’usage de médicaments anti-hypertenseurs et les marqueurs d’une sévérité d’anaphylaxie augmentée.

 Résultats :

  • Parmi 302 patients ayant présenté une anaphylaxie, 55 (18%) avaient eu une syncope, une hypoxie ou une hypotension, 57 (19%) avaient nécessité une hospitalisation et 139 (46%) avaient eu une atteinte d’au moins trois organes.
  • Après ajustement pour l’âge, le genre, le facteur déclenchant suspecté, et une pathologie pulmonaire préexistante, il a été prouvé que les bêta-bloquants, les IEC, les diurétiques ou l’association de plusieurs anti-hypertenseurs entre eux étaient liés à une atteinte d’au moins 3 organes ainsi qu’aux hospitalisations.
  • Le lien statistique ajusté entre l’usage des médicaments anti-hypertenseurs en association et l’atteinte d’au moins 3 organes atteignait un odds ratio de 2,8 (IC95%, 1,5-5,2 ; p=0,0008), et le lien avec l’hospitalisation atteignait un odds radio de 4 (IC95%, 1,9-8,4 ; p=0,0001).

 Conclusion :

  • Chez les sujets souffrant d’anaphylaxie qui arrivaient au service des urgences, l’usage des médicaments anti-hypertenseurs etait associé à une augmentation de l’atteinte de plusieurs organes et à un risque accru d’admission à l’hôpital, indépendamment de l’âge, du sexe, du facteur déclenchant suspecté ou d’une pathologie pulmonaire préexistante.

Il existe fréquemment une baisse de la tension artérielle dans les réactions anaphylactiques. Les médicaments antihypertenseurs sont susceptibles d’interagir avec la réaction initiale et avec les traitements mis en œuvre. Le but de cette étude était donc d’analyser le lien statistique existant entre la sévérité des réactions anaphylactiques et la prise de ces médicaments.

Les cas d’anaphylaxie enregistrés dans ce service des urgences de la Mayo Clinic (Rochester) étaient analysés en terme de sévérité, avec pour marqueurs de gravité les signes cardio-vasculaire, l’atteinte pluri-organique (plus de 3 systèmes atteints) et l’hospitalisation.

Les prises de médicaments antihypertenseurs étaient notées et leur lien statistique avec les réactions anaphylactiques sévère analysé.

Près de la moitié des patients pris en charge avaient présenté une réaction intéressant au moins trois organes, près de 20% avaient nécessité une hospitalisation, et près de 20% avaient présenté des signes cardio-vasculaires.

Les patients qui prenaient un bêta-bloquant, un IEC, un diurétique ou une association de plusieurs antihypertenseurs voyaient leur risque d’atteinte pluri-organique multiplié par 3, et leur risque d’être hospitalisé multiplié par 4.

Les mécanismes pathogéniques ne sont qu’évoqués : blocage par les médicaments des systèmes de compensation physiologiques du patient, interférence avec les traitements de l’anaphylaxie...

Cette étude est donc très intéressante car elle débouche sur des conduites à tenir tout à fait concrètes. Ainsi il était déjà connu que les patients sous IEC ou bêta-bloquants étaient plutôt moins bons répondeurs à l’adrénaline administrée en cas d’anaphylaxie. D’après cette étude, il faut se méfier de tous les antihypertenseurs, y compris les diurétiques, et bien sûr les associations.

Les sujets pris en charge pour anaphylaxie étant déjà traités pour une HTA doivent faire l’objet d’une surveillance plus étroite. Parallèlement, les patients allergiques susceptibles de présenter des réactions anaphylactiques doivent être accompagnés et éduqués pour une prévention efficace des réactions et une prise en charge adaptée.

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