Inflammation spécifique chez les fumeurs asthmatiques ?

lundi 31 mars 2014 par Dr Cécilia Nocent458 visites

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Inflammation spécifique chez les fumeurs asthmatiques ?

Inflammation spécifique chez les fumeurs asthmatiques ?

lundi 31 mars 2014, par Dr Cécilia Nocent

Les métabolites de l’acide arachidonique et les transcriptions enzymatiques dans l’asthme sont altérés par la fumée de cigarette. : Thomson NC, Chaudhuri R, Spears M, Messow CM, Jelinsky S, Miele G, Nocka K, Takahashi E, Hilmi OJ, Shepherd MC, Miller DK, McSharry C. Arachidonic acid metabolites and enzyme transcripts in asthma are altered by cigarette smoking.

dans Allergy 2014 ; 69 : 527–536.

 Contexte :

  • Les métabolites de l’acide arachidonique sont impliqués dans la pathogénie de l’asthme mais il n’existe que des informations limitées sur l’impact du tabagisme actif sur ces métabolites.
  • Le but de cette étude est d’examiner l’effet du statut tabagique sur les concentrations urinaires, dans les crachats et dans le plasma d’eicosanoides et de transcripts enzymatiques pertinents dans l’asthme.

 Méthodes :

  • L’étude porte sur 108 asthmatiques fumeurs ou non fumeurs et sur 45 sujets contrôles (fumeurs et non fumeurs).
  • Les auteurs ont mesuré des prostaglandines urinaires (PGDM) et des leucotriènes (LTE4), LTB4, LTE4, PGD2 et PGE2 dans l’expectoration induite, la phospholipase A2 sécrétée dans le plasma (sPLA2) et la 11β prostanglandine F2α (11βPGF2α).
  • Dans le sous-groupe des asthmes sévères, les auteurs ont également dosé les leucocytes dans les voies aériennes et le niveau d’expression de l’ARNm des cellules épithéliales concernant les enzymes du métabolisme de l’acide arachidonique.

 Résultats :

  • Les asthmatiques fumeurs ont des taux plus élevés de LTE4 urinaire (83 vs 59 pg/mg créatinine, p=0.008) et de PGDM (60 vs 41 ng/mg créatinine, p=0.012) et des taux plus bas de PGE2 dans les crachats (80 vs 192 pg/ml, p=0.001) que les asthmatiques n’ayant jamais fumé.
  • Les concentrations de LTB4 dans les crachats (p=0.013) et de 11βPGF2α plasmatiques (p=0.032) sont augmentées respectivement chez les fumeurs asthmatiques en comparaison avec les contrôles fumeurs.
  • Les auteurs ont démontré une augmentation spécifiquement dans l’asthme et chez les fumeurs de la 15- lipoxygénase arachidonique et des résultats de la gamma-glutamyl transférase.

 Conclusions :

  • Plusieurs métabolites de l’acide arachidonique et des transcriptions enzymatiques utilisant les chemins de la lipoxygénase et de la cyclooxygénase sont augmentés chez les fumeurs asthmatiques et cela diffère des asthmatiques non fumeurs.
  • L’étude des voies de la lipoxygénase et de la cyclooxygénase activées spécifiquement chez les asthmatiques fumeurs pourrait constituer une cible afin d’améliorer la réponse thérapeutique.

Cette étude écossaise, sponsorisée par Pfizer et publiée dans Allergy en avril 2014 s’intéresse à l’évolution de l’inflammation chez des asthmatiques fumeurs par rapport à des non fumeurs et compare les résultats à un groupe contrôle fumeur ou non fumeur.

Les auteurs ont recruté 108 asthmatiques comparés à 45 contrôles ; il y avait dans les deux groupes des fumeurs et des non fumeurs.

Ils ont mesuré plusieurs métabolites de la lipoxygénase et de la cyclooxygénase dans les urines, les crachats et le plasma.

Ils ont montré que le profil inflammatoire est différent en fonction du statut tabagique et de la présence ou non d’un asthme.

Chez les fumeurs asthmatiques, les taux de LTE4 urinaire et de PGDM sont plus élevés et les taux de PGE2 dans les crachats plus bas que chez les asthmatiques non fumeurs. De même, le taux de LTB4 dans les crachats est plus élevé chez l’asthmatique fumeur que chez le fumeur non asthmatique.

Les auteurs ont donc prouvé que les marqueurs inflammatoires sont différents chez les asthmatiques en fonction de leur statut tabagique et chez les fumeurs en fonction de la présence ou non d’un asthme. On savait déjà que les fumeurs étaient moins sensibles aux corticoïdes inhalés en relation avec une internalisation des récepteurs dans les voies aériennes. Ce travail pourrait donc déboucher sur des études testant l’efficacité de traitements comme les anti-leucotriènes dans ces différentes populations. L’intérêt serait d’adapter les traitements en fonction du type d’inflammation et d’adapter au mieux les traitements à la physiopathologie. Il s’agit donc d’un sujet à suivre…