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Le bouleau, ça peut changer un homme ! ! (en allergique, c’est super...)
jeudi 30 janvier 2003, par
La constatation de tests cutanés positifs vis-à-vis de pneumallergènes - au pollen de bouleau dans cette étude - chez des patients ne présentant pourtant aucun symptôme d’allergie est fréquente en pratique clinique. Faut-il en conclure que ces tests n’ont pas de signification particulière, ou une positivité est-elle prédictive d’une future allergie ?
Sensibilisation cutanée asymptomatique au pollen de bouleau, prédictive du développement ultérieur d’une allergie pollinique chez des adultes : étude avec un suivi à 3 ans. : Bodtger U, Poulsen LK, Malling HJ. Allergy Clinic, National University Hospital. dans J Allergy Clin Immunol 2003 Jan ;111(1):149-54
Les test cutanés par prick représente la méthode d’investigation diagnostique de choix de l’allergologue, mais la sensibilisation cutanée asymptomatique est extrêmement fréquente. Cependant, peu de données dans la littérature décrivent le phénotype clinique des adultes sensibilisés mais asymptomatiques.
– Objectifs de l’étude : Etablir une caractérisation clinique des patients ayant des tests cutanés positifs mais sans symptôme, et établir la valeur prédictive des tests allergiques usuels.
– Méthodes :
* Des adultes asymptomatiques avec des tests cutanés positifs pour le pollen de bouleau (n=15), des patients témoins non atopiques (n=25) et des patients allergiques aux pollens de bouleau (n=6) ont été suivis à l’aide d’un carnet de bord des symptômes quotidiens pendant 3 saisons polliniques de bouleau consécutives.
* A l’inclusion, et lors de la 3° année, des tests de provocation (conjonctival et nasal) ont été réalisés, ainsi qu’une évaluation de la réponse cutanée tardive à l’aide d’une IDR au bouleau, et un dosage des IgE spécifiques.
– Résultats :
* Les patients sensibilisés et asymptomatiques sont définis par un phénotype clinique particulier se situant entre le non atopique et l’allergique en terme de taux d’IgE spécifiques et de réponses au test de provocation conjonctival.
* 60% (n=6 sujets) des patients sensibilisés et asymptomatiques développent une allergie clinique après 3 ans de suivi.
* Ceci est associé à un prick-test initial positif avec un diamètre de la papule > ou = à 4 mm, un test de provocation conjonctival positif et un taux d’IgE spécifiques (CAP) de classe > ou = à 2, en plus de la présence d’autres allergies.
* Un taux d’IgE spécifiques de classe > ou = à 2 (CAP système) a une valeur prédictive d’allergie de 87.5%, alors qu’un test de provocation conjonctival négatif à une valeur prédictive négative de 100%.
* Le test de provocation nasal n’apporte pas d’information complémentaire.
* Il n’y a pas de modification du phénotype clinique chez le non atopique ou chez le patient allergique au bouleau au bilan à 3 ans.
– Conclusions : La sensibilisation cutanée asymptomatique est un facteur de risque de développement ultérieur d’une allergie. Sont à risque les patients ayant un organe cible répondeur, un taux d’IgE spécifiques élevé et/ou un test cutané positif avec un diamètre de la papule > à 4 mm.
Dans cette étude, les auteurs démontrent que chez les patients sensibilisés au pollen de bouleau mais asymptomatiques, un test cutané avec une diamètre de la papule > 4 mm, un taux d’IgE spécifique > classe 2 et un test de provocation spécifique conjonctival positif constituent des facteurs de risque de développement d’une allergie vraie après 3 ans de suivi.
Cette étude est très intéressante et permet de donner une réponse aux interrogations quotidiennes que se posent les allergologues face à des tests positifs mais sans corrélation clinique.
Dans ce travail, la présence d’un test fortement positif avec des IgE significativement positive constituent des facteurs de risque s’il existe un organe cible répondeur (nez, ou yeux dans ce travail).
Ainsi, il faut donc considérer que 60% de ces patients feront ultérieurement une véritable allergie, ce qui correspond aux chiffres déjà avancés dans la littérature sur ce sujet.
Il est probable que cette notion sur les pollens puissent s’étendre à d’autres pneumallergènes comme les acariens, mais des études sur des effectifs plus importants sont nécessaires.
Par contre il est très difficile d’extrapoler ces résultats aux allergènes alimentaires en raison de la possibilité d’allergie croisée qui donnent des résultats faussement positifs dans un certain nombre de cas.
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