Qui sont les asthmatiques exacerbateurs fréquents ?

vendredi 28 février 2014 par Dr Cécilia Nocent706 visites

Accueil du site > Maladies > Asthme > Qui sont les asthmatiques exacerbateurs fréquents ?

Qui sont les asthmatiques exacerbateurs fréquents ?

Qui sont les asthmatiques exacerbateurs fréquents ?

vendredi 28 février 2014, par Dr Cécilia Nocent

Exacerbateurs fréquents – un phénotype distinct d’asthme sévère. : M. Kupczyk , A. ten Brinke , P. J. Sterk , E. H. Bel , A. Papi , P. Chanez , E. Nizankowska-Mogilnicka , M. Gjomarkaj , M. Gaga , G. Brusselle , B. Dahlén , S.-E. Dahlén and on behalf of the BIOAIR investigators .

dans Clinical & Experimental Allergy, 2014 (44) 212–221.

 Contexte :

  • Les exacerbations sont une source majeure de morbidité et de mortalité dans l’asthme et représentent un facteur important de mauvais contrôle et de difficulté à traiter la maladie.

 Objectif :

  • Le but de cette étude était de fournir des caractéristiques détaillées du phénotype des exacerbateurs fréquents et d’identifier les facteurs de risque associés à des exacerbations fréquentes et saisonnières.

 Méthodes :

  • 93 asthmatiques sévères (AS) et 76 asthmatiques modérés (AM) ont été recrutés et suivis prospectivement pendant 1 an (NCT00555607).
  • L’histoire médicale, les caractéristiques de base et les biomarqueurs ont été utilisés pour évaluer les facteurs de risque d’exacerbations fréquentes.

 Résultats :

  • Pendant l’étude, 104 exacerbations ont été enregistrées dans le groupe AS et 18 dans le groupe AM.
  • Les exacerbateurs fréquents étaient caractérisés par l’utilisation quotidienne de doses plus importantes de glucocorticoïdes inhalés (1700 vs 800 µg) et oraux (6.7 vs 1.7 mg), par un plus mauvais score de contrôle de l’asthme (score ACQ : 2.3 vs 1.4), une moins bonne qualité de vie (score SGRQ : 48.5 vs 33.3), une éosinophilie dans les crachats plus importante (25.7% vs 8.2%) et un déclin plus rapide du rapport VEMS/CVF (-0.07 vs -0.001, p<0.05).
  • Une fraction de NO exhalée > 45 ppb et une histoire de tabagisme étaient associées à une augmentation du risque d’exacerbations fréquentes (OR : 4.32 et 2.9 respectivement).

 Conclusion et intérêt clinique :

  • Les auteurs distinguent et décrivent les caractéristiques d’un subphénotype d’asthmatiques : les exacerbateurs fréquents qui (par définition) sont enclins à faire plus d’exacerbations.
  • Les patients avec une FENO> 45 ppb et avec une histoire de tabagisme ont un risque plus élevé d’exacerbations fréquentes et requièrent une surveillance particulière en pratique clinique.

Il s’agit d’une étude multicentrique européenne faite par tous les « grands noms » de l’asthme, publiée dans « Clinical and experimental allergy » et qui s’intéresse à un phénotype particuliers d’asthmatiques sévères : les exacerbateurs fréquents.

Les auteurs ont comparé 93 asthmatiques sévères à 76 asthmatiques modérés et les ont suivis pendant un an. Ils ont retrouvé un nombre d’exacerbations beaucoup plus important dans le groupe sévère que dans le groupe modéré. Ils ont donc comparé les caractéristiques de ces deux groupes.

Les exacerbateurs fréquents consommaient plus de corticoïdes inhalés et systémiques que les autres, avaient de plus mauvais scores de contrôle de l’asthme, de moins bons scores de qualité de vie ; ils avaient plus d’éosinophiles dans les crachats et un déclin plus rapide de la fonction respiratoire (sur un an).

Les patients fumeurs ou ayant une FENO importante étaient plus susceptibles de faire partie des exacerbateurs fréquents.

Ces données sont intéressantes mais l’on n’est pas surpris que les patients les moins bien contrôlés soient ceux qui reçoivent le plus de corticoïdes inhalés ou oraux, aient les moins bons scores de contrôle de l’asthme et de qualité de vie. Quant aux éosinophiles dans les crachats et la FENO, il s’agit de données non recueillies en pratiques courantes et d’ailleurs non retenues dans les recommandations en cours d’écriture de la prise en charge de l’asthme par la SPLF.

Cependant il existe toujours une difficulté à différencier un asthmatique sévère et mal contrôlé malgré un traitement bien conduit, d’un asthmatique pas forcément sévère mais exacerbateur fréquent car non observant pour son traitement de fond.

En effet, les asthmatiques « abonnés » aux services d’urgence sont considérés comme sévères par les urgentistes mais pas forcément par les pneumologues (quand ils les voient). Parfois un traitement modéré peut permettre à un exacerbateur fréquent de devenir un asthmatique contrôlé.

Dans cette étude il est donc intéressant de voir quels sont les caractéristiques de vrais patients asthmatiques sévères exacerbateurs fréquents.

On peut aussi se demander si ces patients recevaient d’autres traitements comme des anti-IgE et si ces traitements modifiaient la fréquence des exacerbations et le profil d’évolution de l’asthme de ces patients.

Abonnez-vous!

Recevez les actualités chaque mois