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Traiter le mal par le mal ?
jeudi 12 décembre 2013, par
300 mg d’aspirine par jour sont efficaces pour traiter les pathologies respiratoires exacerbées par l’aspirine. : S. Comert1,*, E. Celebioglu1, T. Yucel2, T. Erdogan1, G. Karakaya1, M. Onerci2, A. F. Kalyoncu1
dans Allergy
Volume 68, Issue 11, pages 1443–1451, November 2013
– Contexte :
- Une désensibilisation à l’aspirine en administrant des doses supérieures à 1300 mg/j améliore l’évolution des pathologies respiratoires exacerbées par l’aspirine.
- Le but de cette étude est d’évaluer l’efficacité d’un traitement par 300 mg/j d’aspirine chez ces patients.
– Méthodes :
- L’étude a inclus 40 patients présentant une pathologie respiratoire exacerbée par l’aspirine et traités par 300 mg/j d’aspirine entre décembre 2005 et décembre 2012.
- Les modifications par rapport au niveau de base sont étudiées à 1 an et 3 ans de suivi.
– Résultats :
- Parmi les 40 patients inclus, 24 (60%) était des femmes ; l’âge moyen est de 45 ans (40-51).
- La durée moyenne de la prise d’aspirine est de 31,5 mois (10,5-48,5).
- Au total, 29 patients continuaient à se traiter pendant au moins un an et 18 patients pendant au moins 3 ans.
- L’utilisation annuelle de corticoïdes par voie systémique, les épisodes de sinusite et les chirurgies étaient plus bas à 1 an (p= 0.002, p=0.01 et p<0.001 respectivement) et à 3 ans (p=0.001, p=0.03 et p=0.002 respectivement).
- Il a été observé une amélioration significative dans le score de congestion nasale (p=0.01) et dans le score d’odorat (p=0.05) à un an et dans le score de drainage postérieur (p=0.01) à 3 ans.
– Conclusion :
- Un traitement quotidien par 300 mg d’aspirine a des effets bénéfiques chez des patients ayant des pathologies respiratoires s’aggravant sous aspirine, en particulier dans le contrôle des voies aériennes supérieures.
Cette étude turque parue dans Allergy s’intéresse à l’efficacité d’une désensibilisation ou induction de tolérance à l’aspirine chez des patients qui présentent une pathologie respiratoire avec exacerbation à l’aspirine.
Les auteurs ont sélectionné 40 patients présentant une pathologie respiratoire avec exacerbation à l’aspirine et ont cherché l’efficacité d’une administration quotidienne de 300 mg d’aspirine sur les symptômes respiratoires.
Les symptômes sont surtout des symptômes ORL et il n’y a, a priori, pas d’asthme induit par l’aspirine (entrant dans le cadre d’un syndrome de Widal). Les patients prenaient en moyenne pendant au moins un an de l’aspirine. La moyenne de durée de prise était de 31 mois soit 2 ans et demi. Les patients (qui étaient préférentiellement des femmes) avaient une amélioration de leurs symptômes ORL à 1 an et à 3 ans.
L’échantillon malheureusement est de petite taille et hétérogène ; l’étude a eu lieu sur 7 ans. Malgré ces biais, il semble que l’administration quotidienne d’aspirine dans cette population permet une diminution des symptômes. S’agit-il d’une vraie désensibilisation ou d’une induction de tolérance ? Les résultats sont-ils retrouvés après l’arrêt de la prise d’aspirine ou bien peut-il y avoir un rebond ?
Il s’agit d’un sujet intéressant mais je ne pense pas que cette étude soit suffisante pour encourager les patients à consommer quotidiennement de l’aspirine (d’autant plus qu’il s’agit d’un médicament loin d’être dénué d’effets secondaires !!) en vue d’une diminution de leurs symptômes. Par contre elle pourrait permettre de débuter une étude multicentrique pour répondre à cette question : faut-il traiter le mal par le mal ?
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