Est-ce l’eczéma qui cause le stress ou le contraire ?

lundi 25 mai 2015 par Dr Céline Palussière1333 visites

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Est-ce l’eczéma qui cause le stress ou le contraire ?

Est-ce l’eczéma qui cause le stress ou le contraire ?

lundi 25 mai 2015, par Dr Céline Palussière

Qualité de vie, anxiété, dépression et tendances obsessionnelles-compulsives des patients souffrant d’eczéma chronique des mains. : Kouris, A., Armyra, K., Christodoulou, C., Katoulis, A., Potouridou, I., Tsatovidou, R., Rigopoulos, D. and Kontochristopoulos, G. (2015),

Quality of life, anxiety, depression and obsessive-compulsive tendencies in patients with chronic hand eczema.

dans Contact Dermatitis, 72 : 367–370. doi : 10.1111/cod.12366

 Contexte :

  • L’eczéma chronique des mains est une affection dermatologique fréquente ayant des étiologies multifactorielles.
  • Il a un impact sur les aspects physiques, matériels, sociaux et psychologiques de la vie, et altère donc la qualité de vie liée à l’état de santé.

 Objectifs :

  • Le but de l’étude présente était d’évaluer la qualité de vie, l’anxiété, la dépression et les tendances obsessionnelles-compulsives des patients souffrant d’eczéma chronique des mains.

 Matériels et méthodes :

  • Soixante-et-onze patients ayant un eczéma chronique des mains ont été inclus dans l’étude.
  • La qualité de vie était évaluée selon d’Index de Qualité de Vie en Dermatologie (DLQI).
  • Les patients étaient aussi évalués par rapport à leur anxiété et leur dépression grâce à l’Echelle hospitalière d’anxiété et de dépression (HADS), et par rapport à leur comportement compulsif avec l’Echelle de traits de Leyton.

 Résultats :

  • Le score DLQI était de 11,11+/-1,81 chez les patient ayant un eczéma chronique des mains.
  • Les scores de l’Echelle de traits de Leyton étaient significativement plus élevés que chez les sujets contrôle (p<0,027).
  • En ce qui concerne la sous- échelle de données sur l’anxiété de la HADS, les patients ayant un eczéma chronique des mains avaient des scores statistiques significativement plus élevés que ceux des volontaires sains (p<0,002).
  • En revanche aucune différence significative statistiquement n’était retrouvée entre les deux groupes en ce qui concerne la sous-échelle de dépression de la HADS, ainsi que dans le score total de la HADS.

 Conclusion :

  • Le traitement de l’eczéma des mains devrait prendre en compte la sévérité des lésions cutanées tout autant que l’impact psychologique de l’eczéma des mains.

A l’heure où tout doit être quantifié, mesuré et chiffré, le domaine de la santé se met aussi à utiliser diverses échelles pour prendre en charge les patients.

L’intérêt est de disposer de données un tant soit peu objectives et reproductibles pour évaluer l’impact des pathologies dans la vie des patients, et pour leur suivi dans le temps.

Le revers est le risque d’aborder la santé sur plan mathématique, qui ne peut bien sur pas prendre en compte la complexité de l’humain et de sa pathologie.

Cette étude s’est penchée sur l’impact de l’eczéma chronique des mains sur la qualité de vie des patients et sur son retentissement psychologique, notamment sur le mode de l’anxiété, de la dépression et des comportements obsessionnels-compulsifs. D’où l’usage d’échelles statistiques validées afin de pouvoir quantifier tout ceci.

En ce qui concerne la qualité de vie, l’échelle DLQI est couramment utilisée en dermatologie pour diverses pathologies. Les items, très simples, évaluent l’impact de la maladie dans la vie quotidienne du sujet. Le score sur 30 indique que la pathologie dermatologique a un impact important sur la qualité de vie quand il est supérieur à 10. Dans cette étude sur 71 sujets atteints d’eczéma des mains, le score moyen était de 11.

D’autre échelles statistiques sont utilisées pour évaluer les tendances anxieuses, dépressives ou obsessionnelles des patients souffrant d’eczéma des mains. La question pourrait d’ailleurs se poser de la pré-existence du trait psychologique sur l’eczéma... les patients eux-même notant la plupart du temps des poussées plus fréquentes lorsqu’ils se sentent plus anxieux ou tristes. De même les lavages de mains répétés (compulsifs ?) peuvent être tout bonnement la cause d’un eczéma irritatif...

Mais les échelles statistiques coupent court à ces digressions, les chiffres parlent : quand on a de l’eczéma des mains, on est un peu plus anxieux, mais pas plus déprimé ou obsessionnel.

Cette étude confirme donc l’impact important de l’eczéma chronique des mains dans la qualité de vie des patients, avec parfois un terrain anxieux plus marqué. Elle valide des évidences, quantifie une perception intuitive, et n’apporte au final rien quant à la prise en charge de nos malades. Quantifier, mesurer, cela peut sans doute parfois aider, mais pas à soigner.

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